Eco Austral

Découvrez tous nos articles en illimité. Je m’abonne

Logo Eco Austral
n

Eco Austral

Réunion

L’eau du robinet est-elle de bonne qualité ?

Pas moins de 3 000 prélèvements d’eau sont effectués chaque année et les échantillons analysés localement et, pour certains, envoyés dans des laboratoires en Métropole. De quoi montrer que la qualité varie beaucoup selon les communes.

Selon www.eaudurobinet.re, un site officiel mis en place par l’Agence régionale de la santé (ARS), 49 % des abonnés réunionnais sont « alimentés par des réseaux correctement équipés », contre 46 % qui sont « alimentés par des réseaux ne garantissant pas une sécurité sanitaire suffisante » et 5 % qui sont « alimentés par des réseaux pour lesquels le risque sanitaire est avéré (détection de parasites pathogènes) ou permanent (absence de désinfection) ». Quarante-six + 5 = 51 %, une majorité de Réunionnais ne boivent donc pas une eau satisfaisante ! L’ARS aurait ainsi détecté des parasites intestinaux (Giardia, Cryptosporidium) sur lesquels le chlore est inefficace et qui « peuvent occasionner des gastro-entérites dont la gravité varie en fonction de la sensibilité des personnes exposées ».
Le deuxième risque concerne le nitrate (NO3), d’origine agricole, mais la situation semble bonne de ce côté. « Les contrôles effectués en 2018 montrent que 79,4 % des captages délivrent une eau de très bonne qualité sur le paramètre nitrates (concentrations inférieures à 10 mg/l). » Certains échantillons ont cependant révélé des teneurs supérieures. Précisons qu’à partir de 50 mg/litre, comme c’est déjà arrivé en 2017, mais pas en 2018, l’exploitant du captage a l’obligation d’informer ses abonnés car cela peut présenter un risque de santé pour les femmes enceintes et les nourrissons, avec pour ceux-ci un risque sérieux de méthémoglobinémie infantile (*). L’interdiction de consommation pour toute la population intervient seulement si le seuil de 100 mg/l est dépassé.

Du glyphosate et de l’atrazine dans l’eau

Le troisième risque qui pèse sur l’eau potable concerne les pesticides et, là encore, la situation semble sous contrôle, même s’il faut rester vigilant : « Les contrôles réalisés en 2018 ont détecté la présence de pesticides sur 27 % des captages. Les régions Est et Sud sont les plus impactées par la présence de pesticides dans les nappes phréatiques (en lien avec une activité agricole plus importante). Néanmoins, les concentrations détectées sont restées faibles et largement inférieures aux valeurs guides sanitaires définies par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). » 
L’ARS préconise l’instauration de périmètres de protection autour des captages pour y remédier. Au 31 décembre 2018, seuls 60 % des 200 captages de l’île bénéficiaient d’une déclaration d’utilité publique (DUP) et donc d’un périmètre de protection. Il y a donc 40 % des captages qui sont soumis au risque de « lessivage » des terres agricoles lors des fortes pluies.
Contrairement à certains pays, La Réunion est relativement épargnée par le problème des « résidus pharmaceutiques » qu’on retrouve dans l’eau (provenant des médicaments absorbés par la population et évacués de façon naturelle par les urines). En effet, ses nappes phréatiques se situent en amont des zones d’habitation. Le risque existe cependant, en raison des animaux d’élevage dans les hauts de l’île, gros consommateurs d’antibiotiques et autres traitements pharmaceutiques. Les dispositifs de potabilisation ne sont pas équipés pour détruire à 100 % toutes les molécules pharmaceutiques. 

(*) Méthémoglobinémie : Dans l’organisme, les nitrates sont convertis en nitrites. Les nitrites réagissent avec l’hémoglobine dans les érythrocytes pour former la méthémoglobine, affectant la capacité du sang à transporter suffisamment d’oxygène jusqu’aux cellules de l’organisme.

Huit communes à risque
Selon le bilan 2018 de l’Agence régionale de la santé (ARS), huit communes ou quartiers étaient concernés par un risque microbiologique avéré, en majorité dans l’Est : Sainte-Marie, Bras-Panon, Saint-André, Saint-Benoît, la plaine des Palmistes 
et Salazie. Il faut y ajouter, dans le Sud, Cilaos et l’Étang-Salé.