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Comores

Les charmes de Moroni entre Orient et Afrique

L’archipel des Comores reste une destination touristique intime et encore trop peu connue. En plus de ses plages de rêve et de la gentillesse de ses habitants, le pays séduit par son mélange harmonieux entre Orient, Afrique et Occident, incarné par sa capitale Moroni.

L’archipel des Comores, ou « Les îles de la lune » de leur nom arabe Djouzrou Al Kamar, se composent de quatre îles : Mohéli, Anjouan, la Grande Comore et Mayotte. Celle-ci, bien que devenue récemment le 101e département français, reste revendiquée par Moroni et demeure un point de discorde entre la France et son ancienne colonie devenue indépendante en 1975.

Si l’archipel des Comores est formé de quatre îles - Mohéli, Anjouan, la Grande Comore et Mayotte – les trois premières seulement forment l’Union des Comores, Mayotte ayant rejeté l’indépendance en 1975 et ayant même adopté en 2011 le statut le département français d’Outre-mer. - Shutterstock/Pavalena

Si l’archipel des Comores est formé de quatre îles – Mohéli, Anjouan, la Grande Comore et Mayotte – les trois premières seulement forment l’Union des Comores, Mayotte ayant rejeté l’indépendance en 1975 et ayant même adopté en 2011 le statut le département français d’Outre-mer. – Shutterstock/Pavalena

C'est dans la Grande Comore, ou Ngazidja en shikomor (variante locale du swahili, la langue vernaculaire de la côte orientale africaine), qu'a été bâtie Moroni. La cité est dominée par l'un des plus grands cratères en activité du monde, le volcan Karthala. Si ses éruptions, jamais meurtrières, sont relativement fréquentes, il peut se gravir et fait la joie des (trop) rares touristes.
Centre administratif et cœur du pouvoir politique, Moroni est une capitale relativement jeune, mais son histoire est liée à trois continents. Ses vestiges remontent aux périodes africaine, arabe, perse et française. De l'arrivée des premiers habitants venus d'Afrique de l'Est à l'arrivée des Chiraziens, originaires de Perse, qui ont participé à l'introduction de l'islam et aux éléments culturels distinctifs (meules, nattes, sièges et portes-coran en bois sculpté), en passant par la colonisation française, les Comores intriguent et fascinent.

Les vestiges remontent aux périodes africaine, arabe, perse et française. - Direction du tourisme Comores

Les vestiges remontent aux périodes africaine, arabe, perse et française. – Direction du tourisme Comores

Construite dans une petite baie, Moroni est devenue un port aux boutres assez actifs. Le sultanat, dont elle faisait partie, avait des relations commerciales avec les principaux ports de la côte est africaine dont Zanzibar. On peut toujours apercevoir des pêcheurs et des constructeurs de « galawas », ces pirogues à balanciers caractéristiques, symbole de l'influence asiatique…

Les pirogues à balancier témoignent de l’influence asiatique sur l’archipel. - DR

Les pirogues à balancier témoignent de l’influence asiatique sur l’archipel. – DR

Comme de nombreuses capitales africaines, Moroni s'est développée en « tâche d'huile », sans projet d'aménagement prédéfini. Pour en découvrir sa richesse, il faut donc déambuler dans ses ruelles typiques bordées de maisons anciennes aux balcons colorés. Ce qui fait le charme de cette ville qui est sans doute l'une des plus pittoresques de notre région.

L'ANCIENNE MOSQUÉE DU VENDREDI, CŒUR DE MORONI

Comme le veut la tradition musulmane, c'est autour de la « Grande mosquée du vendredi » que Moroni a été bâtie. Ce grand édifice religieux domine l'entrée du port. Construit au début du XVe siècle comme en témoigne une inscription dans son mihrab (niche indiquant la direction de la Mecque aux fidèles), son plafond peint et ses imposantes colonnades polygonales en font un joyau architectural.

La « Grande mosquée du vendredi », bâtie au début du XVe siècle, domine l'entrée du port. - Direction du tourisme Comores

La « Grande mosquée du vendredi », bâtie au début du XVe siècle, domine l'entrée du port. – Direction du tourisme Comores

Mais aussi un symbole vibrant de l'islam comorien empreint de tolérance. L’islam est le ciment de la cohésion sociale et nationale d'une population aux origines multiples. Si, en 1998, a été inaugurée une nouvelle mosquée, la « Grande mosquée du vendredi » reste incontournable…

L’islam pratiqué aux Comores, majoritairement sunnite, appartient à l’école juridique châfite et se trouve proche du soufisme en admettant l’existence de guides spirituels et de confréries. - Tourisme Comores

L’islam pratiqué aux Comores, majoritairement sunnite, appartient à l’école juridique châfite et se trouve proche du soufisme en admettant l’existence de guides spirituels et de confréries. – Tourisme Comores

AUTRE ENDROIT À VISITER : LA MÉDINA

Dans la vieille ville, on peut découvrir plusieurs maisons anciennes qui appartenaient autrefois aux sultans de l'île et qui ont conservé leurs portes sculptées d'origine. De nombreuses bijouteries sont tenues par des artisans comoriens d'origine indienne. Fondant de l'or et de l'argent, ils façonnent boucles d'oreilles, bracelets, bagues ou de lourds colliers destinés aux épouses lors des « grands mariages comoriens ». Alors que d'autres travaillent, eux, le corail noir…
Dans la Médina, on peut rencontrer des notables jouant aux cartes, aux dominos ou au M'Raha, jeu traditionnel comorien, sorte de jeu de go, qui implique de la réflexion et de la stratégie.  
Autre curiosité, le marché Volo-Volo. C'est le marché principal de Moroni, situé à 3 kilomètre du centre de Moroni. L’animation y est indescriptible. Les embouteillages permanents. Les taxis de ville y amènent les ménagères, tandis que les taxis-brousse y déversent les commerçants avec leurs paniers débordant de tomates et d'oignons, leurs sac de riz et de manioc ainsi que leurs cageots de poissons ou de viande. Proche de là, on peut profiter du thé comorien, nommé « tchai » (très épicé, par ailleurs), des marchands de brochettes ou de bananes grillées. Les femmes aux voiles chatoyant négocient ferme auprès des marchands. L'odeur des épices de toutes sortes y est enivrante.
Les Comores ont été pendant longtemps l’un des principaux producteurs de vanille (avant la fabrication de sa variante chimique), mais aussi de girofle, de cardamone et surtout d'ylang-ylang dont l'huile essentielle est indispensable à la parfumerie internationale. « Ces produits sont garantis sans pesticides », comme le chantent les marchands de Volo-Volo.
Il est donc fortement recommandé d'acheter ces produits avant de quitter les îles aux parfums. Plus qu'une carte postale, une véritable invitation au voyage…

Moroni vit entre tradition et modernité et ne craint pas, à l’occasion, d’organiser un festival d’arts contemporains.

Moroni vit entre tradition et modernité et ne craint pas, à l’occasion, d’organiser un festival d’arts contemporains.