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Madagascar, qui doit importer du riz, souffre encore d’un manque de productivité de son agriculture.
Madagascar

Les propositions du cercle de réflexion des économistes

Actif en tant que « think tank » depuis une dizaine d’années, le cercle de réflexion des économistes de Madagascar (Crem) a proposé des mesures pour un développement effectif qui passe par davantage d’autonomie.

Madagascar, qui doit importer du riz, souffre encore d’un manque de productivité de son agriculture.
Madagascar, qui doit importer du riz, souffre encore d’un manque de productivité de son agriculture.   Photo : Alain Foulon
 

Le Cercle de réflexion des économistes de Madagascar propose quatre mesures principales dont une baisse des taxes, un crédit d’impôts ou un délai de grâce pour les entreprises les plus touchées par la crise sanitaire afin de leur permettre de dégager des liquidités. Pour permettre au secteur privé de sauver ses emplois, il propose la création d'un fonds dont une partie pourrait provenir de bonds du Trésor mis à disposition de la Banque centrale sous forme d'une avance au Trésor public. Cela permettrait d'attribuer des marchés publics dans des secteurs productifs. Des critères de performance seraient alors imposés aux entreprises avec des sanctions en cas de défaillance. Le financement des entreprises devrait aussi être revu avec l’objectif de baisser les taux d'intérêt en les fixant à un maximum 10 %. En guise de soutien plus prononcé aux PMI/PME, une banque d'État proposant des taux préférentiels devrait être créée. Son capital serait constitué entre autres par les « épargnes dormantes » comme l'argent de la Caisse nationale de prévoyance sociale et des sociétés d'assurance à participation publique. 

Augmenter le budget de l’État 

À moyen et long termes, le Crem soutient la nécessité d’une forte mobilisation du pays pour un développement effectif. Il prône en ce sens une prise d'initiative nationale, systémique et financière. Chaque élément de la société, des instances officielles aux citoyens, devra être responsabilisé et toutes les mesures économiques, structurelles, sociales, institutionnelles ou culturelles pouvant accompagner cette mobilisation devront être initiées. 
Le recadrage des accords financiers internationaux et la réadaptation des lois bancaires et financières s’avèrent nécessaires. Et le Cercle souligne l'importance de la création d'une banque commerciale et de développement omnipotente. Elle devra couvrir le maximum de zones géographiques afin d'encourager l'usage des monnaies scripturales. Les instances dirigeantes devront en outre prendre conscience de l'importance des politiques économiques prudentes. En plus de la création monétaire, il faut augmenter le budget de l'État jusqu'à environ 40% du PIB, financé principalement par un choix financier dynamique et les déficits par des méthodes multiples de recyclage financier. La politique budgétaire prudente ne devrait pas en effet signifier équilibre budgétaire annuel car « des politiques anticycliques sont plus efficientes et soutenables ». 

Les activités de recherche devront être soutenues 

Le Crem appelle par ailleurs à mettre à profit les avantages naturels du pays par le biais de la mobilisation de la population pour une plantation vivrière massive afin de garantir l'approvisionnement alimentaire. Il faut ainsi organiser la collecte en aval et, dans la foulée, lancer un mouvement de pléthore identique pour les produits agricoles industriels et d'exportation. Et il faut aussi amorcer l'industrialisation tous azimuts, notamment l’industrie lourde suivant des conditions concrètes. Les activités de recherche devront par la suite être fortement soutenues par l'ouverture d'instituts et d'ateliers variés. La formation, la mobilisation et la responsabilisation systématique des chercheurs, ainsi que leur dotation prioritaire de moyens d'initiative, s’avèrent primordiales. Cet épisode du coronavirus soulève la nécessité de se constituer des secteurs de souveraineté pour être résilient face à ce genre de crise importée. « Parmi ces secteurs, nous prônons celui des produits de premières nécessités avec en première ligne l'agroalimentaire et l'agro-industrie. C'est le moment de renforcer la production interne pour plus d’autonomie. »