Eco Austral

Découvrez tous nos articles en illimité. Je m’abonne

Logo Eco Austral
n

Eco Austral

Maurice

Rony Lam : « La MCB Capital Markets propose une offre multiservices »

Alors que Maurice veut se positionner comme une place boursière émergente, le CEO de MCB Capital Markets présente cette entreprise qui accompagne ses clients à travers divers produits et services.

L’Eco austral : Pourriez-vous présenter la gamme de produits et services que vous proposez ?
Rony Lam : La MCB Capital Markets accompagne ses clients sur différents volets :
La gestion sous mandat : notre équipe de « fund managers » et de support s’occupe du conseil et de la gestion de portefeuilles d’investissements dans diverses classes d’actifs (principalement actions et obligations) sur la bourse locale, mais aussi en devises sur les marchés étrangers. Nos clients sont des fonds de pension et des institutionnels. Nous avons des mandats de gestion discrétionnaire et non-discrétionnaire.
Les produits d’investissements : nous avons 14 fonds d’investissements et plans d’épargne avec des caractéristiques d’investissement variées (actions locales et/ou étrangères, obligations locales et/ou étrangères,…) ou des objectifs spécifiques (Education plan, Retirement plan). Nous avons lancé l’Africa Bond Fund, le premier fonds mauricien qui investit uniquement dans des obligations en Afrique. Plus récemment, nous avons lancé le premier Exchange Traded Fund (ETF) qui donne accès au marché d’obligations du gouvernement indien… 
Pour ceux qui veulent des investissements plus sécurisés, nous lançons régulièrement des produits à capital garanti, sous le nom de Crescendo.
Comme société de courtage : avec la MCB Stockbrokers, nous donnons accès à nos clients individuels et institutionnels aux actions et obligations cotées sur les marchés mauriciens et internationaux. La MCB Strockbrokers est responsable de la commercialisation de ces produits d’investissement.
La gestion de registre : au sein du MCB Registry, nous avons une activité de gestion des registres d’actionnaires. Nous assurons l’organisation des assemblées générales, la maintenance des registres, le paiement des dividendes, l’administration des événements de marché (émissions d’actions, etc.) à 40 compagnies cotées à la bourse mauricienne 
Du Private Equity : notre fonds captif prend des prises de participations minoritaires dans des compagnies à fort potentiel. Il peut accompagner les entreprises souhaitant aller dans la région et en Afrique.
Et enfin du conseil : nous aidons nos clients désirant lever des fonds (en actions ou obligations) ou se restructurer financièrement. Ces trois dernières années, ils ont réussi à lever plus de 400 millions de dollars ! Nous les accompagnons aussi dans leurs démarches stratégiques comme leurs opérations de fusion et acquisition, « joint-venture » et autres.

Aujourd’hui, une grosse part de l’activité de la MCB se réalise à l’étranger. Le MCB Equity Fund a investi dans la Société africaine de produits laitiers (SAPLED), en Côte d’Ivoire. Que représente l’Afrique dans votre stratégie ?
Le MCB Equity Fund Ltd (MCBEF) est un fonds de capital-développement, détenu à 100% par MCB Group Ltd. Son objectif est d’investir dans des entreprises à fort potentiel de croissance avec un retour sur investissement à Maurice comme à l’étranger. Outre le capital-développement, MCBEF évolue aussi dans la transition stratégique des entreprises, les financements à effet de levier destinés à accompagner la transmission ou la cession des entreprises et le capital-retournement pour aider des entreprises en difficulté. Aujourd’hui, le MCBEF a un portefeuille diversifié tant sectoriellement que géographiquement. Nous prospectons les pays africains qui ont des perspectives de croissance économique intéressante et durable. Avec une classe moyenne émergente, un taux d’urbanisation élevé et une nette amélioration des fondamentaux géopolitiques et macroéconomiques, l’Afrique attire beaucoup d’investisseurs.

Mais l’Afrique se révèle très hétérogène. Comment abordez-vous ses différents marchés ?
Une connaissance approfondie des économies et l’expertise locale sont primordiales pour avoir des rendements adéquats sur l’investissement. L’acquisition de la SAPLED a été réalisée grâce à un partenariat entre MCBEF et Duet Private Equity, un capital-investisseur londonien. Étant éloigné de la Côte d’Ivoire, ce partenariat est stratégique pour assurer une gestion efficace. MCBEF reste à l’écoute du marché et saisit les opportunités là où elles se trouvent, d’où l’investissement dans la société française Partnering Technologies, œuvrant dans l’impression high-tech et la robotique.

Vous venez également de lancer le premier fonds d’obligations souveraines indiennes (Bond Exchange Traded Fund – ETF) à la bourse de Maurice. De quoi s’agit-il ?
C’est un produit très novateur car il s’agit du premier ETF au monde qui a comme sous-jacent des obligations souveraines émises par le gouvernement indien et qui sera coté à la Bourse de Maurice. Le marché obligataire indien est un marché prometteur avec des rendements attractifs. Par exemple, l’indice S&P BSE 10-Year Sovereign Bond a un rendement annualisé en dollar de 6,5% p.a sur ces quinze dernières années. Mais il était jusqu’ici difficile d’accès à cause d’obstacles réglementaires stricts et onéreux. Le MCB India Sovereign Bond ETF simplifie l’accès des investisseurs locaux et étrangers à ce marché tout en leur permettant de diversifier leurs portefeuilles d’actifs. Le fonds est structuré comme un ETF domicilié à Maurice. Il permet aux investisseurs de tirer parti du traité de non double imposition noué entre Maurice et l’Inde et il offre aussi une liquidité journalière. Les faibles coûts d’opération des ETF ont fait leurs succès car ils permettent aux investisseurs de bénéficier d’une meilleure performance nette et notre ETF ne sera pas une exception !

Beaucoup d’investisseurs se plaignent du manque de liquidités à Maurice. Comment relever ce défi ?
Si l’on se base uniquement sur les montants des échanges journaliers, la liquidité de la Bourse de Maurice, où s’échange 1,7 million de dollars par jour, semble insignifiante par rapport à celle de la JSE (Johannesburg Stock Exchange – Ndlr.), le numéro un en Afrique, où le montant des échanges est mille fois supérieur avec 1,7 milliard de dollars par jour en moyenne ! Mais la mesure de la liquidité par le ratio de rotation annuelle du capital est plus pertinente car elle compare les échanges journaliers à la capitalisation totale du marché. Là, le marché mauricien a connu une très nette amélioration sur ces deux dernières années en passant d’un ratio de 5,3% en 2013 à 8% en 2015. Il faudra du temps pour rivaliser avec la JSE où ce ratio dépasse les 40%. Il faut donc encourager les entreprises étrangères à être cotée sur la bourse locale et surtout favoriser la démocratisation de l’actionnariat de l’ensemble des sociétés cotées. Aujourd’hui, les 25 plus gros actionnaires des plus grosses sociétés cotées à la bourse de Maurice détiennent plus de 80% du capital de ces entreprises ! On ne peut pas s’attendre à ce qu’il y ait beaucoup de liquidité sur ces titres car les gros actionnaires privilégient une optique de très long terme. Le coût des transactions est également un facteur à prendre en considération. Dans le but d’accroître la liquidité sur le marché, la Bourse de Maurice a récemment réduit de plus de 80% les frais de transactions sur les « turnaround  trades », ce qui a contribué à dynamiser les échanges sur le marché.