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Réunion

Les Compagnons du devoir : une formation d’excellence en alternance

Fondé sur le métier, la communauté et le voyage, le compagnonnage a traversé les siècles et a été précurseur dans la formation professionnelle. Le mouvement est particulièrement impliqué dans la réforme de l’apprentissage.

La Réunion ne dispose pas de centre de formation pour les Compagnons du devoir, mais elle accueille depuis une vingtaine d'années des jeunes aspirants en formation, pendant leur tour de France. « Nous avons trois lieux d'accueil, à Saint-Denis, à La Possession et à Saint-Pierre et une quinzaine d'entreprises partenaires. Environ 25 jeunes de 18 à 25 ans, tous métiers confondus, font étape ici pendant un an. Notre but est aussi de favoriser le départ de jeunes Réunionnais en Métropole et nous opérons des actions de recrutement régulières, notamment avec le CNARM et Pôle Emploi », explique Rodolphe Michel, compagnon serrurier-métallier et provincial de La Réunion, le représentant légal de l'association des Compagnons du devoir et du tour de France. Et d'indiquer : « En 2017, 25 jeunes sont partis. Mais nous aimerions pouvoir les accueillir une première année en formation ici, sur l'île, pour qu'ils découvrent le métier et l'esprit du compagnonnage avant de se lancer. »
Il existe deux autres mouvements, l’Union compagnonnique des Compagnons du tour de France des devoirs unis et La Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment, qui forment des femmes (depuis 2004 seulement) et des hommes à trente métiers dont une dizaine représentés dans le département : menuisier, charpentier, ébéniste, boulanger-pâtissier, serrurier, métallier, couvreur, tapissier, maçon, chaudronnier. 

La transmission à l'heure du numérique

Le compagnon est avant tout un professionnel qui a reçu un enseignement technique et moral au sens large du terme, c’est-à-dire l’apprentissage d’une éthique par le voyage, le tour de France. « J'apprends mon métier de la meilleure des façons », estime Alex Regnier, 23 ans, aspirant et ouvrier ébéniste, à La Réunion depuis septembre 2017. « C'est la quatrième année de mon tour de France, après avoir sillonné Bordeaux, Metz, Cogolin, et Clermont-Ferrand. J'avais eu des échos très positifs sur La Réunion que je souhaitais découvrir. Chez les compagnons, il y a beaucoup de rencontres, de fraternité. Humainement, c'est très enrichissant », confie le jeune homme originaire de Montauban, titulaire d'un BTM (brevet technique des métiers) Ébénisterie, qui a préféré choisir un métier manuel après un bac littéraire.
Il est ouvrier au sein de l'entreprise du compagnon Claude Mottais, Les ateliers d'Armor, à La Possession, et réalise des travaux de menuiserie (aménagement intérieur). « Les métiers et techniques évoluent, tout comme nos méthodes d'enseignement. Le numérique a révolutionné les approches. Nous travaillons de moins en moins à la main et de plus en plus avec les machines », note Rodolphe Michel qui espère voir dans la réforme de l'apprentissage une évolution des mentalités. « On considère bien trop souvent les formations aux métiers techniques comme des voies de garage, alors qu'on peut très bien vivre d'un métier manuel : 90 % des compagnons ont des grandes responsabilités au sein d'une entreprise ou sont à leur compte. »

DES PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA FORMATION PRATIQUE
Regroupant 10 800 adhérents (compagnons et aspirants), l'association ouvrière des Compagnons du devoir et du tour de France est le seul mouvement compagnonnique à collecter la taxe d'apprentissage ; il forme des jeunes de 15 à 25 ans, à partir de la 3e, en alternance. Dans la réforme à venir, l'association appelle de ses vœux l'ouverture sur l'Europe qui facilitera la mobilité des apprentis (elle compte 185 points de passage dans le monde) et que l'entreprise devienne la véritable organisation apprenante.