Performance
Les ambitions d’une plateforme internationale

Jusqu’à ces dernières années, l’aéroport Roland Garros s’est développé par petites touches, en augmentant progressivement la capacité de ses installations. Au rythme de la croissance du trafic et de l’évolution des flottes commerciales, il s’est doté d’une deuxième piste de 3 200 mètres permettant les vols directs à destination de Paris en 1994, a agrandi son aérogare passagers par étapes successives. Porté par une croissance économique vigoureuse et l’essor du tourisme, son trafic a progressé régulièrement jusqu’au décrochage de 2006, provoqué par la crise sanitaire du chikungunya, qui l’a obligé à revoir à la baisse ses projets d’investissement. La croissance est revenue, moins soutenue qu’auparavant et Roland-Garros a franchi la barre des deux millions de passagers annuels en 2011.
LOGIQUE D’ENTREPRISE
La même année, un changement majeur s’est opéré dans sa gouvernance. Sa gestion, jusqu’alors confiée à la Chambre de Commerce et d’Industrie, a été transférée à une société anonyme dont l’Agence des Participations de l’État détient 60% du capital. Soucieux de rentabilité, l’État actionnaire a fait souffler un vent nouveau, une logique d’entreprise s’est imposée. Le conseil de surveillance a validé une première phase d’investissements de 120 millions d’euros, qui s’est achevée fin 2015. En puisant dans ses fonds propres, en empruntant à la Caisse des Dépôts et en bénéficiant de subventions européennes, nationales et régionales, l’aéroport Roland Garros a pu continuer sa modernisation. Les pistes ont été refaites, une nouvelle extension de l’aérogare, inaugurée mi-2015, a permis d’atténuer l’engorgement des installations aux heures de pointe. La plateforme doit en effet composer avec la concentration des vols long-courriers au départ vers Paris sur une plage horaire restreinte, en début de soirée. Depuis peu, la multiplication des vols de jour, décollant le matin, contribue également à lisser la fréquentation de l’aérogare.
UNE DEUXIÈME PHASE DE TRAVAUX
Une deuxième phase de travaux, qui se poursuivra jusqu’en 2022, est lancée. Plus de 150 millions d’euros sont programmés sur la période pour permettre de financer la construction d’un nouveau bâtiment, dans le prolongement ouest de l’actuelle aérogare passagers. La capacité de l’aéroport Roland Garros atteindra alors 3 à 3,5 millions de passagers annuels, un seuil qu’il devrait franchir à l’horizon 2030. La plateforme doit également faire face à une coûteuse évolution réglementaire, imposée par son statut européen : l’extension des aires de sécurité, à chacune des extrémités de ses deux pistes, avant le 31 décembre 2017. Des subventions sont recherchées afin d’éviter de nouvelles augmentations de redevances.

NOUVELLE OFFRE COMMERCIALE
Un autre chantier, déjà entamé et dont la première phase doit aboutir mi-2017, témoigne des nouvelles ambitions de l’aéroport réunionnais. À la veille de la prochaine haute saison de juillet-août, les passagers au départ se verront proposer un nouveau circuit. Après leur enregistrement, ils gagneront le niveau supérieur du bâtiment pour passer les contrôles de police et de sûreté, avant de redescendre dans la salle d’embarquement. Leur parcours s’en trouvera fluidifié et ils traverseront au passage une zone de duty-free agrandie et découvriront de nouvelles enseignes commerciales et de restauration.
« Roland-Garros ne peut plus se contenter d’être une infrastructure de transport aérien, il doit s’imposer comme un pôle de développement économique », résumait Jean-Paul Noël avant son départ à la retraite fin 2016, après avoir dirigé l’aéroport pendant près de quinze ans, sous les couleurs de la CCI, puis comme président du directoire de la société aéroportuaire.
L’augmentation et la diversification de l’offre commerciale dans l’aérogare participe de cette stratégie : améliorer l’attractivité de la pla-teforme et générer de nouvelles recettes.
UN PROJET DE PÔLE AÉRONAUTIQUE
À terme, Roland Garros souhaite également se doter d’un pôle aéronautique où seront proposées des activités de formation et de maintenance des aéronefs, tout en créant de nouvelles surfaces de commerces et de services au sein du domaine aéroportuaire.
Depuis deux ans, la société aéroportuaire s’investit également, aux côtés de l’organisme de promotion Île de La Réunion Tourisme (IRT), pour convaincre des transporteurs de desservir l’île et d’accompagner l’ouverture de lignes supplémentaires. Même si la Direction Générale de l’Aviation Civile, gendarme des droits de trafic, veille à préserver le pavillon français sur l’axe Métropole-Réunion - où un cinquième acteur, FrenchBlue, est attendu en juin -, la carte des dessertes au départ de Roland Garros va s’enrichir dès cette année : la Chine avec Air Madagascar (en partage de code avec Air Austral) et Toulouse avec XL Airways.
Dans le cadre de la réforme du mode de gestion des grands aéroports régionaux français, votée en 2004, une société aéroportuaire a succédé en juin 2011 à la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion comme concessionnaire de l’aéroport Roland Garros. L’État en est l’actionnaire majoritaire (60%). À ses côtés : la CCI (25%), la Région Réunion (10%) et Sainte-Marie, commune d’implantation de l’aéroport (5%). Christian Assailly, représentant de l’État, préside actuellement son conseil de surveillance. Son directoire se compose de Guillaume Branlat (président), Fabrice Grondin (membre, directeur du développement aéronautique) et Maryvonne Rivière (membre, directrice de l’économie et des finances).
L’aéroport Roland Garros s’est développé sur le site qui avait accueilli le premier atterrissage d’un avion à La Réunion, le 26 novembre 1929. Le Farman de trois aviateurs français, Marcel Goulette, René Marchesseau et Jean-Michel Bourgeois, était parti du Bourget en octobre pour une mémorable traversée. Un champ de canne avait été aménagé à la hâte pour accueillir l’appareil, au lieu-dit Gillot, sur la commune de Sainte-Marie. La desserte aérienne de l’île s’organise à partir de 1946, avec la création d’une première piste et l’arrivée d’Air France. Une première aé-rogare voit le jour en 1951, près de la mer. Les installations sont déplacées de l’autre côté de la piste en 1976. L’aéroport prend le nom de l’aviateur réunionnais Roland Garros en 1994, lors de l’inauguration de la deuxième piste.
2 107 510 passagers (2016)
26 775 tonnes de marchandises (2016)
Chiffre d’affaires : 56 millions d’euros (2015)
Effectif : 277 salariés
Six compagnies aériennes régulières : Air Austral, Air France, Corsair,Air Mauritius, XL Airways et Air Madagascar
Deux pistes de 2 670 mètres et 3 200 mètres
Domaine aéroportuaire : 262 hectares
Parking public : 950 places
Banques d’enregistrement : 28
Salons pour passagers à haute contribution : 3
Postes d’embarquement à passerelles : 4
Postes de stationnement pour les avions gros porteurs : 14
Carrousels de livraison des bagages : 3