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Responsabilité sociétale des entreprises : La RSE est morte ! Vive la RSE !

AfrAsia Bank a organisé, les 11 et 12 octobre, une conférence sur l’entreprise durable, en partenariat avec IBL Together et le bureau des Nations Unies pour Maurice et les Seychelles. De gauche à droite : Luvna Arnassalon-Seerungen, Head of Corporate Sustainability and CSR, Jean Luc Wilain, COO de Business Development d’IBL, Christine Umutoni, représentante des Nations Unies à Maurice et Sanjiv Bhasin, CEO d’AfrAsia Bank. DR
C’est dans un contexte particulier que s’est tenu, les 11 et 12 octobre, l’AfrAsia Bank Sustainability Summit car les autorités ont décidé d’étatiser encore davantage la Corporate Social Responsibility (responsabilité sociétale des entreprises). Mais cette décision pourrait être un mal pour un bien en permettant une vraie stratégie RSE.

C’est en 2009, que le ministre mauricien des Finances a décidé la création d’un programme CSR (Corporate Social Responsibility - Responsabilité sociétale des entreprises en français). Ce programme est financé par les entreprises mauriciennes qui doivent y contribuer à hauteur de 2 % de leurs bénéfices en soutenant des projets sociaux et environnementaux portés par des ONG et des associations. La décision s’inscrivait dans un contexte mondial où la question de la RSE devenait de plus en présente. « Des bailleurs de fonds comme l’AFD et Proparco conditionnent certains de leurs prêts à ces questions », assure David Roger, dirigeant-fondateur du cabinet BuyYourWay (présent à Paris, Dakar et Tananarive) qui était présent à L’AfrAsia Bank Sustainability Summit. Son entreprise co-organise depuis 2016, avec son confrère UR-CSR, le salon de la RSE et du développement durable à Madagascar. Et dans certains pays d’Afrique continentale, des groupes ont intégré la RSE comme outil stratégique. « Par-delà des actions louables, il s’agit aussi d’opérations de marketing et de promotion. Car elles font connaître nos services et notre action », assume Régis Segbenou, directeur de la fondation du groupe panafricain Nouvelle société interafricaine d’assurance (NSIA). Présent dans douze pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Nigéria et le Ghana, et en Afrique centrale, le groupe NSIA a enregistré un chiffre d’affaires de 221 milliards de franc CFA (337,4 millions d’euros) en 2015.

Bras de fer entre l’État et le secteur privé

À Maurice, les entreprises (en particulier les grosses) ont commencé à développer leurs propres programmes. Elles soutenaient les associations qu’elles avaient elles-mêmes choisies. Elles versaient au fisc (Mauritius Revenue Authority) toute somme du fonds CSR demeurée inutilisée. Mais cela a suscité des critiques sur la transparence de l’octroi de ces fonds. Aussi, dès 2016, l’État a durci les conditions du CSR en créant la National CSR Foundation qui devait percevoir et gérer 50 % des fonds CSR des entreprises, ainsi que toute contribution CSR non dépensée par celles-ci. Cette volonté de contrôle s’est renforcée avec la décision de ne plus laisser gérer que 25 % de leur contribution aux entreprises dès 2019. Une décision qui a suscité de multiples critiques. On a même parlé de Corporate Social Tax (CST), un impôt supplémentaire, bien loin d’un outil stratégique aux mains des entreprises… « Mais cette décision va obliger les entreprises mauriciennes à faire aussi bien, voire mieux, avec moins de fonds », glisse un acteur du secteur.

Vers l’émergence d’une vraie RSE ?

De fait, si l’on peut imaginer que cette décision ne va pas impacter les PME – même si elles constituent le cœur du tissu économique local, elles n’ont pas les moyens de structurer des opérations et elles se contentent souvent de verser un chèque au Fisc – pour les (grands) groupes, c’est : « On n’adhère pas mais on joue le jeu ». Ils vont devoir prendre du recul, structurer leur vision, mettre en place des plans d’action bien réels et savoir dialoguer avec les parties prenantes. « Les entreprises mauriciennes d’une certaine taille vont devoir passer de la philanthropie à la stratégie. Car la RSE devient un must-have. C’est même un incontournable pour être considéré comme une entreprise de dimension internationale », assure David Roger. C’est d’autant plus stratégique que les conglomérats mauriciens ont pour la plupart d’entre eux une vision transnationale. Mais l’un des freins à leur ambition est l’éternelle question des ressources humaines. Or, d’après une récente étude du cabinet Mazars auprès de collaborateurs de grandes entreprises basées en Afrique anglophone et francophone, 89 % de ces derniers sont plus incités à rejoindre une entreprise ouverte à l’innovation et à l’intrapreneuriat (qui permet aux salariés d’une entreprise de mener un projet innovant de bout en bout tout en gardant leur statut de salarié). Il s’agit donc de faire rimer action sociale avec business.

Suncare : l’organe de responsabilité sociétale de Sun Resorts 
Cette organisation à but non-lucratif a été lancée par le groupe hôtelier mauricien en 2016. Mais l’engagement sociétal de l’entreprise date de plus de quinze ans à travers de multiples initiatives environnementales et sociales. Aujourd’hui, les champs d’action de Suncare sont répartis en trois grands axes : les valeurs entrepreneuriales, la protection de l’environnement et la mise en valeur des communautés à proximité des établissements de Sun Resorts. 
Par exemple, le programme Adopt a tree a été lancé dans les hôtels Sugar Beach, La Pirogue et Long Beach. Il permet aux clients de ces établissements de parrainer la plantation d’arbres et plantes endémiques dans les jardins des hôtels, ou encore sur l’île aux Cerfs et l’îlot Mangénie qui sont sous la responsabilité de Sun Resorts. L’association a obtenu du gouvernement le classement de l’îlot Mangénie en réserve naturelle car il abrite une remarquable forêt de mangroves. L’objectif ultime du projet est de rendre à ce magnifique îlot son aspect originel, notamment en éliminant les plantes envahissantes, en luttant contre l’érosion et en y plantant des espèces endémiques parrainées par les clients des hôtels, souvent des repeaters qui peuvent ainsi suivre l’évolution de l’îlot. L’autre action notable porte sur le bien-être des enfants qui représentent le futur de la nation mauricienne. Baptisé Chidren at Heart, l’objectif de ce programme est d’offrir aux adultes de demain les outils nécessaires pour qu’ils puissent vivre une vie meilleure, tout en leur léguant un environnement sain et équilibré. Ainsi, chaque hôtel du groupe parraine une école primaire située à proximité. La plupart des enfants qui fréquentent ces écoles proviennent de familles défavorisées ou dans le besoin. Des activités y sont régulièrement organisées : journées festives, distributions de cadeaux, événements de sensibilisation à l’environnement (plantation d’arbres, sauvegarde des coraux, etc.).
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