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Afrique

Les dossiers du président Macron

Le nouveau président hérite de trois lourds dossiers. Si l’anarchie libyenne, legs de Nicolas Sarkozy, n’est pas l’affaire de la seule France, c’est le cas du chaos centrafricain et de l’impasse malienne, héritages de François Hollande.

Le Mali et la RCA sont des créations françaises. Leurs artificielles frontières coupent des peuples parents ou, au contraire, contraignent à la cohabitation des ethnies antagonistes. Des conflits récurrents et résurgents y opposent des populations que tout sépare. Or, depuis des décennies, au nom du mythe du « vivre ensemble », la seule solution proposée par les prédécesseurs du président Macron fut électorale. L’expérience a pourtant montré qu’en Afrique, les élections n’ont jamais traité en profondeur les causes des affrontements car elles n’effacent pas plus les réalités géo-ethnographiques que la pluie les rayures des zèbres. D’autant plus que l’ethno-mathématique électorale confirme à chaque fois la domination démographique, donc démocratique, des plus nombreux. Résultat, comme le feu couve, il se rallume périodiquement ; voilà donc pourquoi nos interventions militaires successives, pourtant couronnées de succès, sont suivies d’autant d’échecs politiques. 
Au Mali, les élections n’ont ainsi pas réglé le problème nord-sud. Tout au contraire, légitimés par le scrutin, les politiciens sudistes ont refusé de prendre véritablement en compte les revendications nordistes. D’ailleurs, pour Bamako, les ennemis ne sont pas tant les islamistes, que combattent les soldats français, que les « séparatistes » Touareg. En RCA, et comme le montrent les massacres qui s’y déroulent actuellement, les élections n’ont pas davantage contribué à la pacification. Comment l’auraient-elles pu quand les ethnies composant la Seleka ne représentant que 5% du corps électoral ? Elles sont ethno-mathématiquement hors du jeu démocratique. En résumé, au Mali, nos armées sont condamnées à rester, afin que les islamistes ne profitent pas des luttes séculaires entre nordistes et sudistes pour se réimplanter. 
En RCA, face à l’incurie des forces de l’ONU, elles risquent d’être contraintes de se réengager. Autant de missions sans fin car, si les forces françaises se retiraient ou n’intervenaient pas, les massacres reprendraient et la France serait mise en accusation. Comme au Rwanda où l’erreur fut d’avoir ordonné le repli de nos troupes au mois de décembre 1993. Si elles étaient restées, le 6 avril 1994, le président Habyarimana n’aurait pas été assassiné et le génocide n’aurait pas eu lieu. Certes, mais le problème politique Hutu-Tutsi n’aurait pas été réglé pour autant… Et l’armée française serait encore à Kigali… dans une autre mission sans fin. Quant au développement, dont le président Macron a parlé lors de son déplacement à Gao, son inutilité a été actée par les faits car tout a déjà été tenté en ce domaine. En vain. La croissance économique (entre 1,4% et 1,6% en 2016), étant inférieure à la croissance démographique (4%), comment prétendre « développer » des Afriques qui, d’ici à 2030, verront leur population passer de 1,2 milliard à 1,7 milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an ? Ce n’est donc pas de démocratie fondée sur le « one man one vote » dont l’Afrique a besoin, mais d’un système de représentation des ethnies qui ne tienne pas compte de leur nombre. Ce n’est pas non plus le « développement » qui doit être prôné, mais un strict contrôle des naissances. Et de cela, le président Macron n’a pas parlé dans son discours de Gao. 
Bernard Lugan