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Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’agriculture « Le partenariat avec la réunion est stratégique »

Alors que la question de l’avenir de la canne à sucre est sur toutes les lèvres, la secrétaire générale de Chambre d’agriculture croit fermement à la coopération avec La Réunion. Un rapprochement nécessaire, car se réinventer demande beaucoup d’investissements.

L'Eco austral : L'industrie sucrière a réussi sa restructuration en devenant une « industrie cannière ». Son avenir n'est pas pour autant assuré puisque le pays ne bénéficie plus, depuis le 1er octobre 2017, des tarifs préférentiels de l'Union européenne…
Jacqueline Sauzier
: Il y a encore 30 ans, l'industrie sucrière faisait quasiment rentrer toutes les devises de notre économie. Mais avec la fin du protocole sucre en 2008, les données ont été bouleversées. Aussi avons-nous mis en place avec les autorités des plans de départ volontaire à la retraite (Voluntary Retirement Schemes, VRS) pour passer de 12 000 à 4 500 emplois aujourd'hui. Nous avons aussi centralisé nos usines – passées de douze à quatre actuellement – et mécanisé nos exploitations pour diminuer les coûts de production.

Mais la clé était dans la diversification ?
Nous avons à la fois développé des sucres spéciaux à forte valeur ajoutée pour des usages domestiques et industriels et diversifié nos marchés. Outre l'Europe, nous exportons aujourd'hui aux États-Unis, en Asie, en Afrique et sur les marchés régionaux. Aujourd'hui, un tiers de notre production est exporté hors Europe.  Mais avec l'abolition, depuis le 1er octobre 2017, du quota de sucre produit à partir de la betterave, les betteraviers européens ont augmenté leur production. Ils misent sur leurs coûts de production inférieurs aux nôtres et leur proximité géographique. Il faut encore une fois nous réinventer et être au plus près de la demande de nos clients. Non seulement répondre à leur demande, mais être parmi les meilleurs en termes de coût et de qualité !

Cela demande des efforts considérables en recherche & développement ?
Avec le Mauritius Sugar Industry Research Institute (MISRI), créée en 1953, Maurice a une expertise reconnue internationalement. Nous avons aussi des partenariats avec La Réunion et eRcane. Nos recherches portent sur les variétés de cannes les mieux adaptées aux besoins, en sachant que les retombées prennent 12 ans entre le moment où l'on choisit une variété et son utilisation optimale. Outre les structures de l'État, le secteur privé est aussi très actif, en collaboration parfois avec des partenaires étrangers. On réfléchit pour extraire des bioplastiques et des polymères de la bagasse avant qu'elle ne soit brûlée. Cela demande beaucoup d'investissements. C'est ici où le partenariat avec nos amis de La Réunion est stratégique.

CHEVALIER DANS L’ORDRE DU MÉRITE AGRICOLE
Jacqueline Sauzier est depuis 2012 la secrétaire générale de la Chambre d’agriculture. Cette ancienne du lycée Labourdonnais et ancienne miss Mauritius est vice-présidente de la Mauritius Marine Conservation Society, une organisation non gouvernementale qui œuvre depuis 30 ans pour la préservation de l'environnement marin à Maurice, souvent en partenariat avec des associations réunionnaises. Jacqueline Sauzier travaille aussi à une coopération dense et technique avec le département français pour une agriculture durable et raisonnée.  
C'est ce double engagement qu'a salué la France en la décorant Chevalier dans l’ordre du Mérite agricole. Elle a reçu son insigne – dont le surnom est le poireau – de l'ancien ambassadeur de France à Maurice, Gilles Huberson. L’ordre du Mérite agricole récompense les services rendus à l'agriculture. Parmi ses illustres récipiendaires, on compte Louis Pasteur, Catherine Deneuve ou encore l’écrivain Roger Peyrefitte.