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Maurice

Jacques Harel : « Notre vision est de devenir une SSSI panafricaine »

Le Pdg de BIRGER. poursuit la mise en œuvre de sa stratégie de développement avec son implantation en Afrique et l’ouverture d’unités spécialisées comme le premier centre de cybersécurité régional avec l’Américain Symantec.

L’Eco austral : En avril 2015, vous avez annoncé, en même temps qu’un changement d’identité, de nouvelles orientations pour votre entreprise. Cet important marché de l’ingénierie informatique, dont vous êtes leader à Maurice, a été structuré à travers dix « Business Units ». Comment cela fonctionne-t-il aujourd’hui ? 
Jacques Harel
: L’ingénierie informatique peut être divisée en plusieurs métiers, chacun ayant sa particularité et son Business Model. C’est ce que nous avons fait avec ces Business Units qui représentent autant d’enseignes adaptées à chaque besoin d’activité. Ces dix Business Units évoluent autour de trois grands services : la technologie, la sécurité et la résilience. La technologie étant dans l’ADN de notre société, nous pouvons ainsi offrir des solutions en ligne avec les attentes de nos clients. Par exemple, à travers la Business Unit Résilience, nous pouvons offrir des solutions particulièrement performantes qui garantissent la continuité des activités même après
un incident technique. L’innovation permanente de nos services permet à la fois de répondre à des demandes ad hoc, grâce à la personnalisation, et de garantir une sécurité optimale.

Toujours en 2015, vous annonciez votre volonté de réaliser la moitié de votre chiffre d’affaires à l’extérieur de Maurice à l’horizon 2017. Cet objectif a-t-il été atteint ?
Notre développement international a suivi deux phases. En 2010, nous avons défini un plan de développement régional dans l’océan Indien afin de répondre à trois objectifs : accompagner nos clients historiques dans leur stratégie de régionalisation, répondre à la demande de nos partenaires technologiques de développer des compétences dans la région et enfin exporter notre savoir-faire dans la région proche de l’océan Indien pour fournir un relais de croissance à notre entreprise. En 2014, nous avons commencé notre développement sur l’Afrique de l’Est. Aujourd’hui notre développement régional est structuré en trois zones géographiques : la région de l’océan Indien, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. Nous pensons que cette régionalisation de BIRGER. se passe très bien car il y a sur place des ingénieurs et techniciens formés dans nos bureaux de l’océan Indien afin d’assurer la pérennité de nos services à long terme. Nous sommes satisfaits même si nous n’avons pas encore atteint l’objectif avec, à l’heure actuelle, 20% de notre chiffre d’affaires réalisés à l’international.
 

Le  Centre de Cyber Défense (CDC) de  Phoenix est le seul centre de cybersécurité dédié aux îles de l’océan Indien et à l’Afrique.
Le  Centre de Cyber Défense (CDC) de  Phoenix est le seul centre de cybersécurité dédié aux îles de l’océan Indien et à l’Afrique.  Davidsen Arnachellum
 

Il est vrai que le marché est compliqué, il est très fragmenté avec beaucoup de petits opérateurs et chaque île, chaque pays, a ses particularités. Pou-vez-vous nous parler de votre expérience africaine ?
Notre stratégie africaine se différencie de celle que nous mettons en œuvre dans l’océan Indien car notre vision est de devenir une Société de service de sécurité informatique (SSSI) panafricaine. Les secteurs ciblés sont les banques, les grandes enseignes de téléphonie, les assurances et les gouvernements. Ce qui implique à chaque fois une bonne connaissance du marché local, des ressources humaines compétentes et du contexte particulier avec ses réseaux d’influence. Il nous faut donc recourir aux ressources humaines locales et nous collaborons dans ce sens avec les universités afin d’identifier les meilleurs talents, comme au Rwanda, par exemple. Nous les identifions en les encadrant durant des projets de 12 à 16 semaines avec leur université et ils viennent aussi chez nous pour affiner leur formation. J’ouvre une parenthèse ici pour indiquer que nous faisons de même à Maurice avec l’Université et le Charles Telfair Institute, mais aussi avec l’AUF (l’Agence universitaire de la Francophonie).

Avez-vous un exemple concret à nous donner en terme d’implantation internationale ?
Je crois que le projet d’accompagnement de Mauritius Union est un bon exemple de notre développement sur le continent africain. Cet assureur mauricien a racheté Phoenix Assurances qui est implanté dans quatre pays du continent Africain. Il a demandé à BIRGER de revoir le système informatique de ces nouvelles implantations. Du coup, nous avons ouvert une antenne dans chacun de ces pays : Kenya, Ouganda, Tanzanie et un point focal au Rwanda depuis 2016. Le partenariat avec symantec est un autre exemple d’exportation d’une expertise mauricienne avec des ingénieurs basés à Maurice qui supervisent tout depuis notre Centre de Cyber Défense (CDC) de Phoenix, au centre de l’île. C’est à ce jour le seul centre de cybersécurité dédié aux îles de l’océan Indien et à l’Afrique. Afin de compléter ce service, nous nous rendons sur place au moins une fois par mois. Enfin, au Swaziland, nous avons déployé une solution complète pour le nouveau centre technologique du gouvernement en nous appuyant, là encore, sur nos experts mauriciens. 

UNE RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE DE L’ENTREPRISE (RSE) FOCALISÉE SUR  RODRIGUES
Le groupe BIRGER est engagé dans des actions bénévoles autour d’une politique qui vise à financer puis à intégrer de jeunes talents. Cette philosophie d’entreprise est orientée sur l’île Rodrigues où se concentrent 90% des actions. « Avec une population d’à peine 40 000 habitants, les impacts de nos actions sont beaucoup plus tangibles qu’à Maurice, explique le CEO de BIRGER. Il y a aussi des pôles de pauvreté très marqués là-bas et nous engageons des actions totalement bénévoles de distribution de goûters pour éviter que les jeunes scolarisés ne travaillent le ventre vide. » Parallèlement BIRGER finance chaque année les études d’une dizaine de jeunes Rodriguais qui ont la possibilité d’effectuer un stage au siège mauricien avec de belles perspectives d’intégration professionnelle.