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Réunion

Tatiana Hossein, designer industriel : « Il faut de nouvelles méthodologies de travail »

Opérant en « freelance », elle explique l’importance de son métier dans une démarche d’innovation qui passe par une meilleure compréhension du consommateur. Mais pour innover, une entreprise doit aussi remettre en cause son mode de fonctionnement.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier de designer industriel ?
Le design, au même titre que le marketing ou la recherche & développement, est une fonction de l’entreprise qui contribue à l’enrichissement d’une offre en réponse (ou par anticipation) aux besoins et attentes des consommateurs, des usagers et des citoyens. Il a pour conséquence de générer un impact positif sur quatre leviers des organisations qui sont l’offre, la marque, la relation client et les processus. Mon métier consiste à accompagner les entreprises dans leur démarche d’innovation. Ainsi, j’imagine de nouveaux concepts allant de l’analyse sociale, culturelle, économique, environnementale, technologique et industrielle jusqu’à la réalisation et la production des objets ou des services. Le design est basé sur la compréhension du comportement de l’usager. C’est seulement par le contact, l’observation et l’empathie avec les utilisateurs finaux que nous pouvons concevoir des réponses adaptés à leur environnement tout en apportant une identité formelle et esthétique au projet final afin de distinguer l’entreprise de la concurrence.

Vous avez quitté le groupe Airbus pour vous installer à votre propre compte à La Réunion. Qu’est-ce qui explique cette prise de risque et ce choix de La Réunion ?
Travailler pour un groupe industriel a été une expérience très riche et formatrice sur différents aspects. Néanmoins, j’ai toujours eu le désir de m’installer à mon propre compte. Étant originaire de la Réunion, je suis venue en mai 2015 afin d’identifier si mes compétences pouvaient y être accueillies. Aujourd’hui, je suis revenue vivre dans l’île car je suis pleinement convaincue de l’intérêt que peut offrir le design aux entreprises réunionnaises. Il est vrai que ce métier est méconnu sur l’île, mais j’y vois plus une opportunité qu’une prise de risque. J’ai pu identifier que les entreprises locales se trouvent soit dans la création de nouveaux produits technologiques, soit dans l’attente d’une nouvelle stratégie afin d’intégrer de nouveaux marchés. 

Comment voyez-vous l’industrie réunionnaise et comment peut-elle gérer le défi de l’innovation pour mieux couvrir le marché local et s’exporter ?
L’industrie Réunionnaise est restée sur un mode de fonctionnement qui ne correspond plus à l’économie actuelle. Afin de mieux gérer le défi de l’innovation, il est nécessaire de mettre en place de nouvelles méthodologies de travail et d’y intégrer une nouvelle forme de stratégie d’innovation. Or, ce processus est long et nécessite à la fois une prise de risque et une remise en question du mode de fonctionnement existant. En revanche, lorsque les entreprises prennent ces risques, les impacts positifs sont nombreux : satisfaction des clients, hausse de la notoriété, satisfaction du personnel, croissance de la marge et du chiffre d’affaires, augmentation de nouveaux clients aussi bien sur le marché local qu’à l’export, augmentation du nombre de nouvelles innovations et diminution du temps de mise sur le marché d’un produit ou d’un service…