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Réunion

« Nous voulons alerter la ministre de la Santé sur les besoins de la Réunion et de Mayotte »

La directrice générale du groupe de cliniques Les Flamboyants est engagée dans le combat que mène la Fédération de l’hospitalisation privée pour la survie d’un secteur étranglé par des baisses tarifaires. Et alors que les soins dans le secteur public coûtent plus cher.



L’Eco austral : La réforme de la Santé a-t-elle beaucoup d’impact sur vos activités à La Réunion ?

Aude d’Abbadie-Savalli : Je suis présidente depuis un an et demi de la Fédération de l’hospitalisation privée pour l’océan Indien. Nous avons invité, les 3 et 4 octobre, le docteur Olivier Véran qui est missionné par le ministère de la Santé pour analyser la réforme tarifaire. Les établissements privés de soins de suite et de réadaptation ont subi une baisse de 6,5% de leurs tarifs depuis 2013. Ce qui nous place au-dessous du seuil de rentabilité et nous n’avons pu progresser que par la création de nouvelles activités. De nouvelles baisses sont annoncées et nous sommes dans le flou le plus complet, n’ayant aucune maquette de travail. Nous voulons attirer l’attention sur les besoins de La Réunion, supérieurs à ceux de la Métropole, sur ses contraintes socio-économiques et insulaires et sur la situation de Mayotte. Nous travaillons avec l’Agence régionale de Santé qui sait que le secteur public ne pourra pas faire ce que nous faisons. En psychiatrie, nous sommes de trois à cinq fois moins chers que le secteur public. Nous pouvons travailler sur une complémentarité pour  répartir intelligemment la prise en charge des patients. Cela pourrait inclure la revalorisation de certaines activités, comme l’accueil spécifique des jeunes adultes que nous avons développé. 

Comment se structure la collaboration public-privé à La Réunion ? 

Contrairement aux idées reçues, l’hôpital privé à des coûts plus faibles. L’hôpital public est en difficulté pour réaliser certains projets car ils deviennent trop chers. La majoration des salaires de 42% dans le public, par rapport à la Métropole, nous met en difficulté pour conserver nos compétences et nous faisons face à un important turnover. La ministre de la Santé demande la mise en place de Groupements hospitaliers du territoire. Ici, la médecine s’est développée sur un mode libéral et nous voulons montrer que nous sommes déjà bien organisés. Nous avons de petits établissements, proches du territoire, et nous travaillons avec les médecins libéraux. Nous sommes les seuls, en France, à mettre en place des collaborations public-privé. Car il y a des parcours de soin regroupant différents acteurs : publics, privés et associatifs. Les groupes de santé privés sont familiaux et régionaux et sont les mieux positionnés pour l’équilibre du territoire. Basculer des filières de soin uniquement dans le public serait catastrophique en termes de coûts. D’autre part, affaiblir l’hôpital privé peut ouvrir la porte à des groupes qui seraient moins concernés par une gestion régionale de la santé. Nous devons rester vigilants et nous tentons d’anticiper pour pouvoir être réactifs sur l’évolution de ces deux réformes : les Groupements hospitaliers du territoire et la réforme tarifaire.   

Qu’est-ce qui vous a incitée à rejoindre l’entreprise familiale ?

Après une école de commerce international à Paris, j’ai acquis de l’expérience au Mexique et en Afrique du Sud. Puis je me suis spécialisée dans le marketing commercial de la santé car je me suis rendu compte de ma sensibilité à ces valeurs familiales. J’ai la fibre entrepreneuriale de mon père et je voulais créer ma propre activité. Lorsque mes parents m’ont sollicitée, j’ai pris conscience de l’importance de leur action pour La Réunion. Leur travail en équipe qui valorise les compétences de chacun. J’ai rejoint cette dynamique en 2011 pour le marketing commercial de la stratégie du groupe. Je me suis impliquée dans la certification ISO 19001, travaillant avec tous les secteurs de l’entreprise. Et en tant que directrice générale adjointe, dès 2013, dans tous les projets de développement qui se concrétisent maintenant. En 2015, je me suis formée en alternance à Montpellier pour conforter mes compétences juridiques et j’ai pris la direction générale des trois structures en mars 2016. Je travaille à faire reconnaître des orientations que l’Agence régionale de Santé pourrait inscrire dans le Schéma régional d’orientation des soins, puis dans des appels à projets. En anticipant les besoins sanitaires en fonction de la démographie et d’une vision globale. Nous essayons de prendre de la hauteur et de travailler avec d’autres partenaires en recherche d’innovation et d’efficience. Nous pensons, notamment, à une autre unité de rééducation fonctionnelle dans le Sud et à une offre pour les affections du système nerveux et des appareils locomoteurs. Nous réfléchissons aux besoins en psychiatrie dans l’Est. Et à un projet de Maison de la Santé pluridisciplinaire, au Port, avec un positionnement de santé mentale, pour attirer de nouvelles compétences.