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Comment La Réunion French Tech veut faire émerger des « Tech Champions »

L’intégration du réseau French Tech sous la mention « health tech » santé numérique, en juillet 2016, représente le début d’une grande aventure. Il s’agit de développer tout un éco-système et de faire émerger des start-ups à l’international.



« Il y a quelques jours, nous recevions le directeur innovation numérique du groupe L’Oréal. Il est intéressé par certaines innovations de nos start-ups dans le domaine de la cosmétique. » Au détour d’une phrase pour elle anodine, Elodie Royer, qui coordonne le projet La Réunion French Tech, révèle tout l’intérêt du travail mené par Digital Réunion et ses partenaires en tant que membres du réseau thématique French Tech. En juillet 2016, quand La Réunion est devenue le premier éco-système ultra-marin à intégrer la French Tech, sous la mention « health tech » santé numérique, on était en droit de se demander qu’elles en seraient les retombées concrètes. Depuis, forcé de l’admettre, les initiatives ont fleuri. Dernière en date, la signature d’une convention de partenariat entre la Cinor (Communauté de communes du nord de La Réunion), Digital Réunion et la Océan Tech. C’était en avril dernier, avec pour finalité d’établir un partenariat stratégique entre les territoires du Pays Basque et de la Cinor afin d’ouvrir et d’animer un Ocean Work Center à La Réunion. Cet espace de travail partagé, évolutif et pré-équipé des technologies nécessaires pour permettre l’accueil de start-ups, a pour particularité d’être intégré à un réseau international de structures similaires (Australie, Brésil, Californie, Japon…). 

TROUVER DES FINANCEURS PRIVÉS

Une manière également, pour La Réunion French Tech, d’élargir son domaine de compétences. « La e-santé reste le fil conducteur, explique Elodie Royer, qui est vice-présidente Innovation et Recherche de Digital Réunion, mais nous voulons en avoir une conception large. Bien-être, sport, alimentation, agriculture, énergie et eau sont autant de sous-branches. » L’idée est de créer une dynamique, un éco-système interconnecté. « Les start-ups purement e-santé ont des besoins dans des domaines voisins, d’où l’intérêt d’élargir le champ d’intervention pour créer des synergies. »
Actuellement, 17 projets sont accompagnés par La Réunion French Tech. Un recensement de leurs besoins est en train d’être finalisé. « Nous devons être un vecteur d’unité et de cohérence. Nous travaillons avec tous les acteurs, notre rôle est de compléter l’offre en accompagnement des projets. » Une offre déjà bien pourvue. À tel point qu’il est parfois compliqué, pour un entrepreneur, de s’y retrouver. « Nous cherchons à créer une cartographie dynamique des différentes aides et des financements en fonction du secteur d’activité ou du degré d’avancement du projet », assure Elodie Royer. Les financements, justement, sont bien souvent le frein au développement et à  l’épanouissement d’une start-up. Outre les financeurs publics, la Cinor et la mairie de Saint-André nous accompagnent depuis le début du projet et nous souhaitons élargir aux autres communautés de communes pour un véritable maillage du territoire. Nous discutons aussi avec de grandes entreprises réunionnaises qui souhaitent s’impliquer dans des projets qui pourraient, par exemple, concerner leurs clients. Certaines filiales de groupes nationaux relaient ainsi la politique d’investissement impulsée par leur maison mère sur le territoire national. » 

UNE VISIBILITE INTERNATIONALE

Autre levier, la visibilité offerte par le réseau French Tech. À La Réunion, tout d’abord, via l’organisation d’événements comme le forum NxSE, créé par Digital Réunion, dont la première édition a eu lieu en 2016. En 2017, la e-santé sera à l’honneur et des délégations nationales et internationales composées de potentiels investisseurs sont attendues. Dans la même idée, La Réunion French Tech a participé à l’organisation du festival « Futur en Seine », en juin, à Paris (voir notre encadré). Toujours par le biais du réseau FrenchTech, une convention tri-partite avec les French Tech Hub Abidjan (Côte d’Ivoire) et Cape Town (Afrique du Sud) a été signée afin d’initier collaborations et échanges. Car l’objectif n’est pas seulement de faire venir des investisseurs à La Réunion, mais aussi d’aller en chercher à l’étranger. Des start-ups réunionnaises devraient être présentes, grâce à Nexa, à la Healthcare Conference – J.P. Morgan de San Francisco et au CES de Las Vegas en 2018. Fin 2016, l’entreprise réunionnaise Logipren a intégré une délégation de 11 start-ups de la French Tech pour un voyage en Chine à la rencontre d’investisseurs. Dans ce domaine, l’exemple à suivre localement est Stemcis. Cette start-up réunionnaise du secteur des biotechnologies a été rachetée par DMS Group et se trouve désormais installée à Besançon. Elodie Royer en est d’ailleurs bien consciente, si La Réunion French Tech cherche à créer un éco-système dynamique et à accompagner des porteurs de projets à différents stades de création, le principal objectif reste de « faire émerger un ou des ‘Techs Champions’, c’est à dire des start-ups à très forts potentiels capables de lever des fonds et de s’exporter. Je reviens d’une réunion au ministère où nous a été réaffirmée cette volonté. »

LA RÉUNION FRENCH TECH À « FUTUR EN SEINE »
Du 8 au 18 juin, en Île de France, s’est déroulé le festival du numérique : « Futur en Seine ». Durant les trois premiers jours, à la Grande Halle de la Villette, ont été organisées conférences, futur lab et autres événements business. La Réunion French Tech y a participé activement puisque, par l’intermédiaire de Digital Réunion et d’Elodie Royer, elle a co-organisé la matinale « santé numérique ». « L’objectif est toujours de chercher à faire rayonner La Réunion, explique Elodie Royer. Cet événement nous donne une excellente visibilité et, surtout, permet de montrer que même si nous avons un petit éco-système et que nous sommes éloignés, nous pouvons être agiles, capables de participer et aller jusqu’à co-organiser un événement de cette ampleur. » Huit entrepreneurs sélectionnés parmi de nombreuses candidatures ont pu “pitcher” devant un auditoire qualifié d’investisseurs dans le domaine de la e-santé. Parmi les huit start-ups retenues, on retrouve une Russe, une Mexicaine… et l’entreprise réunionnaise Logipren.