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Dipna Gunnoo positionne Maurice comme centre d’arbitrage et de médiation

Cette avocate de 31 ans, admise aux barreaux de Maurice et de Paris, dirige depuis août 2018 le MCCI Arbitration and Mediation Center (MARC). Elle doit l’internationaliser encore davantage, en particulier dans les relations commerciales entre l’Asie et l’Afrique.

Issue de l’école de droit de la Sorbonne, de Sciences Po Paris et de la Columbia Law School de New York, Dipna Gunnoo a optimisé sa double culture francophone et anglophone dans le domaine du droit. Elle a quitté Paris en 2015 pour intégrer l’institution arbitrale LCIA-MIAC (joint-venture entre la LCIA de Londres et la MIAC, entité gouvernementale de Maurice qui a fermé ses portes en 2017). Après une belle expérience dans le cabinet d’avocats PLCJ (département contentieux et arbitrages), elle a intégré la direction du MARC, institution arbitrale créée en 1996 par la Chambre de commerce et d’industrie de Maurice. Cette structure a pour vocation de proposer des règlements à l’amiable en cas de conflits entre entreprises, sans passer par les lourdeurs administratives de l’appareil judiciaire. 
« Contrairement à la justice étatique classique, l’arbitrage commercial impose une obligation de confidentialité dans le cadre du litige, mais permet également la flexibilité, la neutralité et le recours à un arbitre spécialisé dans le domaine juridique du litige en jeu, explique Dipna Gunnoo. Les institutions arbitrales, telles que le MARC, viennent renforcer cette obligation de confidentialité des litiges. Par ailleurs, il faut souligner que l’île Maurice se positionne stratégiquement entre l’Asie et l’Afrique et que son centre financier sécurise déjà des inves-tisseurs asiatiques qui visent le marché africain. » La Head of MARC précise aussi que ce centre d’arbitrage et de médiation fournit des prestations de même niveau qu’en Europe mais à des prix plus abordables.  

Les jeunes avocats sur la brèche

Il faut signaler que Maurice ne compte pas moins de 800 avocats dont certains s’intéressent aux questions de l’arbitrage et de la médiation. « Nous devons montrer que notre système est accessible et sérieux, souligne Dipna Gunnoo. Cela auprès des entreprises mais aussi auprès de mes confrères de la communauté juridique locale, notamment avec le MARC 45 qui est un groupe de réflexion qui réunit une centaine de juristes ayant moins de 45 ans et qui, dans une ambiance conviviale, partagent des idées et des expériences. » En passant par le MARC, des entreprises en conflit peuvent trouver une alternative à la fois souple, rapide et moins onéreuse car basée sur des frais ad valorem, à la différence de la justice classique qui ne connait pas de limite dans les facturations. Un atout de taille pour les PME, qui constituent l’essentiel du tissu entrepreneurial de notre région, et qui renoncent souvent à engager des procédures juridiques face aux lourdeurs, au temps perdu et aux frais importants engagés avant même de commencer toute instruction de dossier. Par ailleurs, le partenariat avec des institutions de référence internationale, comme la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, le cabinet américain White and Case, le Britannique Allen and Overy ou encore le Chinois DaHui, devrait finir de convaincre les plus réticents.
« Ce qu’il faut retenir c’est que nous ne sommes pas là pour juger mais pour valider la qualité des arbitres qui sont nommés par les parties en conflit. Ces arbitres ne sont pas nécessairement des juristes mais peuvent être des experts de l’affaire concernée. »
Dipna Gunnoo est passionnée de plongée, de gastronomie française et d’opéra, autre passion découverte lors de ses études à New York. « En tant qu’étudiante, j’avais droit à des supers tarifs au Metropolitan de New York et j’ai attrapé le virus. »