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Comment se protéger contre les incivilités

Les pressions, les injures, les injustices et simplement le non-respect ne sont pas des phénomènes isolés et peuvent se retrouver dans les entreprises. Des incivilités qui nous conduisent à agir et surtout à proagir.



Christine Porath, professeur en management à l’université de Georgetown (co-auteur de « Mastering Incivility: A Manifesto for the Workplace » et « The cost of Bad Be-havior »), explique, dans son dernier article dans la « Harvard Business Review » (décembre 2016), comment nous pouvons nous protéger contre les personnes irrévérencieuses et propose comme antidote contre l’incivilité de se gérer soi-même. Trop simple, me direz-vous et, pourtant, comme dans pas mal d’idées que je développe dans mes articles, cette proposition nous renvoie vers nous-mêmes, la seule personne sur laquelle nous avons une véritable influence. Et la recette serait d’évoluer du subir vers l’agir. 

DES ARGUMENTS SOLIDES ET SCIENTIFIQUES

Pour Christine Porath le remède le plus efficace contre l’incivilité est l’approche holistique, qui consiste à « travailler pour améliorer son bien-être au travail plutôt que d’essayer de transformer la relation professionnelle destructrice ». Ses recherches ont pointé deux axes sur lesquels nous pouvons influer : notre épanouissement cognitif (développement, dynamisme et apprentissage continu) et notre épanouissement affectif (se sentir en bonne santé, éprouver passion et enthousiasme au travail comme ailleurs). Chaque fois que je lis ce type de proposition, ma petite voix intérieure me fait douter et imaginer une recette à « l’eau de rose » nous suggérant un monde de « bisounours ». Mais non ! Ses arguments se montrent solides et scientifiques. Il semble bien que le sentiment d’injustice soit l’un des sentiments les plus difficiles à surmonter. Il peut accroître le manque d’assurance, réduire l’estime de soi et augmenter le sentiment d’impuissance. Et vous voyez bien l’impact que cela peut avoir sur notre travail. Plutôt que de sombrer dans l’apitoiement et de ruminer les suites d’une incivilité, mieux vaut occuper son cerveau à créer de nouvelles connections neuronales et à intégrer de nouveaux souvenirs plus positifs. Nous pouvons nous autoriser à nous sentir blessés ou indignés – mais uniquement pour un temps limité – et profiter de ce moment pour poser nos valises et avancer, en étant plus légers, vers des territoires plus gais et enchaîner sur des choses vraiment importantes pour nous. Que ce soit une nouvelle compétence, un hobby ou un nouveau sport, que vous expérimenterez seul ou en vous faisant accompagner par un mentor. Selon Christine Porath, « il est tout simplement plus difficile d’être abattu quand on a la sensation d’être dans une spirale ascendante ».

COMMENT ÊTRE PLUS RÉSISTANT

Sa suggestion suivante – « soyez épanouis affectivement » – soutient qu’un comportement incorrect au travail agit comme un agent pathogène infectieux, un virus, et que notre capacité d’y résister se trouve dans notre capacité à gérer notre énergie. Nous avons donc intérêt à avoir une bonne hygiène de vie (personnellement je préfère le terme « joie de vie » qui résonne de façon moins austère et plus « fun ») pour être résistant et résiliant en cas d’agression. J’aime bien l’idée que le moyen le plus efficace de réduire les coûts de l’incivilité au travail serait de bâtir une culture du rejet, de viser « l’objectif zéro sale con », comme l’affirme Robert Sutton, professeur à Stanford dans son best-seller qui porte ce titre. Et ça, c’est un travail quotidien qui nous concerne tous.