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Océan Indien

Olivier Laouchez surfe sur les cultures urbaines

Le fondateur et dirigeant de Trace est français, plus précisément martiniquais, et il vit depuis cinq ans à Johannesburg pour être plus près des marchés africains qui représentent 45% du chiffre d’affaires de son groupe de médias.

« Nous voulons créer une chaîne de télévision de l’océan Indien pour montrer au reste du monde toute la richesse de cette région. Ce sera une véritable plateforme de promotion des artistes… » Depuis son bureau de Johannesburg Olivier Laouchez garde un œil sur nos îles qui, en matière musicale,ont atteint un bon niveau de maturité. Il dispose déjà d’une représentante basée à La Réunion en la personne de Myrella Cadet qui est salariée à temps plein. Cette dernière a développé des partenariats locaux qui ont permis de tourner des films à La Réunion ou encore de lancer « Trace ta boîte » à Mayotte avec CRéA PéPITE, une société mahoraise de conseil et de formation. Un partenariat à La Réunion (sur la base d’une licence de marque) a permis aussi de lancer la radio en septembre 2016. 

TRACE MOBILE BIENTÔT À LA RÉUNION

Le groupe connu pour ses chaînes de télé musicales, notamment Trace Urban, Trace Tropical et Trace Africa, fait dans le multimédia. La radio, mais aussi le digital avec Trace Mobile qui a franchi la barre du million d’abonnés en Afrique du Sud et qu’Olivier Laouchez veut lancer à La Réunion. « Pour cela, nous sommes en discussion avec les opérateurs de téléphonie mobile. » Et pour être complet, Trace veut relancer son magazine papier qui était d’ailleurs à l’origine de la marque mais ne paraît plus qu’épisodiquement en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. « Je crois que le papier a encore de l’avenir même auprès des jeunes, à condition de publier un magazine « collector », imprimé sur du beau papier et qu’on garde. Nous réfléchissons à sa périodicité et je sais que le modèle économique de la presse papier n’est pas facile, mais il existe une bonne complémentarité avec les autres médias. » Serge Laouchez est pour sa part un modèle de « success story » même s’il n’a jamais été actionnaire majoritaire du groupe qu’il a créé en rachetant en 2003 le magazine papier Trace qui était alors bimestriel. Dans la foulée, le rachat de MCM Africa, la chaîne de télé de Lagardère, est déterminant. Le coup de pouce financier est donné par Goldman Sachs. « Lors d’un dîner, j’ai rencontré le patron de l’un de leurs fonds d’investissement et cela m’a permis de racheter Trace. » Martiniquais, mais né en France en 1965 parce que ses parents y poursuivaient leurs études, Serge Laouchez a su surfer habilement sur ces cultures urbaines qui n’ont plus de frontières. Lorsqu’il a racheté Trace, il baignait déjà dans le hip-hop et occupait un poste de direction à Secteur Ä, issu d’un collectif d’artistes parmi les plus connus et qui était le label de référence en France. Ses télés sont présentes aujourd’hui dans quelque 160 pays, mais l’Afrique représente un prometteur relais de croissance et deux nouvelles chaînes Trace Mziki et Trace Naija – sont dédiées à ce continent. À tel point que l’Afrique représente désormais 45% du chiffre d’affaires du groupe même si, avec la dépréciation de certaines monnaies, ce n’est pas évident.

UN ÉNORME POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT

Pour se rapprocher de ses marchés africains, le dirigeant de Trace s’est installé à Johannesburg avec son épouse et ses trois enfants même si le siège du groupe se situe toujours en France, à Clichy. Un groupe qu’il vient de structurer à travers quatre grands « clusters » géographiques : France-Caraïbe-Océan Indien (chapeauté par Paris), Afrique de l’ouest et centrale (basé à Abidjan en Côte d’Ivoire), Afrique australe et de l’Est (dirigé depuis Johannesburg) et Londres. Pour l’Afrique, Olivier Laouchez ne manque pas d’ambition et il met en place le premier studio des cultures noires et urbaines. En juillet 2014, le groupe suédois MTG (Modern Times Group), leader mondial des jeux électroniques et affichant à l’époque 1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaires, a racheté les actions détenues par plusieurs fonds d’investissement. Le Suédois détient aujourd’hui 75% du capital, le reste étant entre les mains de la direction de Trace dont quelque 20% à Olivier Laouchez. Lors de ce rachat, le quotidien « Les Echos » avait parlé d’une valorisation du groupe à 40 millions d’euros. Ce qui était nettement supérieur à son chiffres d’affaires qui se situait à 21,5 millions d’euros au moment du rachat pour un résultat net de 703 000 euros. Des chiffres que ne confirme pas Olivier Laouchez mais qui indiquent un fort potentiel de développement.