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Océan Indien

Le groupe Carpaye investit dans le procédé Calcior pour le traitement des déchets

L’introduction, à La Réunion, d’un procédé innovant de traitement des déchets ménagers peut avoir de fortes répercussions économiques, autant qu’environnementales.

Le procédé Calcior va-t-il solutionner la problématique des déchets à La Réunion et à Mayotte ? Il déclenche, en tout cas, un certain optimisme au sein des collectivités locales. Cela depuis qu’un acteur privé de la collecte des déchets, Nicolas Carpaye, a opté pour l’exploitation du procédé Calcior à La Réunion et dans l’océan Indien. Un procédé qui permet de traiter de façon naturelle les ordures ménagères et les boues et les graisses des stations d’épuration. Sans apport d’énergie, sans incinération, sans émission polluante et sans déchets ultimes, à l’aide d’une réaction physico-chimique et par une adjonction de chaux. C’est à l’ingénieur français Max Dezier que l’on doit, depuis les années 90, cette invention qui peut être qualifiée de révolutionnaire. Elle l’est, sans nul doute, en comparaison du coût d’une usine d’incinération ou de la dépense de foncier que l’on consacre aux solutions d’enfouissement, particulièrement en milieu insulaire (voir le numéro 285 de l’Eco austral). Elle l’est aussi par les multiples utilisations possibles du produit final : en granulats hydrophobes de remblai routier ou de construction, en combustible de cimenterie ou encore en amendement organo-calcique agricole. « J’ai imaginé une réaction physico-chimique complètement nouvelle, témoigne Max Dezier, une véritable innovation permettant de traiter les matières organiques en général. » Il y a six mois, l’inventeur s’est rendu à La Réunion pour signer avec Nicolas Carpaye ce contrat d’exploitation arrêté pour une somme voisine de 6 millions d’euros.

Le groupe Carpaye collecte 100 000 tonnes de déchets à La Réunion

Le groupe Carpaye, par sa structure NCN Investissement, dirigée par Nicolas Carpaye, sera le premier opérateur à déployer le procédé Calcior en territoire français. Cet acteur historique des transports de personnes à La Réunion, qui emploie près de 200 salariés, s’est diversifié dans la collecte, le traitement et la revalorisation des déchets. Nicolas Carpaye préside également la société Sepur-Société-Réunion-propreté-urbaine, depuis le 30 avril 2014, qui avait été créée à La Réunion par un opérateur de la région parisienne, Sepur. Sa collecte annuelle s’élève à 100 000 tonnes de déchets bruts, qui alimentent actuellement des filières de traitement traditionnelles. Malgré 10 années de fonctionnement d’unités pilotes du procédé Calcior en France, aucun décideur, public ou privé, ne s’était encore intéressé à l’exploitation du brevet de Max Dezier, qui a vendu quelques unités à l’étranger. En 2013, c’est une technologie dérivée de celle du Calcior qui a été retenue pour le centre de traitement des déchets ménagers de Lezay, dans les Deux-Sèvres. Le procédé, qui se présente sous le nom d’Oxalor, est mis en œuvre par un ancien partenaire de l’inventeur. Mais un arrêt de juin 2008, de la cour d’appel de Paris, pour lequel Max Dezier a reçu l’assistance de l’avocate Corinne Lepage, ministre de l’Environnement de 1995 à 1997, déboute l’exploitant d’Oxalor, la société Valorom, de ses revendications sur le procédé Calcior.

Un formidable potentiel de développement dans l’océan Indien

En février 2014, la présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, a inauguré l’installation de Lezay, qui a bénéficié d’un soutien financier régional de plus de 2,3 millions d’euros. La structure est gérée par la SEML (Société d’économie mixte locale) du Melusayen, constituée à 51 % de partenaires publics et pour 49 % par les sociétés du groupe Oxalor, dont VPO Environnement pour 23 %. Or, des observateurs locaux signalent que VPO Environnement, trois mois après l’inauguration du centre de traitement, a été placée en redressement judiciaire, le 14 mai 2014. Le directeur général de VPO Environnement, Ovanes Melik-Pashaev, est un citoyen bulgare dont le site internet annonce un projet d’Oxalor de 8 millions d’euros pour la ville de Sofia. Cette accumulation de faits pourrait devenir embarrassante pour la Ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie, qu’est devenue depuis Ségolène Royal. Particulièrement si la défaillance de VPO Environnement devait entraîner l’arrêt de l’usine, ce qui semble le cas aujourd’hui, ou une nouvelle intervention de fonds publics. Avant 2014, Valorom n’avait assuré que le traitement de déchets verts et de boues de STEP, et selon les spécialistes du procédé Calcior, les ultimes ingrédients nécessaires au process ne seraient pas connus de Michel Mazon, le fondateur de Valorom. À La Réunion et à Mayotte, Nicolas Carpaye, qui se positionne pour une exclusivité d’exploitation du procédé Calcior dans l’Océan Indien, semble avoir désormais de formidables atouts de développement.