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Les premiers signes d’une reprise à venir

Même si début mars, le Premier ministre n’était toujours pas nommé, la Grande île avance néanmoins avec un président qui s’efforce de regagner la confiance des bailleurs de fonds.
« Madagascar a tourné la page des crises et de l’impunité. » Déclaration de Hery Rajaonarimampianina à l’AFP lors de son déplacement à Washington le 18 mars. Le nouveau président de Madagascar a entrepris une opération séduction auprès du FMI et de la Banque mondiale. « Après cinq années d'absence, il était temps qu'on renoue ces relations (avec la communauté internationale), explique le chef d’État. Il faut aller très vite. Je prévois des taux de croissance économique importants, peut-être à deux chiffres, dans les années à venir, c'est ça l'objectif pour sortir le pays de la pauvreté. La tâche est lourde mais je regarde devant moi et je vois qu'il y a beaucoup de mains tendues pour me soutenir. Et Madagascar a beaucoup d'atouts. » Hery Rajaonarimampianina s’engage aussi à mettre en place l’État de droit à Madagascar : « Sécuriser les biens, les personnes et les investissements, mettre en place une justice impartiale et équitable et lutter contre la corruption, voilà autant de défis qui me semblent urgents. Les lois doivent s'appliquer de la même manière à tout le monde, qu'ils soient dirigeants ou simples citoyens, afin qu'il n'y ait pas d'impunité. La stabilité se construit jour après jour. »
LE FMI A RECONNU LES NOUVELLES AUTORITÉS
Sur sa revendication des îles Éparses, conservées par la France après l’indépendance de la Grande île, le président se montre prudent : « Je n'ai pas parlé de revendications mais de négociations, ce sont des îles qui ont fait l'objet de beaucoup de débats. On est en train de relancer ces négociations avec la France (…) Il y a des propositions pour une cogestion. Y a-t-il des meilleures formules ? On va essayer de voir ça. À mon avis, la France ne serait pas contre une mutualisation des intérêts avec Madagascar. » Mais le sujet du moment, c’est surtout les relations avec les bailleurs de fonds qui s’impatientent face aux retards dans la nomination d’un Premier ministre. Suite à la crise politique, et à la non-reconnaissance du gouvernement de transition, les grands donateurs, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, avaient coupé le robinet, accélérant le départ des investisseurs et aggravant les maux économiques du pays qui a tout de même fait preuve d’une résilience étonnante. Suivant le mouvement impulsé par les Etats-Unis, l'Union européenne a privé Madagascar de près de 600 millions d'euros de financement. Seules des aides d'urgence humanitaire ont été maintenues. « Au cours des cinq dernières années, il y a eu un très faible niveau d'activité économique et d'investissement, couplé à une détérioration des indicateurs sociaux », résume George Tsibouris, chef de la mission du FMI dans le pays. Selon la Banque mondiale, quelque 30 000 emplois ont été directement détruits dans le fracas du coup d'État, notamment du fait de la suspension de l’AGOA (African Growth Opportunity Act), accord douanier avec les Etats-Unis. Selon le bailleur de fonds, plus de 90% de la population vivrait actuellement avec moins de deux dollars par jour, un taux quasiment sans équivalent sur la planète, mais qu’il faut prendre avec une certaine prudence car une grande partie de l’économie demeure informelle. C’est d’ailleurs, sans aucun doute, ce qui explique la résilience du pays.
La visite du nouveau président malgache à Washington se révèle cruciale car les grands donateurs attendent traditionnellement le feu vert du Fonds monétaire international pour reprendre leur coopération. Le FMI a déjà levé une hypothèque majeure en indiquant qu'il reconnaissait officiellement les nouvelles autorités. « Cette reconnaissance est un pas extrêmement important, mais il faudra un programme du FMI pour faire revenir les grands donateurs de façon optimale », souligne Haleh Bridi, « Country Manager » de la Banque mondiale, qui a d’ailleurs quitté son poste à Tananarive pour Maputo, au Mozambique.
PRIORITÉ À L’INFRASTRUCTURE ROUTIÈRE
Deux indices constituent une épée de Damoclès sur l’économie malgache à court terme : les prix du carburant et la valeur de l’ariary. Depuis la subvention des prix du carburant à la pompe mise en place par le gouvernement de Transition, Madagascar a connu une relative stabilité sur les prix à la consommation. Mais on parle désormais de hausses significatives. La possibilité d’une dévaluation progressive de l’ariary, qui a commencé avec une première perte de valeur constatée à la fin du mois de janvier, est aussi à prendre en compte. Elle pourrait d’ailleurs figurer parmi les conditions posées par la Banque mondiale et le FMI. Autant de mesures impopulaires car elles entraîneront inévitablement des hausses des prix à la consommation.
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