Eco Austral

Découvrez tous nos articles en illimité. Je m’abonne

Logo Eco Austral
n

Eco Austral

Maurice

Opération séduction pour Hery Rajaonarimampianina

Invité d’honneur des cérémonies qui ont marqué le 48e anniversaire de l’indépendance de Maurice, le président malgache a placé son voyage sous le signe de l’économie, participant à un forum des affaires qui a attiré de nombreuses entreprises mauriciennes.



« L’avantage, c’est que vous connaissez Madagascar. » S’adressant aux entrepreneurs mauriciens, Hery Raaonarimampianina s’est voulu rassurant, énumérant les différentes élections qu’a connues récemment la Grande île et qui n’ont pas suscité de troubles. Il est vrai que des acteurs importants de l’économie mauricienne sont ancrés dans la Grande île depuis des décennies, traversant les différentes crises sans baisser les bras. C’est le cas du groupe CIEL qui opère depuis trente ans dans le textile. « Quelque 35 % de notre chiffre d’affaires dans ce secteur (225 millions d’euros) provient de nos usines installées à Madagascar, souligne Arnaud Dalais, le président du groupe. Cette présence nous a permis de constituer un vrai pôle compétitif capable de rivaliser avec d’autres régions comme la Chine, le sous-continent indien et l’Afrique du Nord. »

LA COMPAGNIE MAURICIENNE DE TEXTILE ANNONCE SON IMPLANTATION DANS LA GRANDE ÎLE

Le groupe Food an Allied, pour sa part, s’y trouve depuis vingt ans. De quoi mettre en place une véritable filière dans la production de poulets, aujourd’hui vendus sous sa marque Chantecler. Une filière qui repose sur un partenariat avec des éleveurs indépendants qui sont accompagnés de bout en bout. « Quand nous sommes venus à Madagascar, c’était pour y rester et y investir sur le long terme, commente Cédric de Spéville. Aujourd’hui, avec le lancement de Chantecler, la boucle est bouclée. »
Ces témoignages et les déclarations du président malgache ont dû rassurer François Woo, dirigeant de la Compagnie mauricienne de textile (CMT), deuxième acteur mauricien du textile avec 151 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce dernier a annoncé son implantation prochaine dans la Grande île tout en démentant les rumeurs selon lesquelles il quitterait Maurice. « Nous n’allons pas quitter Maurice pour Madagascar, mais nous allons grandir à Madagascar. » La Compagnie Malagasy de textile (CMT) verra le jour en plusieurs phases à partir de juillet avec, pour la première, 8,7 millions d’euros d’investissements dans 60 chaînes de confection, une salle de coupe automatisée, une salle d’impression, une salle de broderie automatisée, un entrepôt pour les produits finis et les matières premières. Modèle intégré, cette usine importera du tissu produit par CMT Maurice pour confectionner les produits pour l’exportation. Quant à la seconde phase du projet, dont le montant est estimé à plus de 17,5 millions d’euros, elle com-prendra 90 chaînes de confection. 
 

Madagascar a trouvé sa place sur la carte mondiale du textile comme en attestent les productions de Socota, de CIEL Textile et d’autres industriels pour de grandes marques. Le Mauricien CIEL réalise dans la Grande île 35% de son chiffre d’affaires textile.
Madagascar a trouvé sa place sur la carte mondiale du textile comme en attestent les productions de Socota, de CIEL Textile et d’autres industriels pour de grandes marques. Le Mauricien CIEL réalise dans la Grande île 35% de son chiffre d’affaires textile.
 

SOCOTA MISE SUR LES SYNERGIES ENTRE MADAGASCAR ET MAURICE

D’autres secteurs que le textile intéressent les entreprises mauriciennes à Madagascar. Elles sont d’ailleurs une centaine à y opérer. CIEL Finance est associée à 60% au groupe malgache Hiridjee, qui possède entre autres Firt Immo et Telma, dans la holding IOFH (Indian Ocean Financial Holding Limited) qui possède 53% de la BNI, troisième banque de la Grande île avec 32,2 millions d’euros de produit net bancaire réalisé en 2014. L’heure est à la conquête de parts de marché avec un ambitieux plan de développement qui prévoit le dou-blement du nombre d’agences, l’implication dans le « Mobile Money » et la micro-finance. Le groupe CIEL est également actionnaire d’Orange Madagascar.
Mais on compte aussi des entreprises malgaches qui investissent à Maurice, comme l’a rappelé Salim Ismail, le Pdg du groupe Socota, en accueillant le président malgache dans l’enceinte de son ancienne usine textile qui abrite aujourd’hui un « biopark » tourné vers les bio-technologies et profite de cette propriété de 10 hectares pour développer un vaste programme immobilier en plusieurs tranches. « Vous êtes ici un peu comme si vous étiez en terre malgache car ce site (…) est l’œuvre d’une entreprise née et ancrée à Madagascar depuis près d’un siècle, a déclaré Salim Ismail en s’adressant à Hery Rajaonari-mampianina. Un des grands projets de Socota est de profiter de l’immense pharmacie naturelle que constitue Madagascar et d’utiliser les ressources en Recherche et Développement (R&D) de Maurice. »
 

Le groupe Food Allied a mis en place une véritable filière avicole à Madagascar où il fournit quelque 150 000 poussins chaque semaine principalement à des éleveurs indépendants. Ces derniers représentent 90% d’une production de poulets désormais commercialisés sous la marque du groupe mauricien, Chantecler.
Le groupe Food Allied a mis en place une véritable filière avicole à Madagascar où il fournit quelque 150 000 poussins chaque semaine principalement à des éleveurs indépendants. Ces derniers représentent 90% d’une production de poulets désormais commercialisés sous la marque du groupe mauricien, Chantecler. 
 

 

TROIS ACCORDS DE COOPÉRATION SIGNÉS
En plus de ses rencontres avec le secteur privé, Hery Rajaonarimampianina a pu signer trois accords. Le premier est un accord-cadre général qui vise à promouvoir et à soutenir la coopération technique dans l’agriculture, la pêche et le tourisme. Le deuxième est un mémorandum d’entente sur les modalités de mise en place de Zones économiques spéciales à Fort-Dauphin. Il favorisera l’arrivée des entreprises mauriciennes avec leur savoir-faire technique et leur financement. Enfin, un mémorandum a été signé en vue de développer les relations entre le Board of Investment, l’agence mauricienne de promotion des investissements, et son homologue malgache, l’EDBM (Economic Development Board of Madagascar).