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Madagascar

Une plateforme web de « malherbologie » pour améliorer la production agricole

La malherbologie, c’est la science de la lutte contre les mauvaises herbes et depuis 2013, le projet Wikwio la vulgarise à Madagascar. Car les mauvaises herbes peuvent être responsables d’une importante perte de rendement.

« Si l’on peut améliorer la pratique du désherbage par les agriculteurs, ils vont gagner du temps dans leurs travaux mais aussi en efficacité. Cela leur permettra de produire plus et Madagascar pourrait devenir, de ce fait, un producteur extrêmement important. » C’est l’avis du Dr Thomas Le Bourgeois, chercheur spécialisé en malherbologie tropicale et directeur de recherche au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

UNE PERTE JUSQU’À 80% DE LA PRODUCTIVITÉ

Les mauvaises herbes ou adventices constituent actuellement une contrainte majeure dans la production agricole. L’inefficacité dans leur contrôle est l’une des principales causes de la perte des récoltes, de l’ordre de 30% en moyenne dans le pays. Une variété qui s’attaque notamment aux cultures de riz pluvial et de maïs, dans la région moyen ouest, est même considérée comme très dévastatrice car pouvant occasionner une perte de plus de 80% du de la productivité. De plus, compte tenu du caractère rudimentaire de l’agriculture malgache, la technologie est presque inexistante et le travail se fait encore manuellement. Le désherbage occupe ainsi jusqu’à 50% du temps de travail. Cela ralentit le développement du secteur primaire qui représente pourtant près du tiers du produit intérieur brut (PIB).

DES FORMATONS AUPRÈS DES ENFANTS DE PAYSANS

Pour remédier à la situation, le pays a participé au projet Weed Identification and Knowledge in the Western Indian Ocean (Wikwio), lancé en 2013. Financé par le programme ACP-Science et technologie II de l’Union européenne, le projet a été développé par le Cirad en association avec différents partenaires dont le centre national de recherche appliquée au développement rural (Fofifa). Concrètement, il porte sur la mise en place d’un outil collaboratif de reconnaissance et de partage de connaissances consacré aux plantes spontanées qui font concurrence aux cultures dans l’ouest de l’océan Indien et en Afrique australe. 
Wikwio se décline sous la forme d’un portail web et de deux applications mobiles dédiées à l’identification et à la collecte des ob-servations de mauvaises herbes. En effet, pour pouvoir mener une lutte efficace, il faut bien connaître leur écologie et leur biologie. L’échange d’expérience, tout en créant une base de données sur ces adventices, s’avère judicieux pour les agents de vulgarisation, les étudiants, les agronomes, les chercheurs, les agriculteurs et les enseignants universitaires. « L’objectif est de mettre en réseau tous ces acteurs du développement agronomique afin de partager leurs connaissances et d’optimiser les pratiques de gestion des mauvaises herbes, explique le Dr Thomas le Bourgeois. Via des encadrements, ils pourront aider les agriculteurs et les paysans qui ne peuvent accéder directement à la nouvelle technologie. » Au cours de ces derniers mois, des formations ont été réalisées auprès des enfants des paysans. Grâce à ce projet, la Grande île espère pouvoir doubler sa production agricole.