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Réunion

Alimentation : la production locale face aux importations

Globalement, le taux de couverture de l’alimentation à La Réunion est de 53 %. Autrement dit, elle importe presque la moitié de tout ce qu’elle mange. Si l’on ne prend en compte que les produits frais, la situation s’améliore : le taux de couverture atteint 77 %.

Les chiffres sont variables d’une filière à l’autre. Certaines filières sont exemplaires, comme par exemple les œufs : 100 % des œufs frais sont pondus localement, depuis déjà des années. Le porc frais et le lapin frais font aussi bien (100 %), la volaille fraîche fait presque aussi bien (95 %). Le bœuf, en revanche, traîne les sabots (46 % pour le frais, 24 % pour le marché global), sans doute à cause des problèmes sanitaires chroniques (leucose) qui inquiètent la clientèle.
En ce qui concerne les fruits et légumes, les taux de couverture sont respectivement de 55 % et 54 % (63 % et 71 % si l’on ne regarde que les produits frais). La Réunion est ainsi le département d’Outre-mer (DOM) dont les taux de couverture du marché par la production locale sont les plus élevés.
Si l’on regarde l’évolution sur dix ans, La Réunion conserve ou prend des parts de marché sur le frais, mais sur le marché global, elle en perd, essentiellement à cause de l’importation de produits surgelés à très bas prix, contre lesquels il est difficile, voire impossible, de lutter. La Daaf (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) n’hésite plus à parler de La Réunion comme d’un « marché de dégagement » pour certaines multinationales .

Poulet industriel contre poulet « péi »

Voici le « best-seller » du rayon surgelé des grandes surfaces réunionnaises tous les 6 du mois, quand tombe l’argent de la CAF (Caisse d’allocations familiales) : la caisse de 10 kg de cuisses de poulets. Il y a plusieurs fournisseurs, mais cette caisse est représentative. D’après son étiquette, la caisse contient du poulet polonais et allemand abattu en Allemagne et halal. Le nom du producteur fait sourire mais le groupe allemand Plukon devrait plutôt imposer le respect : il a réalisé en 2016 un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros, en hausse de + 16 %, « grâce à une forte croissance en France », est-il précisé dans un communiqué de presse.
Plukon possède une dizaine d’abattoirs en Europe lui permettant de découper 7 millions de poulets par semaine. Plukon est une machine de destruction massive, contre laquelle la filière réunionnaise du « poulet péi » peut difficilement lutter, sauf à interdire les importations (comme à Maurice).

Ne pas se fier à la carte postale
Avec toutes ces vaches qui broutent dans des pâturages vallonnés, certains paysages de La Plaine des Cafres ressemblent à la Suisse. Pourtant, la production locale de lait ne couvre que 40 % des besoins des ménages et de l’industrie agroalimentaire. La Réunion importe pour 100 millions d’euros de lait et de produits à base de lait (poudre de lait, yaourts, etc.) En tonnage, cela fait 27 000 tonnes, à comparer avec les 20 500 litres de lait produit localement par les 3 500 vaches laitières des 135 producteurs adhérents à la coopérative Sicalait.