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Réunion

Disparition du monument politique Paul Vergès



Paul Vergès ressemblait à un personnage de roman. Métis franco-vietnamien, révolutionnaire réunionnais passé dans la clandestinité, accusé du meurtre d’Alexis de Villeneuve, proche de Mao Zedong et d’Hô Chin Minh et, finalement, sénateur de la République française. « Grand timonier » du Parti communiste réunionnais (PCR) créé en 1959 à partir de la fédération réunionnaise du PCF, Paul Vergès s’est imposé comme la grande figure de gauche à La Réunion, durant un longue période où le Parti socialiste n’avait pas voix au chapitre. Tenté un moment par l’indépendance, à l’instar de ses amis révolutionnaires du Mozambique ou d’ailleurs, il a poursuivi sur la voie de la départementalisation dont son père avait été l’un des artisans. En 1946, Raymond Vergès avait vu, en effet, dans le statut de département français le moyen le plus sûr de décoloniser l’île et de lui apporter le progrès social. Les indépendantistes réunionnais – demeurés en marge – ont reproché à Paul Vergès d’avoir poursuivi sur cette voie. On peut même dire que si La Réunion n’est pas devenue indépendante c’est grâce ou à cause (selon les points de vue) de Paul Vergès. Le PCR a canalisé les mécontentements populaires et n’a pas permis l’émergence d’un mouvement indépendantiste. Et Paul Vergès est même devenu sénateur de la République française, élu à plusieurs reprises depuis 1996. Un mandat qui convenait plutôt bien à un homme politique aimant prendre de la hauteur et parler des grands problèmes du monde. En 2011, doyen du Sénat, il préside l’élection du président de cette « chambre haute » et prononce un discours mémorable sur les changements climatiques qui lui vaudra une « standing ovation » des sénateurs. Une fin de carrière en apothéose même si, à La Réunion, ces dernières années ont été plus pénibles avec la chute libre du PCR et le départ de plusieurs vieux compagnons de route.