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Madagascar

Yann Kasay : l’Afrique des lumières

Yann Kasay, CEO de la start-up franco-malgache JiroGasy, vient d’être retenu pour faire partie des trente « Young Leaders » de la French-African Foundation. Ce jeune espoir africain, fabricant de kits solaires « 100 % malgaches », est fermement décidé à jouer sa partition dans l’électrification du continent.

« Je souhaite contribuer à l’électrification en milieu rural, tout en participant au renforcement du tissu industriel local. » Tel est le leitmotiv de ce jeune startuper de 32 ans que la presse française a pu surnommer le « militant malgache », tant sa force de conviction est impressionnante. Cofondateur de JiroGasy, fabricant de kits solaires « vita malagasy » (fabriqués à Madagascar), Yann Kasay figure sur la liste des trente jeunes leaders reconnus par la French-African Foundation pour leur capacité à contribuer à « écrire autrement l’avenir des relations entre la France et l’Afrique ». 
Malgache de père et Français de mère, ce n’est pas tout à fait le fruit du hasard s’il en est venu à s’intéresser aux énergies renouvelables à Madagascar. « Un marché déjà très concurrentiel mais où tout reste à faire », relève-t-il.

Savoir-faire local

Au lieu d’importer des kits d’Asie, dont la qualité laisse parfois à désirer, il a préféré miser sur le tout-local, du prototypage à la production en série. « Nous n’importons que les matières premières. Toutes les pièces, électroniques notamment, sont imprimées avec une imprimante tridimensionnelle que nous avons conçue nous-même, et l’assemblage se fait dans notre atelier ».  Une grande première à Madagascar mais aussi en Afrique. 
Cet ancrage local est un véritable atout concurrentiel pour JiroGasy. « J’ai voyagé à travers toute l’île pour étudier les besoins des Malgaches. Ce qui m’a permis d’imaginer ces kits qui collent parfaitement à la demande locale, chose que les constructeurs de Chine ou d’ailleurs sont incapables d’apporter », relève-t-il, sourire entendu. Sa start-up produit ainsi deux types de kits off-grid (fonctionnant hors réseaux), ceux destinés aux gros appareils (téléviseurs, réfrigérateurs…) et ceux adaptés aux systèmes d’éclairage, moins gourmands en énergie. Et comme Yann Kasay n’est jamais à cours d’inspiration, le voici déjà en train de cogiter sur un kit solaire intelligent qui permettra, avec un même boîtier, de faire fonctionner un téléviseur ou un ordinateur portable tout en satisfaisant l’ensemble des besoins en électricité de la maison. Contre toute attente, c’est en sciences humaines et non comme ingénieur que Yann Kasay a effectué ses études en France. 
Joueur de tennis à haut potentiel, il vit aux États-Unis pendant deux ans pour jouer dans une académie et en profite pour étudier le commerce international. « Ayant un frère électronicien spécialisé dans l’éclairage, j’en suis venu à étudier ce secteur et les opportunités que nous pourrions développer à Madagascar. » Lui qui rêvait de créer sa propre école de tennis en rentrant au pays, le voici sur un tout autre projet, le lancement de JiroGasy.
La start-up part sur les chapeaux de roue, avec une production de 200 kits solaires par mois au bout d’un an, « mais qui pourrait être triplée si la demande s’en faisait sentir ». Déjà, ce sont 100 000 utilisateurs nouveaux qui accèdent chaque année à l’électricité grâce à JiroGasy.
Pour la distribution, Yann Kasay collabore avec des ONG engagées dans l’électrification rurale. Mais l’exportation est une nouvelle étape qu’il espère bientôt franchir, étant déjà en partenariat avec une société au Congo. En plus des lampes Jiro-gasy, la start-up est aujourd’hui sur un projet JiroDesk visant à équiper en ordinateurs solaires des lycées dépourvus d’électricité. Bref, avec un taux de pénétration de l’électricité de l’ordre de 6 % à Madagascar dans les zones rurales (15 % en milieu urbain), Yann Kasay a toutes les raisons de voir grand pour sa petite entreprise.