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Réunion

Fabienne Couapel-Sauret : « l’agence d’urbanisme ne se contente plus d’observer »

La présidente de l’Agorah (Agence pour l’observation de La Réunion, l’aménagement et l’habitat) s’exprime sur les enjeux de sa refondation et sur sa nouvelle impulsion stratégique qui vise une profonde synergie entre l’observation, l’expertise et l’animation.

 

 

L’Agorah connaît depuis 2011 une impulsion politique forte de la part de sa gouvernance. Quels sont les nouveaux fondamentaux de cette agence d’urbanisme ?

Fabienne Couapel-Sauret :

Tout d’abord, je tiens à souligner qu’il s’agit d’une agence partenariale. La Région s’implique avec volontarisme dans cet outil au service des Réunionnais et de leur territoire, mais tout le sens de l’Agorah repose sur un portage complémentaire entre l’État, la Région et le Département. Cette gouvernance devrait d’ailleurs s’ouvrir très prochainement aux EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale – Ndlr) de l’île, grâce à une modification des statuts de l’agence, avant la fin de l’année 2014. En engageant sa refondation en 2011, l’agence a pu réaffirmer son projet politique partenarial et redéfinir les orientations nécessaires à sa mise en œuvre. L’arrivée en mai 2013 de Delphine De Dea, en tant que nouvelle directrice générale, a poursuivi la concrétisation des actions envisagées par les partenaires et permis la définition d’une organisation interne structurée et lisible.
L’Agorah défend ainsi aujourd’hui trois axes stratégiques complémentaires :

  1. – L’observation du territoire en rassemblant des bases de données fiabilisées et actualisées en continu ;
  2. – La production d’expertises thématisées concernant les questions d’environnement, d’habitat et d’urbanisme ;
  3. – L’animation de centres de ressources et de réseaux d’acteurs de l’aménagement du territoire, avec la mise en place dans l’année de conférences et colloques, d’ateliers de réflexion, de clubs inter-acteurs, de publications, de sites Internet…

Ces fondamentaux sont portés par une information géographique de pointe et une plateforme mutualisée (PEIGEO) reconnues, y compris à l’échelle nationale.

Les agences d’urbanisme ont vocation à apporter aux professionnels, une vision stratégique et prospective du développement territorial. Quels sont les observatoires pilotés par l’Agorah qui recensent cette connaissance et quelles seront leurs productions majeures attendues en 2014 ?

Depuis la création de l’Agorah il y a 22 ans, une quarantaine de bases de données ont été développées, en réponse aux différents besoins d’études des partenaires. Aujourd’hui, toutes les informations disponibles à l’agence sont répertoriées, sécurisées dans un serveur et répondent à une nomenclature de classification nationale. Une démarche d’actualisation de toutes les données est également en cours pour permettre, dès 2015, l’annualisation de leurs mises à jour.
Au-delà des recensements de données qu’ils génèrent, les observatoires partenariaux de l’Agorah répondent à une méthodologie dédiée, organisée sous un format de feuille de route et d’instances techniques ou stratégiques de pilotage, réunissant les partenaires plusieurs fois par an. Aujourd’hui, l’Observatoire des risques naturels, l’Observatoire des loyers privés, l’Observatoire des transactions immobilières et foncières et l’Observatoire des zones d’activités économiques suivent ce dispositif. En 2014, ils seront complétés par la création de l’Observatoire réunionnais des déchets, outil technique et pédagogique particulièrement attendu, et soutenu par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie – Ndlr), et par la mise en ligne – via PEIGEO – d’une base permanente des POS (Plans d’occupation des sols – Ndlr) et des PLU (Plan locaux d’urbanisme – Ndlr), produite avec la collaboration des communes et des intercommunalités. En parallèle, l’ancien Observatoire des transports et déplacements devrait également être réactivé, mais sous un nouveau format, axé sur les questions de mobilité et d’accessibilité du territoire.
Enfin, les partenaires ont dernièrement acté la nécessité de valorisation des observatoires de l’Agorah. Il est vrai que jusqu’à présent, les données ne servaient qu’à alimenter des productions d’études. Aussi, dès 2014, l’agence publiera un bilan de ses observatoires, partageant ainsi largement ses connaissances, mais apportant également une analyse croisée sur tous ses domaines d’intervention.

Vous expliquez l’importance de la complémentarité entre les trois axes stratégiques de l’Agorah que sont l’observation, l’expertise et l’animation. Comment l’agence d’urbanisme compte réinvestir l’animation de ses centres de ressources et le réseau d’acteurs dont elle est issue ?

Effectivement, les trois volets « Observation, Expertise et Animation » deviennent des fondamentaux pour l’Agorah qui retrouve les principes intrinsèques aux agences d’urbanisme. En les plaçant en cœur de métier, l’agence dépasse la seule observation du territoire pour l’enrichir de réflexions et d’études. Ce concept ne serait pas complet si ces expertises n’étaient pas partagées et appropriées. Aussi, dans un souci d’information des professionnels, de diffusion des connaissances et surtout d’assimilation des savoir-faire, l’Agorah va développer des rencontres régulières inter-acteurs et des conférences d’experts nationaux et internationaux. Pour soutenir cette démarche de concertation autour des bonnes pratiques de chacun, elle proposera divers supports de communication sous la forme de plaquettes ou de livrets, et modernisera tous les sites qu’elle pilote (agorah.com, peigeo.re, risquesnaturels.re,…).

Ensuite, nous souhaitons mettre en place le concept de « À la croisée des regards sur notre territoire, l’Agorah invite… ». Sur une journée dédiée aux acteurs de la ville, du paysage et du développement durable, mais également aux étudiants pour permettre la création de passerelles entre le monde professionnel et celui de la formation, ainsi qu’aux acteurs de la zone océan Indien, l’Agorah compte proposer à une personnalité de venir exposer et débattre sur son domaine d’expertise. Quel que soit l’intervenant, ce temps d’échanges sera toujours organisé autour d’un même fil rouge :

  • – En matinée, une conférence ouverte le plus largement possible. Elle sera suivie d’une table ronde avec cinq ou six acteurs du territoire, impliqués sur le sujet. L’objet sera de situer l’exposé dans le contexte réunionnais afin d’en apporter conjointement des réponses ou d’identifier de futures idées d’études ;
  • – L’après-midi sera dédié à des ateliers, menés en petits groupes de dix personnes maximum. Une inscription préalable sera nécessaire pour ces « workshops » qui ne dépasseront pas une cinquantaine de participants. Des actes de colloque seront ensuite produits par l’Agorah, faisant l’objet d’une « collection » annuelle.
     
PREMIÈRE PROGRAMMATION POUR LES RENCONTRES DE L’AGORAH

La première édition de « L’Agorah invite… » est prévue d’ici mai 2014 avec l’intervention de Matthias Armengaud, urbaniste d’AWP, agence de reconfiguration territoriale internationale. Il s’agira d’échanger sur le thème des Plans guides urbains comme outils de composition urbaine et sur leur possible transcription à La Réunion. Une seconde session est également en préparation, avec la venue du Comité d’évaluation et de suivi de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) accompagné de l’expert Christophe Noyé. Les questions du renouvellement urbain des quartiers prioritaires et des politiques publiques de l’habitat social devraient ainsi être abordées. L’ouverture et la pluralité des sujets évoqués tout au long de l’année constitueront ainsi la « marque de fabrique » de ces évènements, organisés, animés et portés par l’Agorah. Cette approche créative et innovante témoigne clairement de la nouvelle dynamique que l’agence veut engager.