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France

Il faut en finir avec tous les prélèvements à la source !

Un an et demi après son élection, l’impopularité du président Emmanuel Macron s’est nettement accentuée. Deux Français sur trois ont une mauvaise opinion de son action. Faut-il s’en étonner avec un électorat aussi disparate que celui qui l’a porté au pouvoir en mai 2017 ? Il était impossible de faire plaisir à tout le monde. Sans oublier que  les présidents populaires sont ceux qui ne font rien qui fâche. Surtout pas de réformes remettant en cause les fameux « z’acquis ». 
Mais il y des causes plus profondes à la fréquente impopularité des présidents de la République quels qu’ils soient. La première est le passage au quinquennat qui a jeté le chef de l’État au cœur de la mêlée alors que le septennat le plaçait au-dessus. Auparavant, c’était le premier ministre qui subissait l’impopularité et servait de fusible le cas échéant. Ce qui convenait bien au rôle de monarque que confère au président la Constitution de la Ve République. Un monarque élu au suffrage universel depuis l’élection du 19 décembre 1965. Un monarque avec de vrais pouvoirs de monarque, et même supérieurs à ceux des rois de l’Ancien Régime. 

La France reste divisée

Le seul hic, c’est que l’adhésion populaire n’est pas au rendez-vous. Même le général de Gaulle, qu’on disait très charismatique, n’a été élu en 1965 que par 45,3 % des électeurs inscrits. À vrai dire, à part Jacques Chirac en 2002, aucun président n’a été élu par une majorité d’électeurs inscrits. Le cas de Jacques Chirac est l’exception qui confirme la règle. Alors qu’il avait été élu en 1995 par 39,4 % des électeurs inscrits, il profita en 2002 de la mobilisation contre Jean-Marie Le Pen, qui lui amena des voix de gauche, et atteignit le record de 62 %. Nicolas Sarkozy s’en est tenu à 42,7 % en 2007, très proche du score de François Mitterrand en 1981 (43,2 %). François Hollande n’a fait que 39,1 % en 2012 alors qu’Emmanuel Macron a atteint 43,6% en 2017. En clair, la France reste divisée et ne se reconnaît pas dans son président-monarque. Il semble même que la fracture n’a jamais été aussi forte entre le « pays réel » et le « pays légal ».
Le mécontentement est d’autant plus fort que l’État a assigné aux entreprises un rôle de collecteur de charges sociales et bientôt d’impôt sur le revenu. Tout prélèvement à la source (c’est-à-dire sur les salaires) est pourtant pernicieux. En effet, il ne permet pas au salarié de connaître le montant exact de son salaire ni celui des ponctions lui donnant droit à certains avantages sociaux qui semblent parfois tomber du ciel. 

Les entreprises font le travail de l’État

Le salarié regarde avant tout son salaire net et il le trouve maigre. Pour qu’il comprenne d’où vient cet amaigrissement, il serait mieux de le payer en brut et même en « super brut » (incluant les charges sociales employeur), et qu’il s’acquitte lui-même du paiement des charges. La perception des choses serait complètement différente avec des entreprises mieux considérées et des salariés plus soucieux de voir comment est géré l’argent des cotisations. On est pourtant en train de faire le contraire avec le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Outre les complications que cela entraîne dans un pays qui a déjà le bulletin de paie le plus compliqué au monde, cela donnera l’impression au salarié qui paie de l’impôt que son salaire a baissé. « Salaud de patron ! » 

Libérer les entrepreneurs : le rêve

Voilà où nous en sommes arrivés avec un État qui se mêle de tout mais ne remplit pas correctement ses missions régaliennes. Un État qui a fait de ses entrepreneurs des auxiliaires de la Sécurité Sociale et des Impôts. Le plus étonnant, c’est qu’il existe encore, en France, des entrepreneurs qui se lancent et se développent. Quel courage ! À La Réunion, il en existe aussi et nous leur rendons hommage dans ce numéro à travers le Tecoma Award qui couronne l’élection de l’Entrepreneur de l’année. À voir tout le dynamisme des entrepreneurs malgré les entraves qu’ils subissent, on se dit : « Qu’est-ce que ça serait si demain on libérait l’entreprise ? » Imaginez un coureur dont les jambes sont à moitié ligotées, et il court quand même ! Imaginez maintenant qu’on libère ses jambes ! Le rêve !