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Madagascar

Un portail Internet pour décrire les lémuriens et les localiser

Résultat d’un travail mené pendant trois ans par l’Office national pour l’Environnement, « L’Atlas des lémuriens de Madagascar » recense pas moins de 97 espèces éparpillées un peu partout dans la Grande île.

L’Office national pour l’Environnement (ONE) vient de lancer officiellement ce nouveau portail (http://www.atlaslemursmadagascar.net), financé par la JRS Biodiversity Foundation à hauteur de 177 000 euros. Il a l’avantage de proposer une cartographie interactive et livre toutes les données par espèce, incluant leur taxonomie (science des lois et des principes de la classification des organismes vivants), leur distribution, les recherches, les espèces en captivité ainsi que les menaces existantes. « Les chercheurs et biens d’autres experts internationaux peuvent également compléter toutes les autres informations concernant les lémuriens endémiques de Madagascar via ce portail. En attendant, on peut déjà consulter leur taxonomie, la pression sur leur habitat ainsi que les menaces touchant ces animaux endémiques de Madagascar », précise Jean Roger Rakotoarijaona, directeur de l’information environnementale au sein de l’ONE.

Ce n’est pas un flirt, mais… un déjeuner en couple. - Stocklib
 

Ce n’est pas un flirt, mais… un déjeuner en couple. – Stocklib

Une masse de données utiles aux scientifiques comme aux touristes

Le portail permettra aux touristes de localiser facilement les différentes espèces qu’ils veulent découvrir sans perte de temps. Les zones de recueil des données concernées sont le site de marché de carbone de Makira, les deux sites miniers d’Ambatovy et de QMM à Fort Dauphin, ainsi que la nouvelle aire protégée des forêts Mikea dans le sud-ouest. La Grande île recense actuellement 15 genres, 97 espèces et 103 taxons de lémuriens (en référence à la taxonomie) dont 41 % sont en danger. Le portail se veut aussi un outil d’aide à la décision face aux investissements miniers et aux changements climatiques présentant des menaces pour les lémuriens. L’élaboration de cet atlas est le fruit d’une collaboration étroite avec des partenaires comme le Groupe d’étude et de recherches sur les primates de Madagascar (GERP), la Direction de la conservation de la biodiversité du système des aires protégées de Madagascar (DCBSAP) et les projets miniers d‘Ambatovy et de QMM. En ce qui concerne la gestion des données, l’ONE a eu recours à un expert international sur la biodiversité qui s'est basé sur les normes et standards, à l’exemple de Darwincore. En outre, l’ONE vient de présenter la nouvelle version du tableau de bord environnemental (TBE) qui est en cours d’actualisation, décrivant tous les indicateurs environnementaux tels que les taux d’endémicité des faunes et flores du pays et le taux de déforestation…

Des lémuriens en famille. - Stocklib/Paul Maguire

Des lémuriens en famille. – Stocklib/Paul Maguire

« Ces indicateurs environnementaux permettront de mesurer les performances de l’application des politiques publiques du pays en matière de protection de l’écosystème. Il facilite ainsi la prise de décision, aide à la vulgarisation de l’information et soutient la consultation tout en encourageant la participation », souligne Jean Chrysostome Rakotohary, directeur général de l’ONE. Créé en 1990, cet organisme a pour mission de prévenir les risques environnementaux, de gérer, de coordonner et de déployer le système de données et d’informations environnementales ainsi que le suivi et l’évaluation de l’état de l’environnement pour une meilleure prise de décision à tous les niveaux. Il contribue aussi aux labellisations et aux certifications environnementales.

Présents dans toute la Grande île, les lémuriens figurent parmi les attractions des touristes. - Stocklib/Dennis van de Water
 

Présents dans toute la Grande île, les lémuriens figurent parmi les attractions des touristes. – Stocklib/Dennis van de Water

Les ancêtres des singes

Figurant parmi les animaux les plus célèbres et emblématiques de la Grande île, les lémuriens seraient les ancêtres ou, plus exactement, les lointains cousins des singes. Ils ont disparu du continent africain, mais, dans le milieu insulaire malgache, ils ont pu au contraire se perpétuer, dont des espèces uniques au monde. On pense que les premiers lémuriens sont arrivés à Madagascar sur des troncs flottants, à la suite de catastrophes naturelles. Ces lémuriens qui colonisèrent l'île étaient des animaux très primitifs. Ils étaient semblables aux plus petits lémuriens actuels : les Microcèbes, de la taille d'une souris. Les lémuriens vécurent heureux jusqu'à l'arrivée de l'homme en 600 après J.C. Dès lors, la destruction de leur biotope et leur chasse intensive ont fait disparaître à tout jamais plusieurs espèces. La façon dont certaines espèces de lémuriens prennent le soleil, bras en croix, fait penser qu'ils le prient. C'est la raison pour laquelle certaines ethnies les vénèrent et les protègent. Malheureusement, le constat actuel est grave : face à la déforestation intensive, la plupart des lémuriens sont en voie de disparition. Source : Lemurs’Park (*).

(*) Cette réserve privée est située à 25 kilomètres de Tananarive et présente 9 espèces de lémuriens en totale liberté. Lemurs’Park, qui œuvre pour la conservation de l’environnement malgache, propose aussi un parc botanique.