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Maurice

Les entreprises de services du numérique attendent la fibre optique

Alors que l'écosystème mauricien semble mûr techniquement et financièrement, certains acteurs peinent à exploiter leur potentiel et à l'exporter.

L'arrivée de la fibre optique devrait booster leur développement. « L’Internet de qualité est toujours aussi cher, de même que les liaisons allouées et spécialisées qui permettent de connecter différentes succursales à un siège social. Cela nous contraint à mettre de côté certains projets qui ne seront viables pour nos clients que si les prix de ces lignes sont abordables. » Dev Sunnasy, le directeur d’EDS (Enterprise Data Services), amer, ne mâche pas ses mots. Si certaines entreprises liées aux nouvelles technologies de la communication, en particulier dans le Business Process Outsourcing (BPO, externalisation des services d’entreprise), proposent avec succès leurs services à l'étranger et acquièrent un vrai savoir-faire, d'autres, plus spécialisées et donc générant plus de valeur ajoutée, souffrent. En particulier certaines SSII (Sociétés de services en ingénierie informatique), désormais plus connues sous la terminologie d’entreprises de services du numérique (ESN). Il s'agit d'illustrer les constantes évolutions dans l'univers numérique où l'on est moins orienté vers les technologies et plus vers les usages…

La question récurrente du coût des connexions

 EDS est présentée par son dirigeant comme un « intégrateur de réseaux qui fournit des infrastructures de câblage, avec mise en place des systèmes de communication des différentes unités et celle des contrôles d'accès ». L'entreprise a pu intervenir à Dubaï, auprès des hôtels Dubaï Al Arab et Jumeirah, en leur installant des services comme le Helpdesk (centre d'assistance pour aider les utilisateurs à résoudre un problème logiciel ou matériel), la messagerie collaborative (qui permet de travailler à distance à tout moment, de manière connectée ou asynchrone) et d'autres applications sur tablettes (iPad et Android) et smartphones (iPhone, Android). Les clients de ces hôtels peuvent ainsi acheter online des prestations au room service ou au spa.

L’export se pratique également chez DCDM Consulting, spécialisé dans le conseil, les technologies et l'externalisation. Pas moins de deux tiers de son activité se réalise à l'étranger dont un tiers en Afrique. « S'il y a encore dix ans, les prix de l'Internet étaient trop élevés, la concurrence a poussé à une réduction des tarifs, souligne Didier Bephage, Senior Manager de DCDM Consulting. Pour l'externalisation, et en particulier l'IT Resourcing, nous ne subissons pas de contrainte majeure, que ce soit en termes de services ou de coûts. L'offre exploitable est satisfaisante et la vitesse correcte. Quand nos techniciens effectuent de la maintenance, c’est comme si l’appareil se trouvait devant eux alors qu'il se trouve à 10 000 km. Et les choses devraient s'améliorer avec l'arrivée de la fibre optique.»
Les questions de la vitesse et surtout du coût sont souvent évoquées par certaines entreprises mauriciennes qui, devant l'étroitesse intrinsèque du marché, se doivent de proposer leurs services à l'étranger.

La fibre optique va bousculer l'offre

En 2001, avec son entreprise Data Communications Ltd (DCL), Ganesh Ramalingum s’est attaqué au monopole de Mauritius Telecom en devenant le premier fournisseur d’accès à Internet indépendant. « Nous voulions élargir notre gamme de services dont la vente de produits informatiques. Il y avait une réelle demande, surtout de la part des entreprises qui se plaignaient des prix élevés. » Mais ce n'est qu'en 2009 que le gouvernement mauricien a opté pour l’ouverture du marché. « Les autorités se trouvaient face à un dilemme : l'État, étant actionnaire majoritaire de Mauritius Telecom (MT), avait peur d'ouvrir le marché, analyse Ganesh Ramalingum. En conséquence, les tarifs n’ont pas baissé car la passerelle sur le câble SAFE est toujours tenue par l'opérateur historique. » En 2011, le ministère des Finances, sous pression de l'Outsourcing and Telecommunications Association of Mauritius (OTAM, l'association des prestataires de l’externalisation), décide de libéraliser complètement le marché. DCL en profite pour proposer ALICE (acronyme pour Activer une vie d'Innovation, de Communication et de Culture), une offre qui fait le pari non plus de facturer la vitesse, mais le volume. « Ce produit révolutionnaire ne rencontre qu'un succès timide auprès des entreprises, reconnaît le patron de DCL. Il s'agit avant tout d'un manque de compréhension d'Internet. »

L’arrivée du belge Belgacom

Mais l'ouverture du marché des télécommunications laisse espérer des changements, en particulier avec l'arrivée de Belgacom qui va vendre de la bande passante en gros aux fournisseurs d'accès à Internet. Cette entreprise belge fait partie du consortium propriétaire du câble South Africa Far East (SAFE). Elle a soumis une demande de licence de Networking Services Provider (fournisseur de réseau international) auprès de l’autorité mauricienne de régulation, l'Information and Communication Technologies Authority (ICTA). Attaqué, Sarat Lallah, CEO de Mauritius Telecom (MT), l’opérateur historique des télécommunications et leader du marché (85% des internautes), souligne la disponibilité de la bande passante rendue possible grâce aux investissements dans les câbles sous-marins à fibre optique, notamment LION2, EIG (East India Gateway) et WACS (West Africa Cable System). « Nous en avons commencé le déploiement de la fibre optique dès 1987. Nos investissements dans les différents projets de câble ont atteint 60,66 millions d'euros et devraient se chiffrer à 92,15 millions d'euros en 2015. » L'entreprise compte répondre également à l'offre faite par l'opérateur indien Bharat Telecom qui veut proposer de la fibre optique en « low cost ». « Les prix de la bande passante internationale d’une connexion 2 Mbps ont été divisés par plus de quatre, passant de 9 670 à 2 280 euros entre 2005 et 2013 », rappelle Sarat Lallah qui ajoute qu’il faut « comparer ce qui est vraiment proposé pour chaque tarif ».

Emtel bien ancré sur le marché

Autre opérateur proposant des offres Internet, Emtel a été le pionnier de la téléphonie mobile à Maurice, dès 1989, et demeure fortement implanté dans les entreprises. Un segment de marché auquel l’opérateur propose des services dédiés avec son Emtel Entreprises Solutions. Cela comprend leur connectivité à Internet, leurs besoins internes de transmission de données, la connectivité internationale, la redondance, le « Back Up and Disaster Recovery » (qui assure la sauvegarde et la reprise en cas de sinistre) et le « Managed Services » avec son centre de données. Devant le succès de ses services mobiles (650 000 clients), Emtel a lancé le « fixed-broadband » avec connectivité en fibre optique qui inclut également la connectivité des autocommutateurs téléphoniques privés (PABX) dans les entreprises.
« Nous investissons, en moyenne, chaque année, un milliard de roupies (25 millions d'euros) dans l'innovation », souligne Shyam Roy, CEO d’Emtel.