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Réunion

RADIOSCOPIE DU MARCHÉ DU TRAVAIL : Deux sur cinq en recherche d’emploi

Il y a officiellement à La Réunion 255 000 salariés ayant un emploi et 168 680 demandeurs d’emploi de catégorie A, B ou C (sources Insee et Pôle Emploi). La calculette est formelle : cela fait deux travailleurs sur cinq qui recherchent un emploi.

Si l’on décortique un peu, sur les 255 000 salariés en activité, deux tiers sont dans le privé (170 000) et un tiers dans le public (85 000). Cette surreprésentation du secteur public s'explique par le fait que de nombreux contrats aidés sont comptabilisés dans le secteur public. Car le nombre de fonctionnaires d'État pour 1 000 habitants est identique à celui de l’Hexagone (étude conjointe Insee-Région-Nexa). Le vrai problème, que relève cette même étude, est que les salariés réunionnais sont en moyenne moins productifs que leurs homologues métropolitains (64 000 euros par an contre 72 000 euros), non pas à cause du manque de compétences, mais parce que les entreprises à forte valeur ajoutée sont rares à La Réunion. En clair, La Réunion n’a pas d'entreprise comme Airbus ! L'étude Insee-Région-Nexa souligne également que 255 000 salariés pour 850 000 habitants, cela fait seulement 30 %. La population réunionnaise est en effet très jeune et donc scolarisée (25 % de la population se trouve dans le 1er et 2e degrés). 
Selon l'enquête BMO (Besoins en main d’oeuvre des entreprises), Pôle Emploi a recensé en 2019 auprès des entreprises 31 700 projets de recrutement. Mais là aussi, il faut creuser un peu les chiffres : 45 % de ces projets relevaient du secteur public (essentiellement des contrats aidés) et seulement 55 % émanaient du secteur privé, plus précisément 17 600 recrutements, principalement dans les domaines du commerce (employé de libre-service, caissier), de la construction (maçon, ouvrier du BTP), de l’hôtellerie-restauration (serveur de café, employé de cuisine). « Les employeurs déclarent avoir du mal à recruter des plombiers, des coiffeurs, des agents de sécurité, des conducteurs d’engins du BTP, des serveurs de café et de restaurant, des électriciens, des assistantes maternelles, des encadrants animateurs sportifs, des éducateurs spécialisés et des cuisiniers. » C'est assez étonnant que les restaurants aient du mal à recruter des cuisiniers ou des serveurs et que les entreprises du BTP soient en manque d'électriciens et de plombiers, car ce sont des emplois qui demandent relativement peu de qualification. À se demander si le problème ne serait pas les conditions de travail et de rémunération ? Abordons le problème par l'autre bout, à savoir le chômage. Si l’on part du principe que plus on est formé, mieux on est armé contre le chômage, La Réunion dispose d’une grande marge de progression. Plus de 80 % des demandeurs d’emploi déclarent ne pas avoir suivi de formation au cours des douze derniers mois. Pourtant, ce ne sont pas les organismes de formation qui manquent : ils sont actuellement 779 selon le Cari-Oref (Centre animation ressources d'information sur la Formation/Observatoire régional emploi formation). 

L'Apec à La Réunion 

Patrick Caré, Bertrand Hébert et Philippe Loiseau, respectivement président, directeur général et responsable Outre-mer de l'Apec (Association pour l'emploi des cadres), sont venus ouvrir en novembre 2019 une antenne locale à La Réunion, où le recrutement des cadres est souvent un exercice difficile. Selon les derniers chiffres analysés par l'Apec, les prévisions de recrutement en 2019 étaient en hausse de 18 % par rapport à 2018. Une orientation portée en premier lieu par le secteur des services, nettement plus développé qu'en France métropolitaine. Il représente en effet près de 80 % des offres d'emploi publiées sur Apec.fr, loin devant le secteur du commerce qui représente 11 % des offres d'emploi cadre. Parmi les postes les plus recherchés, la fonction de gestion, finance, administration arrive en tête avec près de 30 % des offres d'emploi (contre 13 % en Métropole). Le commercial-marketing se place en deuxième position avec 22 % des offres. Cette vitalité de l'emploi cadre se traduit néanmoins par de fortes tensions. Soixanteet-un pourcent des projets de recrutements de cadres envisagés en 2019 étaient jugés difficiles par les entreprises (contre 56 % en Métropole), en particulier pour les postes de cadres commerciaux et de cadres administratifs et comptables.