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Kristina Samudio (groupe Eclosia) : « Nous devons aller plus loin dans la responsabilité sociétale des entreprises »

Pour la Sustainability Manager de la quatrième entreprise mauricienne (et dixième régionale), l’étatisation du dispositif de CSR (Corporate Social Responsibility) – responsabilité sociétale des entreprises (RSE) en français – oblige à mener une réflexion de fond.

L’Eco austral : Comment Eclosia a-t-il vécu la réforme du dispositif de CSR (Corporate Social Responsibility) ?
Kristina Samudio
: Aujourd’hui, 75 % des fonds doivent être reversés directement à la NCSR Foundation (National Corporate Social Responsability) via la MRA (le fisc mauricien – NDLR). Les entreprises n’ont donc quasiment plus de droit de regard sur les projets soutenus grâce à leurs fonds et de nombreux projets en ont souffert. Ce qui est regrettable, c’est que ce changement est intervenu de manière assez brusque et les entreprises n’ont pas eu le temps de réorganiser leurs équipes et de revoir leur manière d’accompagner les projets sur le terrain. Du coup, elles ont dû se désengager de certains projets déjà mis en oeuvre. Par exemple, Kinouété, ONG s’occupant de la réhabilitation et de la réinsertion des détenus, s’est retrouvée contrainte de fermer son centre résidentiel pour les femmes ex-détenues car les entreprises ont eu à réduire leur contribution. Sur le principe, la mise en place d’une fondation nationale a l’avantage de permettre une mutualisation des fonds et une coordination des actions. Mais nous attendons que les priorités soient clairement définies à travers un plan national. Cela n’est possible qu’en travaillant en collaboration et en toute transparence à tous les niveaux.

N’est-ce pas l’opportunité pour les entreprises de s’engager dans un vraie politique de RSE ?
C’est en effet l’opportunité de se libérer d’une conception parfois réductrice de la RSE. Pendant trop longtemps, la RSE a été réduite aux simples actions de philanthropie. Beaucoup d’entreprises ont contribué à des actions sociales ou culturelles de manière volontaire. Des actions louables mais sans lien réel avec leur activité. Aujourd’hui, nous avons l’occasion d’aller beaucoup plus loin… Il s’agit de s’interroger sur la manière dont nous faisons notre métier et sur notre impact et notre apport à la société en général. Tout cela doit permettre un vrai développement inclusif où toutes les parties prenantes sortiront gagnantes : l’entreprise, les populations vulnérables, l’environnement… Bref, la société dans son ensemble. Beaucoup de groupes ont déjà entamé une réflexion et des actions dans ce sens.

Pouvez-vous nous parler des actions d’Eclosia en RSE ?
Par exemple, les Engagements Chantecler qui touchent au développement durable d’Avipro (producteur de poulets – NDLR) dans son ensemble. L’entreprise a défini quatre axes desquels découleront des actions concrètes pour créer de la valeur ajoutée dans notre société : durabilité et renouvellement des ressources, excellence sanitaire, développement humain et social, innovation sociétale et business inclusif.  
Autre exemple : LFL (producteur d’aliments – NDLR) et Avipro accompagnent des familles vulnérables pour leur apprendre le métier de l’élevage de poules pondeuses. Au final, ces familles deviennent plus autonomes, autosuffisantes en œufs et bénéficient d’une source de revenus supplémentaire.
On peut citer encore le projet de KFC visant à améliorer l’employabilité des sourds et malentendants grâce à une collaboration étroite avec le ministère de la Sécurité sociale et l’École des sourds, qui a permis à une vingtaine de malentendants d’avoir un emploi dans les KFC. Il y a aussi l’initiative de Maurilait menée avec l’Apeim (Association de parents d’enfants inadaptés de l’île Maurice) pour la mise en place d’une blanchisserie permettant aux autrement capables de s’épanouir personnellement et professionnellement.