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Madagascar

Tout n’est pas rose pour la crevette malgache

L’« or rose » malgache perd du terrain d’année en année, d’où l’urgence de trouver des solutions pour une meilleure exploitation. Dans cette optique, un nouveau plan directeur de la pêche et de l’aquaculture est en cours d’installation pour la période 2019-2023.

Bien que l’« or rose » malgache n’occupe que 1 % de part de marché mondial, il génère annuellement une soixantaine de millions d’euros de recettes pour 5 800 tonnes de crevettes exportées en 2018. « Malgré une rude concurrence, nous parvenons à maintenir la crevette malgache à un niveau de prix supérieur grâce à sa qualité et à sa réputation, à l’instar des produits emblématiques du pays », commente Claude Brunot, président du Groupement des aquaculteurs et pêcheurs de crevettes à Madagascar (GAPCM). Pour autant, tout n’est pas rose dans la filière, notamment la pêche qui n’a cessé de se dégrader durant les vingt dernières années. 
Si la Grande Île produisait près de 10 000 tonnes de crevettes dans les années 2000, le volume a diminué de moitié en quinze ans. Et si, avec la pratique artisanale, on pouvait auparavant remonter près d’une centaine de kilos en une journée, on peine aujourd’hui à atteindre la moitié de ce volume.

Surexploitation des ressources

De même, la pêche crevettière industrielle qui s’était continuellement développée pour atteindre un maximum de 79 bateaux en 2001, ne compte plus aujourd’hui qu’une flottille de 41 bateaux. Cette période difficile s’explique notamment par la mauvaise gestion et la surexploitation des ressources avec comme conséquences la baisse du rendement de la pêche et la diminution de la taille des captures. La filière n’est aujourd’hui tirée vers le haut que par l’aquaculture, qui se développe et contribue énormément à la production.  Face à cette situation, il est primordial de réorienter la filière « or rose » et tout le secteur en général, car optimiser la valeur et les bénéfices tirés de l’exploitation des ressources halieutiques et aquacoles est vital pour un pays insulaire comme Madagascar. Dans cette optique, un nouveau plan directeur de la pêche et de l’aquaculture visant à promouvoir une exploitation et une valorisation durable des ressources est en cours d’installation par l’État pour la période 2019-2023.
La transparence en matière de concessions de licences, de droits d’accès et d’accords de pêche est préconisée. L’amélioration de la petite pêche non motorisée via la diminution des pertes post-captures, l’établissement d’un système de cogestion des ressources ainsi que l’application stricte des règlementations peuvent également contribuer à la reconstitution durable des stocks. La cogestion, et non seulement une gestion communautaire, engagerait en effet les petits pêcheurs qui devront jouir d’un droit sécurisé de pêche, les industriels et l’administration. Cela permettrait au pays de se mettre en marche vers la consolidation de la pêche crevettière afin de répondre à la Marine Stewardship Council (MSC), la norme internationale exigée pour l’exportation de crevettes.