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Madagascar

Les cocotiers de Soavoanio sous le signe de l’export

Sa cocoteraie de 4 800 hectares est l’une des plus grandes du monde et cette société publique vise une production de 19 millions de noix en 2018. De quoi se lancer dans l’export d’amande et d’huile de coco, mais aussi de cocotiers hybrides.

Détenue à 79,4% par l’État, la société Soavoanio, située sur la côte nord-est de la Grande île, a échappé au sort d’une centaine d’entreprises publiques malgaches. Elle a évité la faillite et la fermeture définitive suite à une importante restructuration en 2010. Elle ne parvenait plus à faire face à ses dépenses, ni à engager de nouveaux investissements indispensables pour la production. Et pour cause, à partir de 2008, la production avait diminué de moitié car les plants étaient sujets à la maladie et au vieillissement et les matériels vétustes. La situation s’est cependant améliorée suite à la nomination du fondateur, Claude Andréas Rostand, à la direction générale. Ayant obtenu carte blanche du pouvoir central, il a mené une importante opération de redressement. Pour renforcer les plants et lutter contre la maladie, il a opté pour les engrais biologiques. Il a pu aussi négocier un compromis avec les quelque 900 employés de la société pour éviter les licenciements. Certains ont été mutés dans des secteurs éloignés ou reconvertis à d'autres tâches. En conséquence, dès 2011, Soavoanio a réussi à dégager 5 000 euros de bénéfices. La production est passée de 4 millions de noix en 2010 à 12,4 millions en 2013 et seulement avec l’exploitation de la moitié des 4 800 hectares de la cocoteraie. Actuellement, Soavoanio continue sur sa lancée et vise pour 2018 une production de 19 millions de noix. Elle veut devenir un acteur majeur de la filière et compte relancer la production et l’exportation de coprah (amande de coco) et d’huile de coco. Les activités connexes ont d’ailleurs repris depuis 2013 dans les usines et points de stockage jalonnant la plantation.

Plusieurs unités de transformation ont ainsi été mises en place, à l’exemple d’une usine de production d'huile pouvant traiter 8 à 10 tonnes de coprah par jour. L’exploitation d’huile issue du coco constitue en effet un marché de niche. Représentant 2% à 3% de la production mondiale d’huile, elle rapporte plus que l’huile de palme car la tonne métrique s’achète à environ 1 000 euros. De plus, son usage est assez diversifié. Du temps où elle était opérationnelle, la société malgache Tiko Oil Products s’en était servie pour la production de beurre. Par ailleurs, Soavoanio veut se positionner comme fournisseur de cocotiers hybrides en visant les marchés des îles voisines. En effet, les semences hybrides produites localement sont très avantageuses car elles offrent de meilleurs rendements. Elles donnent des fruits dès la quatrième année, fournissant 100 noix par an ainsi que 50% d’huile. Pour atteindre ces objectifs, la société a sollicité un prêt d’un million d’euros auprès du Trésor public. En contrepartie, elle doit soumettre un business plan convaincant et accepter l’entrée du Trésor public au sein de son conseil d’administration tout en refusant toute « immixtion politique » dans sa gestion.