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Afrique

L’essor considérable de la responsabilité sociale des entreprises

La responsabilité sociale des entreprises (RSE) – que les anglo-saxons appelle Corporate Social Responsability (CSR) n’est plus un vain mot sur le continent africain Les communautés comme les investisseurs ont à y gagner en développement durable.

L’image d’Épinal de la multinationale venant en Afrique pour les ressources naturelles et laissant la population baigner dans la pauvreté la plus abjecte a de moins en moins cours. Investisseurs et gouvernements sont en effet de plus en plus nombreux à y veiller. À l’image de ce qui s’est passé le 27 novembre 2013 à Accra, au Ghana, où est née une Coalition africaine pour la responsabilité sociale des entreprises (ACCA). Des organisations de la société civile d’une dizaine de pays – dont l’Afrique du Sud, le Kenya, la République démocratique du Congo (RDC), le Zimbabwe et le Burundi – ont ratifié une charte qui vise à pousser les États africains à renforcer l’encadrement et le respect des droits des travailleurs. « Nous veillerons à ce que les pays du continent s’engagent à promouvoir la responsabilité des entreprises », ont notamment écrit en conclusion les signataires de la charte.

LA RSE INTÉGRÉE DANS LA STRATÉGIE DE COMMUNICATION DES ENTREPRISES

Réalisant les bénéfices qu’elles peuvent en retirer en termes d’image et de recrutement, les entreprises ont massivement lancé leur programme de responsabilité sociale ces dernières années sur le continent. Dans le domaine des télécommunications, les firmes profitent du marché africain – en croissance de 20% par an – pour lisser leur image à travers des fondations. De l’Indien Airtel à l’Anglo-sud-africain Vodacom, les médias nationaux des pays où ils opèrent ne cessent de relater les dons de nourriture, de vêtements ou de livres à des écoles ou des orphelinats. En janvier dernier, suite à un don de matériel à un orphelinat de Lusaka, la capitale de la Zambie, Airtel soulignait que « ce don est en accord avec la politique de responsabilité sociale de l’entreprise car il vise à aider les moins privilégiés de la société ».

TOUS LES SECTEURS SE METTENT À LA RSE

La fondation pour l’Afrique du géant américain Coca-Cola paie les soins relatifs au HIV aux familles de ses 60 000 employés sur le continent. L’Afrique de l’Est et australe, connue pour ses safaris, se dote aussi de la RSE dans le tourisme. C’est même devenu un critère important pour certains des clients occidentaux qui veulent que l’argent versé bénéficie à la population. Au Kenya et en Tanzanie, certaines compagnies de safaris et des lodges reversent un pourcentage de leurs bénéfices à des projets de développement, communiquant d’ailleurs sur ce volet de tourisme solidaire.
Dans un rapport publié en 2011 sur la RSE, le consultant international Eugène Nizeyimana, basé à Londres, faisait remarquer que « les mines, le gaz et le pétrole sont les secteurs proposant les programmes les plus avancés en Afrique ». Peu avare en scandales ces dernières années – environnement souillé en Tanzanie, évasion fiscale de grande ampleur en Zambie et en RDC -, le secteur de l’extraction est soumis à plus d’audits financiers de la part des gouvernements. Les sociétés sont plus transparentes et se consacrent davantage à la RSE. Les compagnies n’hésitent pas à financer la construction d’écoles, de terrains de sport, de dispensaires, l’installation de l’eau courante et de l’électricité dans les villages proches des mines, allant parfois jusqu’à payer les vaccinations des enfants. Pour le centre d’études canadien Fraser, spécialisé dans l’analyse du secteur minier, cette situation c’est du gagnant-gagnant : « Les entreprises minières qui ont de tels programmes avec les communautés où elles travaillent leur apportent des bénéfices durables. En retour, ça leur facilite l’intégration et la pérennité sur place. »