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Madagascar

Selon la Banque mondiale : Léger tassement de la croissance en 2019

Censée être boostée par la stabilité politique, la croissance économique a subi une légère baisse due à deux principaux facteurs. Elle devrait retrouver son rythme de croisière en 2020, estime la Banque mondiale.

« L’aboutissement des élections présidentielles en janvier 2019 offre à Madagascar une occasion de briser le cycle d’instabilité politique qui a interrompu son processus de développement par le passé et d’accélérer sa revitalisation économique et sociale », se réjouissait à l'époque Marie-Chantal Uwanyiligira, Country Manager de la Banque mondiale pour la Grande Île. Pourtant, si l’on se réfère à sa dernière note de conjoncture économique sortie au dernier trimestre 2019, l’institution de Bretton Woods anticipait un « léger tassement » de la croissance à 4,7 %, alors qu’elle était dans une phase de relance depuis 2014, avec un rythme soutenu dépassant le cap des 5 %.
Les principales raisons avancées à l’origine de ce ralentissement sont l’affaiblissement de la demande extérieure ainsi qu’un faible rythme d’exécution des dépenses publiques. La mise en place de la nouvelle administration et la révision du Budget 2019 ont en effet ralenti l’exécution budgétaire à moins de 40 %.
Les recettes d’exportation et l’activité industrielle ont également souffert d’un essoufflement important des principaux marchés à l’export, note l’institution. Et cela a coïncidé avec l’exacerbation des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, qui absorbent à eux deux 25 % des exportations malgaches. Cette situation a entraîné une baisse de la demande et des prix des principaux produits d’exportation, et s’est combinée début 2019 à un recul des commandes industrielles. Après un début d’année marqué par une « position attentiste » du secteur privé, la confiance des entreprises s’est redressées aux deuxième et troisième trimestres. 

Maîtrise de l'inflation

La contribution des exportations nettes à la croissance est en revanche devenue négative sous l’effet de la détérioration de l’environnement économique international. Les exportations des principales cultures de rente et des produits de la pêche comme la vanille, le clou de girofle et les crevettes ont connu un ralen-tissement au cours du premier semestre. Les importations de biens intermédiaires sont cependant restées conséquentes, de même que les importations de carburants pour la production d’électricité et le transport. Pour l’ensemble de l’année, le solde du compte courant est passé, selon les estimations, d’un excédent de 0,8 % du PIB en 2018 à un déficit de 0,8 % du PIB en 2019.
Outre l’impulsion donnée par le secteur tertiaire, le léger fléchissement de la croissance a aussi été contrebalancé par la maîtrise de l’inflation. La tendance à la baisse constatée en 2018 s’est poursuivie jusqu’au troisième trimestre malgré les ajustements à la hausse des prix de certains produits de base tels que les huiles alimentaires. L’augmentation du prix du riz a, par exemple, continué de ralentir en 2019 grâce à une production intérieure soutenue et à des conditions météorologiques favorables. 
La révision à la baisse des prix à la pompe des carburants, négociée par le gouvernement en juin, et la baisse des cours internationaux du pétrole plus tôt dans l’année ont, de même, entraîné une décélération de l’inflation des prix de l’énergie. La situation financière de la société nationale d’eau et d’électricité (Jirama) est toutefois restée précaire car les pertes d’exploitation et les arriérés envers les fournisseurs ont augmenté. Dans l’ensemble, l’inflation a été ralentie à 6,3 %.
Malgré ce bilan très mitigé, la Banque mondiale se veut optimiste quant au regain de la croissance en 2020 avec une prévision de 5,4 %. Des plans d’investissement public ambitieux soutiennent les perspectives à court terme et une accélération des réformes pourrait générer une croissance supérieure aux prévisions.