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Madagascar

L’élevage à la recherche d’un nouvel élan

Face aux défis à relever dans le secteur de l’élevage, les opérateurs issus du privé, du public ainsi que les partenaires techniques et financiers se mobilisent pour établir une nouvelle stratégie nationale de développement.

« Madagascar doit devenir autonome en termes de production animale, car le développementde l’élevage va de pair avec l’autosuffisance alimentaire. » C’est précisément pour redresser et redynamiser ce secteur largement en crise que 350 acteurs publics et privés opérant à tous les niveaux de la chaîne de valeur, se sont mobilisés en vue d’élaborer une nouvelle stratégie de développement intégré de l’élevage à Madagascar. Une filière embourbée dans des problèmes aussi récurrents que le manque d’appui à la production, les problèmes fonciers, les conflits fréquents entre agriculteurs et éleveurs ou encore l’insécurité avec la recrudescence des vols de bovidés.
« Notre retard s’explique autant par la faiblesse du pouvoir d’achat que par l’incapacité des produits d’élevage à satisfaire la demande locale », considère Rivo Andriamanalina, président de la Commission agriculture et élevage au sein du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM). 

Besoin d’une vision claire

Le pays est clairement en situation de sous-consommation carnée puisqu’un Malgache ne consomme en moyenne que 5 kg de viandes de boeuf et de porc, 2 kg de poulet, 20 oeufs et 5 litres de lait par an. Des chiffres en dessous de la moyenne africaine, estimée à près de 25 litres de lait, 100 oeufs et jusqu’à 15 kg de poulet par habitant et par an, et bien inférieurs à la moyenne mondiale de consommation de viande qui est de 42 kg par habitant et par an.
Principal frein au développement, l’activité dépend pour l’essentiel de provendes, vitamines et acides aminés issus du marché international et donc liés aux cours des devises. La production locale de maïs, matière de base de la fabrication des mélanges alimentaires destinés aux animaux d’élevage, reste en effet notoirement insuffisante. « L’élaboration d’une stratégie nationale est donc impérative car le secteur a besoin d’une vision claire. » Par exemple, le taux de consommation de protéines animales doit être amené au niveau de la moyenne africaine, ce qui stimulera d’autant la production. Le Groupement des entreprises de Madagascar estime que pour y arriver, il est impératif de produire localement au moins un million de tonnes de provendes par an, soit 500 000 tonnes de maïs représentant la mise en exploitation d’environ 330 000 hectares à travers le pays. Un objectif quinquennal que doivent accompagner la création d’emplois par le renforcement de partenariats public-privé et la mise en place d’une banque de développement rural capable de financer 80 % des projets du secteur privé dans l’élevage.

Plus d’actions efficaces

De son côté, le secteur public souhaite mettre l’accent sur l’élevage semi-industriel en facilitant, pour tous les opérateurs, l’accès aux intrants, matières premières et matériels agricoles. Le ministère de tutelle affirme d’ailleurs ne pas ménager ses efforts pour amener le secteur privé à investir davantage dans l’élevage et à appuyer les petits exploitants familiaux. Outre le projet d’enclos communs, une nouvelle vague d’importations de vaches laitières et de petits ruminants est prévue pour le mois de février 2022 afin d’améliorer la qualité des bêtes élevées dans le pays.
En ce qui concerne les partenaires techniques et financiers, Marcelle Ayo, Country Manager (responsable pays) de la Société financière internationale (IFC), une branche de la Banque mondiale, explique que leurs actions tournent autour de trois axes : l’identification et la traçabilité, la reconstitution du cheptel et l’intégration des chaînes de valeur. La nouvelle stratégie nationale devra être finalisée au premier trimestre 2022.