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MT parie sur le mobile money

Mauritius Telecom (MT) l’opérateur de télécommunications national (partiellement privatisé) a lancé en août dernier le service de portefeuille électronique my.t money. Un vrai pari pour MT car le taux de bancarisation de l’île frôle les 85 %

La technologie existe depuis un moment déjà et est utilisé par des millions d’Africains continentaux. Le pionnier est Safaricom (filiale du groupe de télécommunication britannique Vodafone) qui a lancé M-Pesa au Kenya en 2007. Il s’agit d’un succès gigantesque, le modèle est désormais reproduit dans environ 90 pays et plus de 80 % du continent africain est aujourd’hui couvert par des services d’argent mobile. Cette réussite africaine s’explique par le faible taux de bancarisation du continent (environ 16 %). Aujourd’hui on compte en Afrique à peu près 346 millions de comptes de mobile money contre 120 millions de comptes bancaires.
À Maurice, au contraire, plus de 85 % des Mauriciens ont un compte bancaire. La question qui se pose donc est de savoir si cette offre plaira aux Mauriciens. MT semble miser sur sa large gamme de services. Le portefeuille se décline en une application mobile et une carte, et pour créer son compte, seule la carte d’identité est demandée et pas une preuve d’adresse. L’application permet aussi de payer les factures de Mauritius Telecom, munies de codes QR, de transférer de l’argent à d’autres utilisateurs sans frais, de réalimenter son téléphone, de partager une facture avec d’autres utilisateurs et même de gérer des sous-comptes (fonction destinée aux parents). Une campagne intensive est aussi faite auprès des commerçants : des réductions sont proposées dans plusieurs commerces depuis le lancement. Plusieurs commerces qui ne proposent pas de facilité de paiement par carte bancaire adopte le paiement par my.t money et se munissent d’un code QR.
Il est bon de souligner que les services de mobile money seront des défis logistiques assez importants. En effet, il existe pour le moment seulement 20 agences de vente de Mauritius Telecom (des telecom shops) sur le territoire et il est possible d’alimenter le portefeuille de comptes de trois banques seulement : Bank One, Maubank et la SBM (State Bank of Mauritius). Au Kenya, en comparaison, le territoire est couvert par plus de 60 000 agents pour une population de plus de 50 millions (1,3 million à Maurice) et alimentent plus de 17 millions de portefeuilles (chiffres de 2017). Les agents permettent de retirer de l’argent et/ou d’alimenter le portefeuille. 

Mobile money ou mobile banking ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, my.t money ne concurrence pas les services de mobile banking. En effet, quand on parle de digital banking (banque numérique), la distinction entre mobile money et mobile banking est pertinente. Un portefeuille électronique (comme my.t money) est un service de mobile money car il ne requiert pas de compte bancaire. Un service de mobile banking permet lui de réaliser des opérations bancaires à partir d’un téléphone mobile. À Maurice, le service de mobile banking le plus populaire est l’application mobile Juice de la MCB (Mauritius Commercial Bank). Près de 250 000 Mauriciens l’utiliseraient et le service traiterait 1,2 million  de transactions mensuellement. Preuve que ces services ne sont pas concurrents, Abraham Rawat, Head of Retail de la MCB, annonce que « d’ici quelques mois, nos clients pourront utiliser leurs comptes afin d’alimenter leur portefeuille électronique ». Au Kenya, les services de mobile money proposés par M-Pesa évoluent. Les utilisateurs peuvent depuis cette année obtenir un découvert directement sur leur portefeuille. Le service baptisé Fuliza permet aux utilisateurs d’emprunter jusqu’à 50 000 shillings (435 euros) avec un intérêt de 0,5 % par jour.