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Maurice

Agreenculture s’inspire de La Réunion pour créer une filière laitière

Contribuer à l’indépendance alimentaire de Maurice, c’est le défi que veut relever cette entreprise qui devra pour cela faire évoluer les habitudes de consommation qui se concentrent sur le lait en poudre d’importation.

Agreenculture a été créée avec un investissement initial de 390 millions de roupies (près de 10 millions d'euros) réalisé par le fonds Avenport. Et le défi est de taille car l’île produit très peu de lait même si sa production augmente, passant de 3,3 millions de litres en 2008 à 6,5 millions en 2013. Mais cela reste marginal par rapport à une consommation qui s’élève à 120 millions de litres par an. Ce déficit a des conséquences économiques car l’importation de 112 millions de litres de lait représente 3 milliards de roupies (72,8 millions d’euros). Agreenculture veut donc contribuer à l'indépendance alimentaire. Un défi culturel également car il s’agit de redonner le goût du lait frais aux Mauriciens alors que 85% du lait consommé sur l'île est du lait en poudre. Les deux dernières générations de Mauriciens ont été élevées avec ce lait déshydraté.

Un projet ambitieux avec pas moins de 600 vaches de race pure Jersey. - Davidsen Arnachellum
Le cheptel d’Agreenculture est constitué de 600 vaches de race pure Jersey. Une race reconnue pour son lait extrêmement riche (protéines et matières grasses), sa docilité et sa longévité. La production quotidienne de lait s’élève à 3 000 litres par jour, vendus à l’industrie agroalimentaire locale. L’équipement ultra-moderne provient d’Europe et la ferme emploie 38 personnes. Si le management est encore assuré par des étrangers, l'objectif est à moyen terme de déléguer la direction à un personnel local. Le dernier chiffre d'affaires de l’entreprise a atteint 40 millions de roupies (un million d'euros) et les frais fixes ne sont pas encore couverts.

LANCEMENT D’UNE MARQUE LOCALE DE LAIT FRAIS : MIA

Il s’agit donc de progresser en réglant le problème de l’alimentation. En effet, contrairement aux grands pays à tradition laitière, Maurice souffre de la très faible disponibilité de sources de nourriture adéquates. Cela contraint Agreenculture à importer des produits alimentaires sans toutefois être pleinement satisfaite de leur qualité. Actuellement, une bonne part du fourrage est remplacé par des feuilles de canne à sucre fraîches. Mais l'absence de fourrage en quantité et en qualité optimales impacte l'exploitation elle-même.

Hugues Havrez, CEO d'Agreenculture : « L'expérience réunionnaise est un exemple à suivre. » - Davidsen Arnachellum

« Nous devons proposer une alimentation plus énergétique pour produire plus, explique le CEO Hugues Havrez. Sur ce point, l'expérience réunionnaise est un exemple à suivre. »
Si aujourd’hui, la production est revendue à 100% à des industriels locaux, Agreenculture va distribuer en avril, sous sa propre marque MIA, ce lait produit à Maurice. « Nos équipements sont prêts et nous allons d'abord commencer par des marchés niches, haut de gamme, avant d'évoluer vers des marchés de masse. Des discutions avec des chaînes de distribution ont déjà été entamées… À long terme, nous envisageons de distribuer nos produits sur la région. Maurice a une image d’île pure et paradisiaque qui peut amener une vraie plus-value lors de l'exportation de ce type de produit. »