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Maurice

L’ESSEC s’intéresse aux bacheliers de l’océan Indien et d’Afrique

La « Business School » française, via son antenne de Maurice, va proposer à partir de septembre 2017 son « Global BBA » (Bachelor in Business Administration), un programme post bac de quatre ans. Entretien avec Martine Bronner, doyenne du campus ESSEC Asia-Pacific…



L’Eco austral : Après avoir proposé en 2012 un cursus de formation continue – le « General Management Program » – vous visez cette fois les bacheliers de l’océan Indien et de l’Afrique avec ce « Bachelor in Business Administration » (BBA). Est-ce un produit sur-mesure ?  
Martine Bronner : Ce BBA vise à préparer les étudiants au monde des affaires dans des environnements divers et complexes, à travers une solide formation académique, une expérience professionnelle intégrée de dix à seize mois et une immersion à l’international d’au minimum six mois. Nous mettons un fort accent sur l’apprentissage des langues étrangères puisque trois langues, dont le français, sont obligatoires. Pour les non francophones, il est possible de rentrer sans maîtriser notre langue ; en revanche, quand il en sort, l’étudiant a au moins un niveau de base en français.`

Concrètement, comment vont s’organiser ces quatre ans d’études ?
Les étudiants de l’ESSEC Global BBA qui choisissent de débuter leur scolarité à Maurice passeront leurs deux premières années sur le campus de Médine. Lors de leurs 3ème et 4ème année, ils étudieront au minimum un semestre sur le campus de Cergy (France). Puis ils effectueront six mois de stage décisionnel et six mois d’échange académique international (voire douze mois s’ils sont sélectionnés dans l’un des sept doubles diplômes) dans l’une des universités partenaires de l’ESSEC. 

Cette dimension internationale semble primordiale ?
Effectivement. Pour notre BBA lancé en 2015 à Singapour, nous avions pour cette première promotion 60% de Français, recrutés via le concours Sésame, et 40% d’étudiants d’autres nationalités. Pour la deuxième promotion, en 2016, nous avons doublé le nombre d’étudiants recrutés et la proportion entre étudiants français et étrangers s’est inversée. L’idée pour Maurice et le Maroc, où nous venons de nous installer, est d’avoir cette proportion de 60% d’étudiants non français et de 30% à 40% de Français. Cette formule, qui combine études de haut niveau, immersion dans le monde du travail et expérience internationale, séduit puisque, selon nos enquêtes, plus de 80% des étudiants trouvent un travail en moins de quatre mois.
 
Quel est le lien avec le « General Management Program » que vous proposez déjà à Maurice ? 
Le « General Management Program » est un programme « Executif », il s’adresse à des managers qui sont déjà en poste et qui ont besoin d’une remise à niveau. Si les cibles sont différentes, elles s’inscrivent dans les trois fondamentaux de l’ESSEC, la formation des étudiants, la formation des managers et la recherche académique. L’idée est de proposer progressivement à Maurice, à l’exemple de Singapour, d’autres programmes académiques correspondant aux besoins locaux et régionaux. On peut imaginer d’introduire un programme en Finance ou en « Hospitality Management »…

Quel est votre objectif pour la première année ?
Nous prévoyons de recruter pour la première année une quarantaine d’étudiants et de doubler cet effectif chaque année. Un objectif réaliste puisque nous visons une vaste zone géographique composée de Maurice, de La Réunion, de Madagascar et des Seychelles, mais aussi des pays d’Afrique australe et probablement d’Inde.  

Qu’en est-il des équipes enseignantes ?
Nous avons 145 enseignants à l’ESSEC. En fonction des différents cours que nous allons proposer, nous allons faire intervenir à Maurice les meilleurs professeurs de Paris et de Singapour. Et pour prendre en compte les réalités du terrain et les questions culturelles, nous ferons appel à des enseignants locaux. Pour être au plus près de la réalité, et selon notre tradition, nous pourrons aussi nous adresser à des professionnels experts. Par exemple, si nous faisons un cours sur le commerce international, nous pouvons très bien faire intervenir le directeur des Douanes. Il s’agit, encore une fois, de favoriser la complémentarité entre l’excellence académique et l’apport professionnel. 

Cedomir Nestorovic, professeur à l’ESSEC, donnera un cours sur la géopolitique africaine. Davidsen Arnachellum
Cedomir Nestorovic, professeur à l’ESSEC, donnera un cours sur la géopolitique africaine. Davidsen Arnachellum

LA GÉOPOLITIQUE AU SERVICE DU MARKETING
Parmi les formations du « Bachelor in Business Administration » (BBA) figure la géopolitique. Une matière nécessaire, selon Cedomir Nestorovic, professeur à l’ESSEC et auteur du livre « Marketing en environnement islamique » (Dunod, 2009). « Dans cet ouvrage, j’essaie de démontrer que si les marchés dits musulmans figurent parmi les plus dynamiques et représentent donc une opportunité considérable pour les entreprises, l’islam représente un défi pour les marketeurs en établissant des règles strictes qui peuvent influencer le comportement des consommateurs ». À Maurice, le cours de Cedomir Nestorovic portera sur la géopolitique africaine. « J’essaierai de donner des clés de compréhension ‘braudelienne’, de longue durée, des problématiques africaines. » Le professeur de l’ESSEC fait ainsi référence au célèbre historien français Fernand Braudel, fondateur de l’École dite des annales. « Mon but est de démontrer les possibilités d’application des stratégies et techniques marketing pour les entreprises évoluant en Afrique, en tenant compte de faits non économiques. »