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Océan Indien

Pour Top Resa, le marché réunionnais reprend des couleurs

L’activité touristique, à La Réunion, a renoué avec la croissance en 2015 et développe de nouveaux marchés en Europe et dans le grand océan Indien.



La délégation de La Réunion au Salon international du tourisme de Paris, Top Resa, du 29 septembre au 2 octobre, compte cette année 90 professionnels de l’île. « C’est beaucoup plus que les années précédentes », commente Patrick Serveaux, président de l’IRT (Ile de La Réunion tourisme), l’organisme qui assure la promotion de la destination. Celui-ci a prévu un stand de 252 mètres carrés pour cet incontournable rendez-vous avec les opérateurs internationaux du voyage. À l’image de son volcan, en forte reprise d’activité, La Réunion monte en puissance et surfe sur une heureuse progression de la fréquentation touristique en 2015. « Le deuxième trimestre affiche 12% de progression en fréquentation hôtelière, se réjouit Patrick Serveaux, et le taux d’occupation atteint 60%, en hausse de trois points en comparaison du deuxième trimestre 2014. L’an passé affichait un recul du nombre de touristes, mais nous avons stoppé cette chute, en cours d’année, par des actions sur des marchés autres que la Métropole, comme l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine. » 
Dépendant à près de 80% du marché français, dont la conjoncture économique a réduit les dépenses touristiques, le tourisme réunionnais a pu bénéficier en 2014 d’une hausse de 49% des visiteurs européens non français. La première clientèle étrangère est issue d’Allemagne qui franchit pour la première fois le seuil de 10 000 touristes, suivie de la Suisse et de la Belgique. 

De gauche à droite : Michel et Nanou Jam, propriétaires du Palm Hôtel & Spa, et son directeur Patrice Peta. – Philippe Stéphant

L’ÉCOLABEL EUROPÉEN POUR HÔTELS & CO

Le Palm Hôtel et Spa, cinq étoiles ouvert dans le sud en 2007 et l’Iloha Seaview Hôtel, quatre étoiles situé à Saint-Leu, dans l’ouest de l’île, sont les premiers hôtels de l’océan Indien et des départements d’Outre-mer (DOM) à obtenir l’Ecolabel européen pour les services d’hébergement touristique. L’organisme français indépendant Afnor Certification a accompagné, en 2015, ces deux établissements du groupe réunionnais Hôtels & Co dans cet engagement de qualité en faveur du développement durable. « Nous avons fait le choix de cette certification car c’est la plus exigeante du marché européen et le seul label officiel dans l’ensemble de l’Union européenne », explique Patrice Peta, directeur du Palm Hôtel et Spa. 

UNE ÉCLIPSE SOLAIRE ANNULAIRE EN 2016

Ces visiteurs sont friands de tourisme vert et l’île intense, comme elle aime à se nommer, célèbre le cinquième anniversaire de son classement par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’Humanité. « C’est l’un des points forts de nos animations à Top Resa où le président du Parc national de La Réunion, Daniel Gonthier, sera présent avec le président de la Région Réunion, Didier Robert, pour une journée spéciale Unesco, le 29 septembre », annonce Patrick Serveaux. Une conférence de presse présentera une déclaration commune des îles de l’océan Indien sur le changement climatique. Ce sont les Îles Vanille qui animent, aux côtés de La Réunion, l’espace réservé à l’océan Indien. Par ailleurs, l’IRT mettra en avant un événement naturel exceptionnel qui se produira, avec certitude, le 1er septembre 2016. « Une éclipse solaire annulaire qui ne sera visible que de notre partie du globe, confirme Patrick Serveaux. Le président de l’Association astronomique de La Réunion, Michel Vignand, présentera l’événement lors d’un atelier-conférence le 1er octobre. » L’observation des cétacés et les éruptions du Piton de la Fournaise, de mai, de juillet et d’août 2015, seront mises en avant par des moyens audiovisuels et des dossiers de presse. La destination Réunion bénéficie, actuellement, d’une visibilité accrue sur la scène internationale et, pour ce petit marché de 406 000 touristes (en 2014), la moindre audience supplémentaire auprès de grands pays émetteurs peut signifier d’importantes progressions. 


À Top Resa, le stand Île de La Réunion atteint 252 mètres carrés et s’articule atours du patrimoine naturel de la destination. – DR

UN RECUL DU TOURISME FRANÇAIS D’AGRÉMENT

Ayant vu disparaître 30% de sa capacité hôtelière en 2006 avec la crise du chikungunya, La Réunion se réjouit de voir apparaître aujourd’hui de nouveaux hôtels. « Pour que notre destination soit viable, nous devons retrouver un nombre significatif de chambres », affirme Patrick Serveaux. Le parc hôtelier disposait, en milieu d’année, de 2 700 chambres, dont la moitié appartient aux 14 hôtels de plus de 50 chambres. Sur 75 hôtels, 51 sont classés et 24 non classés, ces derniers représentent un tiers des établissements et un quart des chambres. Au deuxième trimestre 2015, 231 000 nuitées signifient une augmentation en volume de 25 000 nuitées par rapport à 2014. Cette progression est le fait de l’hôtellerie haut de gamme, mais aussi des établissements non classés. C’est donc le segment médian du marché qui souffre de désaffection et l’on peut rapprocher ce fait de l’affaiblissement de la clientèle d’agrément issue de Métropole, en recul de 10% en 2014 alors que la clientèle d’affaires progressait de 28%. 315 000 français ont visité La Réunion en 2014, la moitié pour un motif affinitaire, souvent familial, et 20% en voyage d’affaires. La meilleure santé économique de l’Allemagne peut expliquer que ses vacanciers continuent d’affluer à La Réunion. Tous voyageurs confondus, l’île est totalement plébiscitée en tant que destination idéale, à l’exception de l’aspect qualité/prix, tenant en grande partie au coût de l’aérien.


Ayant vu disparaître 30% de sa capacité hôtelière en 2006 avec la crise du chikungunya, La Réunion se réjouit de voir apparaître aujourd’hui de nouveaux hôtels. Ainsi, « Le Battant des Lames », hôtel spa trois étoiles de 60 chambres, ouvrira le 15 octobre sur le front de mer de Saint-Pierre. – DR

PROSPECTION EN CHINE

Six compagnies aériennes opèrent à La Réunion tandis que l’île Maurice accueille des transporteurs de plus de 15 nationalités qui desservent plus de 25 destinations étrangères. « Le vœu pieu que je formule, confie Patrick Serveaux, est que l’on puisse disposer de liaisons aériennes en variété et en nombre suffisants. Aujourd’hui, la clientèle allemande est en forte progression et je pense que, demain, nous devrons mettre à leur profit une liaison directe, avec des compagnies européennes. » L’IRT mène un gros travail de promotion en Allemagne, employant trois collaboratrices à Francfort, et une à Paris pour sa représentation en Belgique et au Luxembourg. Une directrice pour l’antenne de Paris est en cours de recrutement. La question de l’aérien se pose aussi à propos de la clientèle chinoise. « Je pense qu’aujourd’hui nous commençons à décoller sur la Chine, affirme Patrick Serveaux. Un prestataire fait le lien, dans l’Empire du Milieu, avec les professionnels et anime les réseaux sociaux chinois. Nous participons à des salons et nous organisons des workshops entre professionnels réunionnais et chinois. » La Réunion reçoit davantage de touristes chinois que d’Indiens, mais le vol d’Air Austral qui fait escale à Chennaï manque de capacité pour développer ce segment. Depuis la libéralisation de la délivrance de visas touristiques pour La Réunion, le 1er septembre 2014, 119 visiteurs chinois en ont bénéficié la même année et déjà plus de 800 de janvier à juillet 2015. La clientèle sud-africaine se développe aussi de manière substantielle. 

DE NOUVEAUX FILETS ANTI-REQUINS

La promotion d’un écotourisme réunionnais se précise avec pour toile de fond l’appartenance au Patrimoine mondial de l’Humanité. L’IRT encourage la création d’hébergements qui inciteront la clientèle à vivre une expérience éco-responsable. « Nous encourageons les projets qui sortent de la banalité et permettent de faire évoluer la vitrine de la destination car la clientèle cherche de plus en plus l’originalité du produit. » Un projet d’éco-lodge à proximité du volcan est un objectif confirmé, qui évolue en concertation entre la Région Réunion, le Département et l’État, mentionné par la charte du Parc national. Sur le front de la crise requins, la situation se détend également grâce à l’annonce de la mise en œuvre de nouveaux filets anti-requins qui seront opérationnels d’ici la fin octobre devant les plages des Roches Noires et de Boucan Canot. 

À La Réunion, près de 10% des entreprises ont une activité liée au tourisme. En 2013,  on en dénombrait 4 700 qui employaient 13 000 collaborateurs, soit 7% des emplois de l’île. Pour plus de la moitié dans l’hôtellerie et la restauration. Le tourisme local constituait toujours 50% des revenus du secteur et le tourisme extérieur générait 1,9% du PIB réunionnais, constituant la première ressource à l’export. Le chiffre d’affaires moyen, par chambre disponible en quatre étoiles, était de 131 euros en 2013, contre 101 euros en France, indique l’IEDOM (Institut d’émission d’Outre-mer). Mais la rentabilité d’exploitation est plus faible qu’en Métropole en raison des coûts de matières premières et de fonctionnement plus élevés.