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Maurice

Comment les normes rendent les entreprises plus compétitives

Pour conquérir de nouveaux marchés, la mise en conformité aux normes internationales se révèle déterminante. Ce fameux sésame est de plus en plus exigé par les donneurs d’ordre et c’est également un visa pour les marchés extérieurs.

« La démarche de normalisation est stratégique car elle participe à la compétitivité et à la performance d'une entreprise en lui permettant de se développer sur son marché et à l'étranger », martèle Jean-Marie Reilhac, responsable Développement qualité & performance du groupe français Afnor et membre du comité de normalisation de l'ISO pour la norme 9001.

Jean-Marie Reilhac, responsable Développement qualité & performance du groupe français Afnor et membre du comité de normalisation de l'ISO pour la norme 9001 : « Le challenge pour les entreprises est d'avoir les bonnes pratiques qui correspondent aux nouvelles exigences économiques. » - Davidsen Arnachellum

Jean-Marie Reilhac, responsable Développement qualité & performance du groupe français Afnor et membre du comité de normalisation de l'ISO pour la norme 9001 : « Le challenge pour les entreprises est d'avoir les bonnes pratiques qui correspondent aux nouvelles exigences économiques. »

Il était récemment à Maurice pour présenter les principales révisions que va connaître, en septembre 2015, la plus connue des normes internationales. Stimulées, au début des années 2000, par les demandes du secteur touristique, les entreprises mauriciennes, qu'elles soient petites ou grandes, intègrent peu à peu l'importance des normes.
« Bien sûr, la démarche de normalisation est assez lourde car elle implique un certain nombre de changements au sein d’une PME. Mais c'est indispensable car ses clients peuvent être partout dans le monde. Une PME n'est pas un grand groupe et se doit de (dé)montrer que son système « qualité » se situe au même niveau qu'une structure plus imposante », précise Jean-Marie Reilhac.
L'Anglais Peter Crack, consultant invité par la filiale mauricienne du géant suisse du secteur SGS (Société générale de surveillance), ajoute : « Lorsque l’entreprise choisit de suivre un processus de normalisation, elle se dote d'un puissant levier pour orienter le marché en faveur des pratiques qu'elle juge préférables. Cela démontre que l'entreprise a la capacité de fournir des produits et/ou des services qui répondent aux exigences légales et réglementaires les plus fortes. »

Peter Crack, consultant anglais venu à Maurice à l’invitation de la SGS (Société générale de surveillance) : « Lorsque l'entreprise choisit de suivre un processus de normalisation, elle se dote d'un puissant levier pour orienter le marché en faveur des pratiques qu'elle juge préférables… » - Davidsen Arnachellum

Peter Crack, consultant anglais venu à Maurice à l’invitation de la SGS (Société générale de surveillance) : « Lorsque l'entreprise choisit de suivre un processus de normalisation, elle se dote d'un puissant levier pour orienter le marché en faveur des pratiques qu'elle juge préférables… »

Par exemple, les normes ont un rôle important dans la sécurité industrielle. Ainsi en est-il de la société « Les Gaz Industriels » (LGI) qui fabrique et vend depuis soixante-deux ans des équipements liés à la soudure, du gaz industriel et du gaz médical sur le marché mauricien. Elle a obtenu en 2005 de SGS sa certification ISO 9001 validant le respect des normes de sécurité et, surtout, de qualité de sa production, de ses installations et de sa distribution. L’oxygène médical doit avoir un indice de pureté supérieur ou égal à 99,5% avant toute distribution sur le marché. LGI vise actuellement le standard ISO 14001 dans le but d’améliorer son impact sur l’environnement. Une certification dont la confirmation est déjà en cours.

LA PRESSION DES DONNEURS D'ORDRE

Terragen, filiale énergétique du groupe mauricien Terra, vient d'obtenir une triple certification AFAQ QSE (Qualité, Sécurité et Environnement) sur les référentiels ISO 9001, ILO OSH 2001 et ISO 14001 pour ses activités de production de vapeur et d’électricité. Son directeur, Jean-Michel Gérard, explique fièrement que « ces certification sont la reconnaissance du travail effectué par toutes nos équipes. Et l'obtention de la certification change tout ! Non seulement en terme de management – tout le personnel s'est impliqué – mais également au plan environnemental et surtout économique : 10 grammes de charbon de moins au kilowatt nous permettent d'économiser des milliers de roupies. »

Jean-Michel Gérard, dirigeant de Terragen, filiale énergétique du groupe mauricien Terra qui vient d'obtenir une triple certification AFAQ QSE (Qualité, Sécurité et Environnement) sur les référentiels ISO 9001, ILO OSH 2001 et ISO 14001 : « L'obtention de la certification change tout. Non seulement en terme de management - tout le personnel s'est impliqué - mais également au plan environnemental et surtout économique : 10 grammes de charbon de moins au kilowatt nous permettent d'économiser des milliers de roupies. » - Davidsen Arnachellum

Jean-Michel Gérard, dirigeant de Terragen, filiale énergétique du groupe mauricien Terra qui vient d'obtenir une triple certification AFAQ QSE (Qualité, Sécurité et Environnement) sur les référentiels ISO 9001, ILO OSH 2001 et ISO 14001 : « L'obtention de la certification change tout. Non seulement en terme de management – tout le personnel s'est impliqué – mais également au plan environnemental et surtout économique : 10 grammes de charbon de moins au kilowatt nous permettent d'économiser des milliers de roupies. »

Il s’agit aussi d’une façon de communiquer et de se forger une image valorisante à l’extérieur de Maurice. « Un groupe ne se définit pas seulement par ses profits, mais aussi par sa politique sociale, souligne Jean-Michel Gérard. Pour Albioma (ex-Séchilienne-Sidec), notre partenaire de l'usine, il s’agit de faire de Terragen une vitrine pour l'export. » Terragen a investi plus de 6,5 millions de roupies (162 090 euros) dans ce processus de certification en 2012-2013 et prévoit d'injecter 17 millions supplémentaires (425 000 euros) entre 2014 et 2018. La vraie plus-value des normes est de pouvoir répondre aux appels d'offres internationaux et de pénétrer les marchés étrangers. D'autant plus que la normalisation n'est pas obligatoire pour le marché mauricien.
Dimitri Schaub, directeur exécutif régional d'Afnor, précise que « les entreprises à l’export font face à des attentes et des demandes de leurs acheteurs qui définissent quelques fois des certifications de systèmes ou spécifiques comme étant des pré-requis. Cela est vécu trop souvent comme des contraintes plutôt que des atouts. Notre objectif est d’amener les entreprises à transformer cette situation en opportunité. »

Dimitri Schaub, directeur exécutif régional d'Afnor : « Les entreprises à l’export font face à des attentes et des demandes de leurs acheteurs qui définissent quelques fois des certifications de systèmes ou spécifiques comme étant des pré-requis. Cela est vécu trop souvent comme des contraintes plutôt que des atouts. Notre objectif est d’amener les entreprises à transformer cette situation en opportunité. » - Gilbert Soobraydoo

Dimitri Schaub, directeur exécutif régional d'Afnor : « Les entreprises à l’export font face à des attentes et des demandes de leurs acheteurs qui définissent quelques fois des certifications de systèmes ou spécifiques comme étant des pré-requis. Cela est vécu trop souvent comme des contraintes plutôt que des atouts. Notre objectif est d’amener les entreprises à transformer cette situation en opportunité. »

Éric Corson, directeur général de Labelling Industries, entreprise évoluant dans l’étiquetage, explique que « la norme BRC-IOP (règle mondiale pour les emballages et matériaux d'emballage – Ndlr) nous tire non seulement vers le haut, mais surtout nous permet de répondre aux appels d'offres régionaux. »

MAURILAIT EN POINTE DANS LES NORMALISATIONS

Autre exemple, celui de l'entreprise Maurilait, filiale du groupe Food and Allied qui fabrique sous franchise des produits Yoplait, Candia et Miko. Elle détient depuis 1995 les certifications en management ISO 9001, en environnement ISO 14001, en hygiène et sécurité des aliments HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) et en sécurité et santé au travail OHSAS 18001. « Il peut être difficile d'admettre qu'on puisse se faire juger lors d’un audit, mais le tout est de comprendre ce qui ne marche pas. Ces normes nous ont contraints à réagir de manière préventive », admet Sonia Vincent-Thomas, manager chargée de la qualité dans l'entreprise. Si les gains de productivité sont difficiles à chiffrer, les entreprises n'en attendent pas moins un bon retour sur investissement. « Les normes nous ont permis de diminuer notre consommation en électricité et en eau, explique
Sonia Vincent-Thomas et, surtout, elles ont fait baisser le nombre de plaintes de nos clients. »

Sonia Vincent-Thomas, chargée de la qualité chez Maurilait : « Les normes nous ont permis de diminuer notre consommation en électricité et en eau et, surtout, elles ont fait baisser le nombre de plaintes de nos clients. » - Davidsen Arnachellum

Sonia Vincent-Thomas, chargée de la qualité chez Maurilait : « Les normes nous ont permis de diminuer notre consommation en électricité et en eau et, surtout, elles ont fait baisser le nombre de plaintes de nos clients. »

Comme le rappelle d’ailleurs Dimitri Schaub, « l’objectif fondamental des certifications est la satisfaction du client, au sens large du terme ». Pour Maurilait, les normes sont un argument de vente et de prestation de service non négligeable. À preuve, à la création de l’entreprise en 1976, 200 tonnes de produits sortaient de son usine, aujourd’hui Maurilait produit plus de 20 000 tonnes de produits laitiers. « Le défi est d’intégrer les éléments des différents référentiels dans notre système de management », souligne Sonia Vincent-Thomas. L’entreprise, qui est déjà leader du marché, continue à « réfléchir à comment s’améliorer ». « Les franchiseurs n’ont eu aucune exigence par rapport à notre démarche. Nous l’avons de nous-mêmes entamée ». Et comme Maurilait possède les quatre référentiels les plus connus, elle peut légitimement avoir des ambitions dans la région. « La prochaine étape est l’agrément CE pour pénétrer d’autres marchés. Toutefois, il s’agit de respecter les limites de territoire et de gammes de produits prescrits par les marques que nous représentons », conclut  Sonia Vincent-Thomas.

DES NORMES POUR CHAQUE SECTEUR

Selon l'ISO (Organisation internationale de normalisation), premier producteur mondial de normes internationales d'application volontaire, une norme est un document qui définit des exigences, des spécifications, des lignes directrices ou des caractéristiques à utiliser systématiquement pour assurer l'aptitude à l'emploi des matériaux, produits, processus et services. L'organisation a élaboré plus de 19 500 normes couvrant presque tous les secteurs du monde économique. Voici un échantillon des plus connues :
– Iso 9000 : management de la qualité
– Iso 14000 : management environnemental
– Iso 22000 : Gestion de la sécurité des denrées alimentaires
– Iso 26000 : Responsabilité sociétale
– Iso 50001 : Management de l'énergie.