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On ne tire pas sur une ambulance !

Pour ouvrir le bal, chers lecteurs, je pourrais vous parler du soi-disant livre « choc » de Valérie Trierweiler sur son ex-concubin François Hollande. Mais vous avez dû en entendre beaucoup parler. Il y a même des versions PDF piratées qui circulent sur Internet, ce qui fera gagner un peu moins d’argent à l’ex-première dame de France qui ne se grandit pas vraiment avec ce règlement de compte médiatique. On ne tire pas sur une ambulance ! C’est interdit par le droit international humanitaire ! Mais on aimerait bien savoir quand même jusqu’où ira cette ambulance dans sa descente aux enfers. Aux dernières nouvelles, il paraît que le président français a l’intention d’aller jusqu’au bout de son mandat de cinq ans. Et pour couronner le tout, certains nous promettent du Sarkozy pour la suite, en plat de résistance… De quoi faire déprimer sérieusement les Français. Sarkozy-Hollande-Sakozy, c’est peut-être ça l’enfer ! En attendant, les Réunionnais ont pu bénéficié de quelques faveurs présidentielles. Étonné sans doute de n’être pas hué comme dans l’Hexagone et même acclamé par moments, comme on acclame un Père Noël descendu du ciel, François Hollande a distribué ses cadeaux. On peut citer le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) porté de 6% à 9% et des « emplois d’avenir » financés à 90% au lieu de 75% (un traitement social du chômage des jeunes). Pour la filière sucre, c’est encore flou. Il est question de sa pérennisation après la suppression des quotas en 2017. Et cela passera par des aides de l’État et de l’Europe… Toujours de la perfusion, en somme ! On ne parle plus de développement endogène ni d’intégration de La Réunion et de Mayotte dans leur environnement régional. Quand je dis « parler »,  je veux dire autrement qu’en langue de bois, à travers une vision et un projet qui puissent mobiliser les Réunionnais. Et les faire sortir du débat sur l’égalité qui consiste à se comparer sans cesse à la moyenne nationale. Le PIB par habitant, l’équipement des ménages, le nombre de chômeurs… Tous les chiffres sont comparés à une moyenne nationale qui, par définition, ne veut rien dire tant les situations sont différentes d’une région à une autre. Avez-vous déjà comparé le PIB par habitant de la Lozère avec la moyenne nationale ?
Au sommet de la Commission de l’océan Indien (COI), à Moroni, on n’a pas manqué non plus de langue de bois, mais avec de belles envolées lyriques sur « l’indianocéanie ». Les sujets qui fâchent ont été soigneusement écartés. Comme Mayotte, qui est un peu à la France ce que la Crimée est à la Russie avec les Comoriens dans le rôle des Ukrainiens et l’ONU qui leur donne raison. Mais l’ONU n’est qu’un « machin » dont se moque d’ailleurs Israël depuis belle lurette. On peut comprendre que les Mahorais préfèrent avoir affaire à François Hollande plutôt qu’aux sultans batailleurs. Une raison supplémentaire de lui mettre autour du cou un magnifique collier de fleurs. Cela dit, si les Mahorais ont échappé jusqu’à présent à la colonisation par Moroni, l’immigration clandestine, qui se développe au même rythme que le nouveau département, pourrait bien avoir raison de leur souveraineté. C’est quand même un sacré problème auquel la COI aurait vocation à s’attaquer si le sujet n’était pas tabou. L’avenir de Mayotte passe en effet par le développement du reste de l’archipel, seul moyen de mettre fin à l’immigration clandestine et aux morts dont elle est responsable. Reste à savoir si les dirigeants comoriens souhaitent ce développement ou s’ils ne préfèrent pas attendre l’aboutissement de la lente colonisation actuelle du département français. Selon les propres chiffres de l’Insee, quelque 38% des habitants de Mayotte sont aujourd’hui des Comoriens, entrés clandestinement pour la majorité. Selon le point de vue de Moroni, ils sont chez eux puisque Mayotte fait partie des Comores. Ce qui énerve évidemment les Mahorais et rend la situation explosive. Une sacrée pierre dans le jardin de l’indianocéanie, cet avenir que la COI propose de « bâtir ensemble ».