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Nos hypothétiques archipels ont pris du plomb dans l’aile

C’est bien connu, le poisson pourrit par la tête ! Et la tête donne le mauvais exemple ! Quand au sommet d’un État (en l’occurrence la France), on gère une crise dans l’incohérence la plus totale, ou peut-être avec l’idée de bâillonner la vox populi à la veille d’une élection présidentielle, en instaurant un passe vaccinal au moment où de nombreux pays abandonnent le passe sanitaire, il n’est pas étonnant que les représentants de cet État fassent de même partout sur le territoire. Et donc à La Réunion, où personne n’a l’idée de les renvoyer à Paris avec du goudron et des plumes. Ainsi, la Préfecture de La Réunion a publié le 7 février un communiqué annonçant le maintien de nombreuses restrictions à la vie sociale et économique, en particulier le couvre-feu de 21 heures à 5 heures et les interdictions de séjour à Maurice et en Afrique du Sud (sauf pour « motif impérieux »). Et cela alors que ces pays sont devenus des « destinations orange », c’est-à-dire des pays dans lesquels on observe une « circulation active du virus dans des proportions maîtrisées, sans diffusion de variants préoccupants ».

Le variant Omicron circule quand même !

Ces mesures se justifieraient par des « tensions hospitalières » à La Réunion, mais on a du mal à les comprendre alors que les interdictions de séjour des personnes, pourtant vaccinées et testées négatives à la covid-19, rappelons-le, ne concernent pas l’Hexagone, Mayotte, les Seychelles et autres destinations. On peut donc se rendre de La Réunion à Paris sans avoir besoin de motif impérieux, et dans beaucoup d’autres pays à partir de Paris, y compris à Maurice. En clair, si voulez vous rendre à Maurice sans motif impérieux, passez par Paris !
Comme il fallait s’y attendre, les restrictions de voyages, en cours depuis le 4 décembre, n’ont nullement empêché la circulation du variant Omicron, et leur sélectivité frise le ridicule. À notre connaissance, le nombre de voyageurs testés positifs à leur retour de Maurice (avant les restrictions) se révélait infime. Il faut dire que les hôtels mauriciens ont appliqué de sérieuses mesures sanitaires.

Ne nous appelez plus « îles-soeurs » !

Les restrictions ne pénalisent pas seulement le secteur touristique mauricien, mais tous les professionnels du voyage à La Réunion alors que des vacances scolaires sont prévues du 12 au 28 mars. Et ne parlons pas des restaurateurs qui font encore une fois les frais du couvre-feu ! Il faudrait aussi évoquer les dirigeants d’entreprises actives à l’export et les étudiants qui ont cru à la coopération régionale. Une coopération régionale dont peu de monde semble se préoccuper. 
La covid-19 a fait monter la température du nombrilisme insulaire ! Nos hypothétiques archipels ont pris du plomb dans l’aile ! Et arrêtons de parler d’îles-soeurs ! L’archipel des Mascareignes existe bel et bien, géographiquement parlant, mais pas forcément dans les cerveaux. Qui s’en soucie ? Avez-vous vu monter au créneau les principales organisations patronales de La Réunion ? Si elles l’ont fait, c’était en catimini et dans le respect du consensus mou. Apparemment, seule l’Association des indépendants du tourisme et des loisirs a réagi dans un courrier adressé au préfet de La Réunion, mais sans succès. 

Maurice en léthargie avancée

Ce n’est pas mieux à l’île Maurice qui, en tant qu’État souverain, peut intervenir directement auprès de Paris. Ce qui a été fait, avec le soutien de l’ambassadrice de France, lorsque la destination a été désignée comme « rouge écarlate ». Mais aujourd’hui, on a l’impression d’une profonde léthargie. On n’entend guère la voix de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (Ahrim). Et pourtant, les arguments ne manquent pas. Comme cet appel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en faveur de la levée ou de l’assouplissement des restrictions sur les voyages. Un appel relayé par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), autre organisation de l’ONU. L’OMS et l’OMT soulignent que les restrictions sur les voyages n’empêchent pas la propagation internationale. « Pour enrayer la propagation de nouveaux variants du virus, les restrictions générales sur les voyages sont tout simplement contre-productives. En réalité, en bloquant le nerf vital du tourisme, ces restrictions font plus de mal que de bien, surtout dans les destinations qui dépendent du tourisme international comme moteur de l’emploi, du bien-être économique et d’un changement durable », a déclaré le secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili. Mais difficile de l’écouter quand les archipels construisent des murs pour mieux séparer leurs îles.