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Réunion

Curcuma : de l’or dans le sud sauvage

Ingrédient clé de la cuisine réunionnaise, le curcuma possède de nombreuses vertus dont certaines viennent seulement d'être découvertes.
Tour d'horizon avec François Boyer Thomas, cultivateur passionné à Saint-Philippe.

Le curcuma est une plante vivace par son rhizome (*), d'environ un mètre de haut, portant de grandes feuilles engainantes et présentant une magnifique hampe florale, le plus souvent rose. La plante est originaire d'Asie du Sud.
Son nom actuel provient de plusieurs sources – en arabe « kourkoum », en sanskrit
« kunkuma » et en hébreu « karkom » – qui font référence à la couleur chatoyante du tubercule, d'où aussi le surnom de « poudre d'or ». Effectivement, la racine ressemble au gingembre et sa couleur et son odeur font penser au safran (Crocus Sativus). Ce dernier provient d'une fleur aux propriétés essentiellement antispasmodiques et reste assez inaccessible (c'est la seule épice dont le cours n'a jamais chuté !).

Le rhizome de curcuma a été d'abord utilisé à des fins thérapeutiques en médecine ayurvédique, tant son action anti-inflammatoire offre de nombreuses possibilités de traitement. En zone tropicale, il est largement employé en cuisine, nous offrant ses parfums autant que ses principes digestifs. Les habitants des pays les plus consommateurs de curcuma sont moins concernés par les maladies cardiovasculaires et les cancers digestifs.
Depuis une trentaine d'années, le principal actif du curcuma, la curcumine, est l'objet de recherches actives sur les cancers, les maladies cardio-vasculaires et la maladie d'Alzheimer.
Ses propriétés se révèlent peu à peu au regard de la science moderne qui découvre ses bienfaits.

 

HEUREUSE ASSOCIATION AVEC LE MIEL, LE SUCRE, LE THYM ET L’AVOCAT

 

Pour François Boyer Thomas, cultivateur et transformateur à Saint-Philippe, il est dommage de laisser ce trésor cantonné à des usages mystiques ou culinaires. Selon lui, c'est un végétal qui doit être mis à la portée de tous car ses vertus sont innombrables. Dans les exigences actuelles en matière de développement durable, il tire le meilleur parti de la plante : rien ne se perd, tout se transforme et il exploite avec art chaque partie et chaque fraction…

Le rhizome est constitué de la mère et des doigts. Classiquement, le rhizome est bouilli, épluché, séché complètement au soleil, puis réduit en poudre. Le spécialiste de Saint-Philippe en extrait de l'amidon (40% à 55% du poids total) et du tanin, qui possèdent des propriétés distinctes. Émergeant du rhizome, les bourgeons sont gorgés de suc, ils sont utilisés en infusion.

Les feuilles dégagent un parfum suave et tonique, très utile en parfumerie. Les fleurs seront utiles en extraits luxueux qui ont une valeur ajoutée importante, en parfumerie ou en cosmétique. Enfin, le totum de la plante peut être utilisé pour combiner ces propriétés : les principes actifs peuvent être extraits par macération huileuse ou hydro-glycérinée. Le rhizome distillé donnera une huile essentielle (environ 25 ml par kg) riche en monoterpènes et sesquiterpènes (principaux constituants odorants des huiles essentielles, ndlr) .
À l'usage, ce passionné en a déduit qu'il existe de nombreuses associations positives avec des supports naturels qui potentialisent ses effets : miel, sucre, thym, avocat…

Le curcuma, d'une culture peu exigeante, se porte à merveille sur les terres des Mascareignes. Le rhizome est bien connu dans les cultures traditionnelles comme conservateur, épice et plante médicinale. Pour François Boyer Thomas, le curcuma de Saint-Philippe, qui pousse sur une terre volcanique au pied du Piton de la Fournaise, est le plus puissant.

 

DES VERTUS POUR DE NOMBREUSES FONCTIONS VITALES

 

Sa richesse en vitamine C, en provitamine A, ainsi que son pouvoir détoxifiant favorisent l'activité cellulaire. Le curcuma stimule également la production de glutathion, protéine anti-oxydante qui nous protège des maladies dégénératives. La réponse immunitaire est soutenue par ses effets bactéricides, fongicides, parasiticides et antiviraux. Des études de plus en plus nombreuses pointent une activité anti-tumorale très intéressante, potentialisée notamment par la pipérine (extrait de poivre noir). La curcumine favorise une activité cardiaque efficace, fluidifie le sang (ce qui peut se révéler une contre-indication), abaisse le taux de mauvais cholestérol et protège le réseau vasculaire. Il contribue à une fonction respiratoire plus libre : antitussif, il favorise l'expectoration et réduit l'intensité des crises d'asthme. Protecteur de la cellule hépatique, cholagogue et cholérétique (il diminue le risque de formation de calculs), il soutient en tous points les activités digestives en stimulant le foie comme la vésicule biliaire, augmentant la production d'enzymes hépatiques et pancréatiques. Ses vertus carminatives et antispasmodiques améliorent le confort digestif. Par son action bactéricide, fongicide, parasiticide et antivirale, il contribue également à la lutte contre les infections digestives. En augmentant la production de mucine gastrique, le curcuma est encore utile pour atténuer les ulcères.

Des études cliniques ont déterminé l'action positive de la curcumine dans des cas d'arthrite et de rhumatismes comparée à la cortisone et aux AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens), avec un effet iatrogène faible. Il serait aussi utile aux personnes souffrant de douleur musculaire, d'arthrite rhumatoïde, de bursite, de tendinite, de névralgies et de sciatiques. Le curcuma contribue à la régulation des cycles menstruels. Les plaies traitées au curcuma sont protégées des infections et des complications. Enfin, c'est un remède traditionnel de choix contre la gale et l'eczéma.
Moralité : continuons à en user dans nos plats et tisanes et soyons créatifs pour intégrer encore d'avantage le curcuma à notre quotidien, pour une santé meilleure.

 

(*) Le mot vient du grec « rhiza » qui signifie racine. Il s'agit en effet d'une tige souterraine vivante, souvent horizontale, émettant chaque année des racines et des tiges aériennes.