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Afrique

Namibie : crise de croissance ?

Après des décennies de forte croissance, la Namibie est en récession. Les prix des matières premières ont chuté et l’agriculture est frappée par la sécheresse. De quoi s’interroger : 2020 sera-t-elle l’année du rebond ?

Située en Afrique australe et indépendante depuis 1990, la Namibie est la septième économie d’Afrique australe en termes de PIB (13 milliards de dollars en 2017) et la troisième en termes de PIB par tête (5 589 dollars/habitant, COFACE, 2019). Cet ancien protectorat de l’Afrique du Sud est surtout l’un des principaux exportateurs de diamants ; si sa production est moins importante que celle de l’Afrique du Sud, du Botswana et de Zimbabwe, elle représente tout de même près de 70 % de toutes ses exportations minières.
Le pays figure aussi, en valeur, parmi les premiers au monde avec une moyenne de 545 dollars par carat. Mais la Namibie est également parmi les plus grands producteurs d’uranium de la planète avec 10 % de la production mondiale. La mine de Husab est la troisième plus grande mine d’uranium à ciel ouvert au monde. 

État d’urgence

Si les produits miniers représentent 40 % des exportations totales du pays, la chute brutale des cours, en 2016, a démontré la trop grande dépendance du pays envers ses ressources minérales. 
D’autant que le secteur emploie peu de salariés : 4 500 personnes, dont 1 500 contractants, selon nos confrères du Point. En outre, la sécheresse, qui frappe le pays depuis 2016, a impacté les cultures de maïs, de mil et de sorgho. Or, si l’agriculture ne représente que  7 % de l’économie, elle emploie 20 % de la population active (Banque mondiale, 2017). 
Les pénuries d’eau affectent directement les habitants : ainsi, près d’un Namibien sur cinq n’a pas accès à une nourriture suffisante. Face à cette situation, l’état d’urgence a été décrété. Le pays, qui a sollicité l’aide internationale, est même forcé de vendre aux enchères des animaux sauvages ! Ce qui est d’autant plus paradoxal que le tourisme contribue directement à 14 % du PIB (Rapport 2018 du Conseil mondial du tourisme et du tourisme). De fait, l’économie est entrée en récession. 
La croissance de l’ex-colonie allemande pourrait d’autant plus être impactée que les économies de ses partenaires commerciaux, l’Afrique du Sud et l’Angola, sont elles aussi sous pression. Pretoria est en effet son premier partenaire commercial. Et le dollar namibien est indexé au cours du rand. Résultat : l’inflation de la Namibie est totalement dépendante de la devise sud-africaine, une des plus volatiles au monde.

Reprise faible

Windhoek subit également la baisse des recettes douanières, versées par l’Union douanière d’Afrique australe (SACU, qui comprend, outre la Namibie, l’Afrique du Sud, le Botswana, le Lesotho et l’Eswatini – ex Swaziland). « La reprise pourrait rester faible si la croissance des économies des partenaires commerciaux, notamment l’Afrique du Sud et l’Angola, reste lente », résume la Banque africaine de développement (BAD) dans un récent rapport.
Toutefois, la Banque centrale namibienne reste optimiste et elle a annoncé que l’économie devrait renouer avec la croissance à partir de 2020. La demande globale devrait en effet se redresser avec de nouveaux projets d’infrastructures, une nouvelle mine d’uranium et l’accélération des réformes qui amélioreront le climat des affaires. En 2019, le pays n’occupe que la 107e place (sur 190 pays) du classement Doing Business.
Cependant, un dérapage budgétaire à l’approche des élections présidentielles de novembre n’est pas à exclure… 

 

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