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Réunion

Les yachts en manque d’infrastructures portuaires

La Réunion ne possède pas de mégayachts mais quelques bateaux valent le détour. Le problème, c’est le manque de places au port. Pas moins de 300 demandes d’emplacement ne sont pas satisfaites.

Tous ceux qui flânent au port de plaisance du Port connaissent sa silhouette : l’Atama 3 fait partie du décor, toujours amarré près de la capitainerie. C’est le plus beau trawler de La Réunion. C’est un Grand Banks 48, un modèle construit en 1973 par American Marine Ltd à seulement 64 exemplaires. Il est en effet entièrement en teck de Birmanie, le chantier naval s’étant ensuite tourné vers le polyesther.
L’Atama 3 mesure 48 pieds (14 m 80) et offre à ses passagers de grands espaces de vie et trois cabines très confortables (surtout la « propriétaire » à l’arrière) qui permettent vraiment de vivre à bord. La salle des machines, au centre du navire, est très grande et permet de circuler aisément autour des deux moteurs diesel pour leur entretien. L’Atama 3 a été estimé un moment à 165 000 euros, ce qui n’est pas mal pour un bateaux âgé de 25 ans.

Deux magnifiques voiliers First

Il y a aussi à La Réunion des « voileux », ces passionnés de bateaux mais qui n’aiment pas l’odeur du diesel et lui préfèrent la caresse du vent. Les plus furieux ont leurs habitudes au CNP (Club nautique portois) qui possède deux magnifiques First : Sailfish, un Class Europe de 11 m 38 (3 100 kg) équipé pour la régate, et Col’Vento, un Class 38s5 (74 mètres carrés de toile) orienté croisière. Ces deux voiliers comptent parmi ceux qui effectuent le plus de sorties en mer par an de toute La Réunion. Le club organise régulièrement des régates mais aussi des traversés vers Maurice (140 milles nautiques, soit 24 à 36 heures) ou Madagascar (400 milles nautiques, soit quatre à sept jours, car les vents sont contraires). 
Plusieurs Réunionnais fortunés possèdent un bateau mais il semblerait que les plus beaux ne soient pas ici, mais plutôt dans le nord de Madagascar, à Maurice, voire aux Seychelles. Une des raisons est le manque cruel d’infrastructures pour la plaisance de luxe et les grosses unités. Par exemple, le Maloya, le catamaran de 21 m 85 de la société Festiyacht, ne peut accoster qu’à Saint-Pierre ou à la Pointe-des-Galets, et encore, en dehors des emplacements !

Les darses de plaisance sont saturées

Concrètement, la darse de plaisance du Port, la plus grande de l’île avec ses 480 anneaux, accepte les bateaux de 30 mètres maxi, 8 mètres de large et ayant un tirant d’eau de 2 m 20 à 5 mètres selon l’emplacement. Un ponton de 35 mètres de long, juste devant la capitainerie, est réservé aux navires de passage, mais il est quasiment toujours occupé. La nouvelle darse de plaisance Titan, un investissement de 14 millions d’euros (État, Europe, Territoire de la Côte Ouest (TCO), Région, Ville), livrée en septembre 2015, s’est remplie dès sa livraison ! Elle accueille 67 navires jusqu’à 16 mètres de long et 5 mètres de large.
Vous l’avez compris, le catamaran Maloya (21 m 85 X 10 m 55) peut accoster, mais en dehors des emplacements. Idem à Saint-Pierre, qui dispose de 369 emplacements, prévus pour les bateaux de 17 mètres maxi et dont le tirant d’eau ne dépasse pas 2 m 20.
Les quatre autres ports réunionnais sont encore plus limités : Saint-Leu (120 places, longueur maxi 7 mètres, 0 m 40 de tirant d’eau), Étang-Salé (120 places, maxi 7 mètres, 0 m 50 de tirant d’eau), Sainte-Rose (maxi 12 mètres, 2 m 20 de tirant d’eau) et Sainte-Marie (180 places, maxi 11 mètres, 2 mètres de tirant d’eau et 12 m 64 de tirant d’air, à cause de la structure en tubes jaunes qui barre l’entrée du port aux grands voiliers).
La Réunion ne dispose que de 1 500 anneaux pour les bateaux de plaisance, ce qui est nettement insuffisant pour oser espérer développer cette activité. On estime à 300 le nombre de demandes d’emplacement non satisfaites !