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France

Bonjour dans un monde qui change

Avec le projet du gouvernement français qui consiste à faire passer le nombre de régions de 22 à 14, une opportunité se présente pour La Réunion et pour Mayotte. Celle de créer une grande Région française de l’océan Indien, idée déjà ancienne car lancée par le politologue Julien Freund il y a vingt-cinq ans, puis défendue en son temps par le parlementaire réunionnais André Thien-Ah-Koon. Outre d’importantes économies d’argent public, cela donnerait plus de visibilité à cette France ultramarine qui dispose d’un énorme domaine maritime. Mais on peut douter que les élus réunionnais aient l’audace de défendre ce projet, trop attachés à leur féodalité et pris dans leur nombrilisme insulaire. Pour que ça marche, il faudrait aussi que le gouvernement joue pleinement le jeu d’une coopération décentralisée qui passerait par cette grande région française de l’océan Indien. En tout cas, l’idée a du sens. Mais la démocratie est avant tout un beau fromage qui suscite l’appétit de ceux qui ont le génie de faire croire à l’électeur qu’il détient le pouvoir en glissant un bulletin dans l’urne. Une urne funéraire, pourrait-on dire, puisque dès que sa voix a été enregistrée, il n’a plus vraiment voie au chapitre. Les petits copains et les grands coquins prennent le relais. Dans chacune de nos îles, la politique est un grand folklore… Les alliances politiques qui se font et se défont à Maurice, au jour le jour, en sont une belle illustration et la presse ne fait qu’alimenter le feuilleton pour vendre plus de papier. Mais attention ! Nous vivons dans un monde qui change, un monde difficile à appréhender et il ne faudrait pas passer trop de temps à se regarder le nombril. Si de temps en temps, vous vous branchez sur des sites d’information chinois ou russes plutôt que sur Radio Washington (RFI) ou sur la presse française à pensée unique, vous pourrez constater les changements en cours. Il y a surtout ce rapprochement significatif entre la Chine et la Russie. Il ne serait pas surprenant qu’elles nous concoctent un de ces jours une espèce de « dollar asiatique » qui viendrait faire de l’ombre au dollar américain dont on ne sait pas trop ce qu’il vaut vraiment, à part le papier et l’encre qui le composent, vu qu’il n’est plus amarré à l’or depuis belle lurette. Les épargnants l’ont bien compris et ils préfèrent empiler des lingots dans leur bas de laine plutôt que des billets verts.
Le monde qui change, c’est aussi l’irruption sur la scène économique de nouveaux acteurs comme Patrick Drahi, le patron de Numéricable, qui a avalé SFR et Mobius. À ce sujet, notre dernier numéro nous a valu des félicitations et des attaques. Certains apprécient qu’à propos du MEDEF Réunion, et de ses deux derniers présidents, on dise tout haut ce qu’ils pensent tout bas. D’autres nous accusent d’antisémitisme pour avoir parlé de « l’Israélien Patrick Drahi ». C’est pourtant ce dernier qui a fait savoir au magazine « Challenges » qu’il n’avait pas à figurer dans son classement des principales fortunes françaises parce qu’il avait renoncé à sa nationalité française. C’est d’ailleurs tout à son honneur car, habituellement, les détenteurs d’une double nationalité se gardent bien de faire ce choix. Mais je me demande bien en quoi le fait de le dire serait un signe d’antisémitisme. Nous avons là une preuve de la schizophrénie qui caractérise actuellement la société française ou du moins une certaine intelligentsia et une presse qui courbe l’échine. La police de la pensée et les nouvelles ligues de vertu veillent au respect des nouveaux dogmes, souvent constituées de groupuscules subventionnés. Des groupuscules qui ne représentent pas grand monde, mais arrivent à se faire entendre et à mener un travail de lobbying qui débouche parfois sur de nouvelles lois liberticides. C’est ça, la démocratie !