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Madagascar

Patrick Labouesse a de l’énergie à revendre

À 65 ans, le fondateur de la société Labomeca continue son combat pour porter haut la fabrication locale de groupes électrogènes. Il oriente aujourd’hui son activité vers l’export.

Avec 45 ans d’expérience, Patrick Labouesse a toujours vécu de la mécanique. Il est né dedans car son père avait une entreprise dans le domaine en région parisienne. Et bien qu’il ait voulu faire médecine, il a suivi les traces paternelles et celles de son frère ainé afin d’assurer la succession du patrimoine. Il n’a cependant pas repris l’affaire familiale mais a travaillé pour Floquet Monopole, un fabricant français de chemises, soupapes et segments pour moteur, avant de partir pour l’étranger. Il a travaillé notamment pendant une dizaine d’années pour EMBL, à Heidelberg, en Allemagne. En assurant la partie mécanique de ce laboratoire de biologie moléculaire, il a acquis des connaissances et du savoir-faire. C’est en voulant partager ces acquis, et en tenant compte du potentiel du pays en matière d’usinage, qu’il a décidé de s’installer à Madagascar en 1999. Il a démarré seul ses activités avant de vendre ses machines à la société Sitram et d’y travailler en tant que directeur technique pendant un an. En 2002, il se lance dans une folle aventure en créant à Tananarive UMS Labomeca, la première entreprise industrielle locale spécialisée dans la fabrication de groupes électrogènes aux normes européennes. 

DE LA RÉNOVATION À LA FABRICATION

En créant son entreprise, Patrick Labouesse ouvre un atelier de tournage, de fraisage et de rectification. Il recrute et forme une quarantaine de personnes dont certaines sont des ingénieurs mécaniciens ou électro-techniciens. Les activités ont démarré avec la revente de groupes réformés d’EDF que la société avait remis à neuf. Le marché se révélait étroit mais porteur car les groupes étaient vendus à des prix abordables. En parallèle, l’entreprise assurait la rénovation des centrales hydrauliques de la Jirama en récupérant les contrats de sous-traitance à Alstom et Vatec. Après l’arrêt des activités de rénovation, suite à la crise de 2009, le fondateur de Labomeca s’est tourné vers la fabrication de groupes électrogènes. Pour lancer la production, il effectue deux voyages en Italie pour signer des contrats de fourniture de moteurs et alternateurs avec Iveco et Lombardini. La société sort alors des produits de pointe manufacturés localement et aux normes européennes. Patrick Labouesse avoue cependant avoir des problèmes à commercialiser ses produits. En effet, si la qualité est à la hauteur, les prix se situent au niveau de ceux de ses concurrents directs qui sont de grands fabricants de renom. « Cela ne provoque pas la décision des consommateurs car ils préfèrent les grandes marques. » Actuellement, il opte pour une nouvelle stratégie avec un produit ayant un meilleur rapport qualité/prix. Il a lancé une nouvelle gamme de groupes dont les moteurs sont asiatiques mais tous les accessoires européens.

UN RELAIS DE CROISSANCE À L’INTERNATIONAL

La création de Labomeca représente un défi de taille car il s’avère extrêmement compliqué de faire tourner une entreprise de maintenance industrielle à Madagascar. « Le système ne fonctionne pas comme en Europe où les grands donneurs d’ordre ont fermé leurs ateliers de maintenance et sous-traitent. Ici, c’est l’inverse et ils ne viennent chez nous que pour des cas vraiment exceptionnels. » Si les délestages sur le réseau électrique ont stimulé un peu son activité, l’entreprise ne tourne qu’à 70% de ses capacités. Le fondateur de Labomeca a donc décidé de se tourner vers l’exportation. Il compte participer à certains salons régionaux afin de promouvoir l’image de marque et la main d’œuvre de qualité du pays. À terme, il veut trouver des distributeurs pour représenter ses produits. Si Patrick Labrouesse se considère dans la dernière ligne droite de sa vie, il a toujours de l’énergie à revendre.