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Afrique

Plongée dans les arcanes de la FrançAfrique

Le dernier ouvrage de Pierre Péan, « Nouvelles affaires africaines », qui reprend le titre du livre polémique qu'il avait publié en 1983 sur le pouvoir de la Françafrique (mot désignant l'action néocoloniale de la France) au Gabon, s'attaque cette fois à une rumeur qui bruisse depuis des années, tant dans les maquis (lieux de restauration très populaires en Afrique de l'Ouest et centrale) que dans les hautes sphères de cet État d'Afrique centrale, sur l'origine du successeur d’Omar Bongo Ondimba. Ce brûlot, qui a provoqué un véritable séisme à Libreville, avance, en effet, que l'actuel président de la République gabonaise n'est pas… le fils d'Omar ! L'auteur s'appuie sur des confidences des caciques du régime et sur un livre de souvenirs de l'ex-ambassadeur de France au Gabon… et ancien agent des réseaux Foccart, Maurice Delauney. Selon Pierre Péan, Ali Bongo Ondimba serait un orphelin biafrais, sauvé de la guerre civile qui a déchiré le Nigéria entre 1967 et 1968. L'enfant aurait été adopté par un certain Albert-Bernard Bongo, qui deviendra plus tard Omar Bongo. Plus grave, l’auteur accuse notamment l'actuel chef de l'État gabonais d'avoir falsifié ses diplômes et surtout son acte de naissance. Selon ce document, il serait inscrit qu'Ali Bongo Ondimba est né en 1959 à Brazzaville (à l'époque de l'Afrique équatoriale française). Or, le jour de sa naissance, l'enfant ne pouvait pas s'appeler Ali Bongo Ondimba, puisque cet enfant se prénommait Alain jusqu'à sa conversion à l'Islam en 1973 et que son père n'a ajouté Ondimba derrière son patronyme Bongo qu'en 2004. Cette affaire ubuesque prend une tournure politique car, selon la constitution du Gabon, si cette information se confirme, Ali Bongo devrait être déchu de son poste de président de la République, parce que né non gabonais.
Oscillant entre un SAS de Gérard de Villiers et un mauvais vaudeville, « Nouvelles affaires africaines » nous (re)plonge non seulement dans les arcanes sinueuses du pouvoir de ce petit émirat africain, mais également dans l'histoire des relations internationales de ces trente dernières années, en particulier des relations incestueuses entre la France et l'Afrique dans le contexte de la Guerre froide. 

« Nouvelles affaires africaines », par Pierre Péan – Fayard (octobre 2014) – 260 pages, 18 euros.