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Megh Pillay de retour aux commandes d’Air Mauritius

Ce grand commis de l’État, qui a toujours évité de se compromettre avec les pouvoirs politiques en place, avait dirigé la compagnie nationale de septembre 2003 à octobre 2005 en se montrant prudent en matière d’ouverture du ciel.

C’est alors qu’il dirigeait Mauritius Telecom, de 1993 à 2003, que cette entreprise était devenue la plus profitable du pays. Megh Pillay n’a plus à prouver ses talents de gestionnaire… Ni son indépendance de grand commis de l’État qui lui a permis de travailler sous différentes majorités politiques. Avec quand même une traversée du désert entre 2005 et 2009. Selon certaines informations, il aurait d’ailleurs démissionné de son dernier poste de CEO de la SIC (State Trading Corporation (SIC), l’organisme para-public chargé de l’importation des produits stratégiques, en raison d’une mésentente avec un ministre. 

UNE MEILLEURE GOUVERNANCE ET UNE STRATÉGIE CLAIRE

Moins d’un an plus tard, le voilà qui, à la surprise générale, fait son retour à Air Mauritius, compagnie qu’il avait dirigée durant un peu plus de deux ans, à un moment où le ciel mauricien commençait à s’ouvrir. Un poste très convoité mais aussi très sensible. Certains parlent de « siège éjectable ». Sera-t-il l’homme providentiel alors que la compagnie a affiché 22,9 millions d’euros de pertes dans son exercice clôturé au 31 mars 2015 ? Peut-être si on lui laisse revoir sa gouvernance d’entreprise et définir une stratégie de développement plus claire. Ces derniers temps, on avait plutôt l’impression d’un pilotage à vue. Sans parler d’une qualité de service qui ne s’améliorait pas vraiment. L’ouverture du ciel, Megh Pillay n’y est pas opposé, mais il souhaite des contreparties. Il n’a d’ailleurs jamais approuvé les conditions dans lesquelles s’est faite l’arrivée d’Emirates sur un marché existant, sans apporter de nouveau marché, mais en profitant du marketing de la destination. 

DE GROS CHALLENGES À RELEVER

Dans un entretien accordé à L’Eco austral en 2004, alors qu’il occupait le poste de CEO d’Air Mauritius depuis six mois, il déclarait : « Nous ne cherchons pas à défendre un monopole et nous sommes favorables à la concurrence. Nous souhaitons qu’Air Singapore, Air India et Cathay Pacific reviennent car elles permettent de promouvoir leurs destinations, elles ont la capacité de générer du trafic dans tous les points « hub » qu’elles gèrent. » Une vision toujours actuelle alors que Maurice veut capter de nouvelles clientèles touristiques en Asie. Le nouveau pilote de la compagnie devra aussi gérer l’épineux dossier du renouvellement de la flotte. Autant de challenges pour ce gestionnaire qui n’oublie pas d’être stratège et dont le retour aux commandes rassurent ceux qui commençaient à douter de l’avenir d’Air Mauritius. Rigoureux et intègre, ce serviteur de l’État n’est pas l’homme des compromissions ni du double langage. Réservé, presque timide, il se montre néanmoins solide en amitié et ceux qui le connaissent apprécient ses qualités  humaines.

ITINÉRAIRE D’UN REDRESSEUR
Formé au collège royal de Curepipe, puis à l’université d’État de Louisiane (LSU), à Bâton-Rouge, aux Etats-Unis, Megh Pillay est un spécialiste de la gestion d’entreprise et l’homme des redressements. Il a dirigé avec doigté plusieurs entreprises para-publiques et privées. De décembre 1988 à juin 1993, il est à la tête de l’Agricultural Marketing Board, puis, pendant dix ans, il se charge des destinées de Mauritius Telecom à une période cruciale de son développement. On le retrouve ensuite pendant un peu plus de deux ans à la tête d’Air Mauritius. Ce sera ensuite une tra-versée du désert de quatre ans, avant de le voir rebondir à la Financial Services Commission, organisme régulateur du secteur financier, pendant moins d’un an. Son dernier poste, depuis août 2010, était celui de CEO de la State Trading Corporation (STC), organisme para-public chargé de l’importation des produits stratégiques.