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Réunion

Sapmer à la conquête de l’Asie

Son assemblée générale du 21 mai a confirmé un tournant dans le développement de l’armateur réunionnais qui mise sur la croissance asiatique. Les actionnaires peuvent se frotter les mains, c’est un nouveau Bourbon qui se profile à l’horizon…

Les chiffres sont bons… Certes, le résultat net, à 8,6 millions d’euros, progresse un peu moins que le chiffre d’affaires qui réalise un joli bond en avant de 20%, passant de 77 millions d’euros à 93,1 millions. Mais la pêche, c’est comme l’agriculture, il faut semer avant de récolter. En l’occurrence, les semailles, ce sont les thoniers senneurs surgélateurs qui se multiplient. Cinq navires à l’heure actuelle et bientôt deux autres, sous pavillon mauricien (lire à ce sujet notre entretien avec le dirigeant, Yannick Lauri), en attendant d’autres à venir pour atteindre, au final, une flotte de 15 thoniers senneurssur gélateurs dont 5 devraient opérer dans l’océan Indien et 10 dans le Pacifique. Mais le point fort du modèle économique développé par Yannick Lauri et Jacques de Chateauvieux, le propriétaire, c’est de valoriser la pêche à travers des usines de transformation. Une deuxième usine à Maurice qui vient d’ouvrir et sans doute une autre en Papouasie-Nouvelle-Guinée (*) où l’armateur a obtenu pas moins de 10 licences de pêche. La stratégie consiste clairement à « conquérir de nouveaux espaces dans des lieux où se fait le développement », a souligné Jacques de Chateauvieux lors de l’assemblée générale qui s’est tenue au Ciné Cambaie de Saint-Paul. La Sapmer ne se limitera pas à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C’est l’Asie dans son ensemble qui l’intéresse. Lors de l’assemblée générale, Jacques de Chateauvieux a livré au public présent une démonstration de marketing international : « En 2010, les classes moyennes représentaient 300 millions de personnes en Europe, 300 millions aux Etats-Unis et 500 millions en Asie. En 2030, elles seront au même niveau pour l’Europe et les Etats Unis, mais elles atteindront 3,2 milliards de personnes en Asie. »

Une cotation sur une bourse asiatique

Conquérir de nouveaux marchés, c’est donc l’objectif de Sapmer qui envisage aussi, à terme, d’abandonner la bourse de Paris, qui connaît une « certaine anémie », selon Jacques de Chateauvieux, pour se baser en Asie. À Singapour probablement, où une holding a vu le jour, mais ce n’est pas encore arrêté. Après avoir répondu à quelques questions, notamment sur le devenir de la cotation boursière, Jacques de Chateauvieux a soumis les résolutions aux actionnaires qui les ont toutes adoptées à l’unanimité. En quittant la salle de cinéma, où se tenait l’assemblée général, ces actionnaires avaient bien l’impression de vivre le début d’un « remake » de l’aventure de Bourbon qui a commencé par être un producteur de sucre à La Réunion avant de devenir un leader mondial des services à l’offshore pétrolier. Certes, la Sapmer ne devrait pas abandonner son métier, mais son développement international devrait être impressionnant dans les prochaines années et réjouir ceux qui en détiennent des actions.

Faits marquants de 2012

Sapmer a valorisé 7 600 tonnes de thons contre 5 300 tonnes en 2011. Cette croissance s’explique par des captures en progression et une plus forte productivité de l’usine Mer des Mascareignes de Maurice (33 tonnes jour en moyenne). Au global, 36% des captures de thon ont été valorisées. Congelés sur les bateaux à – 40°C, les thons livrés à l’usine ne sont pas décongelés, ils sont transformés en longes, darnes, cubes et steaks. Des produits exportés en Asie, en particulier au Japon, en Europe et aux Etats-Unis. La hausse de 6,7 millions d’euros du chiffre d’affaires s’explique également par un prix moyen en hausse avec la reconnaissance d’un produit « premium » par les marchés internationaux. Le résultat opérationnel de l’activité valorisation s’inscrit à 1,3 million d’euros et représente 6,6% du chiffre d’affaires. Il devrait fortement progresser avec la deuxième usine mauricienne.

Papouasie Nouvelle- Guinée

Puissance en devenir de la région océanienne par son poids démographique (6,6 millions d’habitants), son potentiel économique unique dans le Pacifique sud et ses ressources minières (or, cuivre et nickel), pétrolières et gazières, la Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) reste confrontée, trente-six ans après avoir acquis son indépendance de l’Australie, aux difficultés structurelles d’un État encore en construction. Les élections générales d’août 2012 ouvrent la voie à une période de plus grande stabilité politique qui devrait permettre à ce pays d’accompagner sa croissance économique exceptionnelle, portée par les grands projets gaziers et miniers. Source : Ministère français des Affaires étrangères.