Performance

Maurice/Afrique

Nikesh Patel : « Maurice et le Rwanda en recherche de vraies synergies »

1 juin 2019 | PAR Jean-Michel Durand | N°340
Nikesh Patel est confiant que des synergies entre Maurice et le Rwanda peuvent se créer dans le tourisme haut de gamme. Photo : Davidsen Arnachellum
Le pays des mille collines suscite du côté de la petite île de l’océan Indien à la fois crainte et admiration. Nikesh Patel, un fin connaisseur de ce pays de la région des Grands lacs, dresse un panorama des pistes de coopération et d'opportunité d'affaires entre les deux États.

L’Éco austral : Si le Rwanda a misé sur le secteur tertiaire, il veut aussi développer son pôle industriel. Quels domaines vous semblent prometteurs ? 
Nikesh Patel
: Kigali souhaite effectivement développer son industrie pour diversifier son économie. Pour cela, il veut ajouter de la valeur ajoutée à ses exportations et substituer des importations par des productions locales lorsque cela est économiquement réalisable. Pour faciliter l’industrialisation, des zones économiques spéciales ont été créées et d’autres sont attendues. Très prometteuses, elles ont déjà séduit beaucoup d’industriels. Pour répondre directement à votre question, les secteurs porteurs sont l’agroalimentaire, le textile, l’industrie légère et l’électronique.

Kigali vise le tourisme MICE (réunions, incentives, conférences, expositions). Maurice a une véritable expérience dans le tourisme haut de gamme. Peut-on trouver des synergies entre les deux États ? 
Le Rwanda utilise son statut de hub central, ses compagnies aériennes en expansion rapide et sa sécurité pour devenir un acteur important du tourisme d’affaires. De nombreuses activités MICE ont déjà eu lieu (Kigali a accueilli, en 2016, le 27e Sommet de l’Union africaine - NDLR) ou sont actuellement organisées, avec également de nouvelles attractions touristiques : observation des gorilles des brumes et d’oiseaux, safari et découverte de la forêt tropicale. Quelques hôtels de haut standing ont vu le jour à Kigali et en province. Je suis sûr que des synergies entre Maurice et le Rwanda pourraient se créer dans le tourisme haut de gamme, mais elles n’ont pas encore été explorées. Les opportunités immédiates se trouvent dans la formation et la gestion dans l’hôtellerie (Renaud Azéma, ancien nominé du Tecoma Award et master franchise de Vatel pour l’Afrique de l’Est et australe anglophone, a accueilli, début 2018, ses premiers étudiants à Vatel Rwanda - NDLR).

La baisse de l’aide étrangère influence-t-elle la politique fiscale ? Comment le secteur financier mauricien soutient-il le Rwanda ? 
Quelques sociétés mauriciennes comme les assureurs Swan et Mauritius Union Assurance (MUA) sont présents. La première a une participation dans une société d’assurance bancaire tandis que MUA possède une filiale à participation majoritaire au Rwanda. Quant aux banques MCB et SBM, elles ont une activité indirecte dans le pays. Quelques sociétés de TIC sont aussi présentes. Toutefois, au moment où Kigali structure son statut de centre financier, je m’attends à des collaborations plus approfondies en suivant le modèle hub and spoke (ou « en étoile » : les compagnies concentrent puis envoient en étoile et par vagues leurs services et produits - NDLR). Des sociétés de gestion, de comptabilité et d’audit peuvent également s’installer au Rwanda pour soutenir et attirer des investissements directs étrangers. Elles profiteraient d’un environnement véritablement business friendly (le Rwanda est classé deuxième en Afrique dans Doing Business 2019 de la Banque mondiale derrière… Maurice).

De l’Ouganda au Rwanda
Né en Ouganda en 1965, ce Gujarati a été expulsé, avec sa famille, par Amin Dada. Réfugié en Grande-Bretagne, il y effectuera des études en géochimie. Embauché par le géant américain des télécommunications, Motorola, il passera une grande partie de sa carrière en Afrique. Ce multi-entrepreneur est marié à une Mauricienne et père de deux enfants.
Réagissez à cet article en postant un commentaire

 

Maurice/Afrique

Nikesh Patel : « Maurice et le Rwanda en recherche de vraies synergies »

L’Éco austral : Si le Rwanda a misé sur le secteur tertiaire, il veut aussi développer son pôle industriel. Quels domaines vous semblent prometteurs ?  Nikesh Patel : Kigali souhaite effectivement développer son industrie pour diversifier son économie. Pour cela, il veut ajouter de la valeur ajoutée à ses exportations et substituer des importations par des productions locales lorsque ce...